Mais cette différence serait que d’ordre quantitative plutôt que qualitative.
Avec près de 99% de gènes en communs, l’homme et la chimpanzé diffèrent cependant beaucoup en ce qui concerne leur morphologie, leur comportement et bien entendu leurs capacités intellectuelles. Une équipe de recherche internationale a mis en évidence, en comparant les profils d’expression génétique entre primates et humains dans différents organes, que les différences résidaient essentiellement dans la qualité d’expression des gènes, plus particulièrement dans le cerveau où les chercheurs se sont aperçus que les variations évolutives s’étaient précipitées.
Les auteurs ont comparé le transcriptome (la machinerie de synthèse d’ARNm) dans les leucocytes du sang, dans le foie et dans le cerveau, entre des primates (chimpanzés, orangs-outangs, macaques) et des humains, par la technique des puces à ADN, ainsi que la synthèse protéique grâce à des gels d’électrophorèse bidimensionnels.
Le cerveau humain a montré une expression plus importante d’ARNm comparé au cerveau du chimpanzé (le primate le plus proche de l’homme sur le plan génétique), de même qu’un niveau d’expression protéique modifié principalement dans cet organe.
D’après les arbres évolutifs élaborés à partir des données recueillies (ARNm et protéines), les chercheurs ont estimé que dans le cerveau humain, les différences d’expression génétiques s’étaient déroulées au cours du temps, cinq fois plus rapidement que dans le cerveau des chimpanzés.
«Avec une compréhension des différences entre humains et chimpanzés, nous devrions être capables d’apprendre davantage sur les maladies génétiques humaines», a commenté Ajit Varki, professeur de médecine cellulaire et moléculaire à la faculté de médecine de San Diego (Californie, EU).
Le chercheur pense effectivement que les susceptibilités différentes aux maladies comme l’Alzheimer, le sida (un chimpanzé ne fait jamais un sida bien qu’étant infectable par le VIH) ou le paludisme, entre hommes et primates, résident dans les différences d’expression géniques observées dans cette étude.
Source : Science 12 avril 2002;296:340-3