« Le péage du 3e pont est ridicule » a affirmé le leader du PPA-CI au cours de sa rencontre avec les jeunes. Jean Bonin qui ne partage pas cette sortie, recadre sèchement le mari de Nady Bamba.
Lors de sa rencontre du samedi dernier avec les jeune de son parti, Laurent Gbagbo a fait une curieuse déclaration selon laquelle le péage sur le troisième pont, le pont HKb serait ridicule.
L’un des travailleurs sur le projet, le non moins célèbre Jean Bonin, soutient bien le contaire. « J’ai travaillé, pour le compte du Gouvernement ivoirien, de 1996 à 1999, sur la conception de ce projet pour lequel j’ai rédigé la convention de concession, le cahier des charges et nombre de documents financiers et fiscaux. Je me sens donc, avec tous ceux qui y ont œuvré, particulièrement indexé par les affirmations populistes de l’ex Chef d’Etat déchu. En faisant cette déclaration, Gbagbo Laurent qui, en réalité, n’a toujours pas digéré la perte brutale du pouvoir en 2011, croit, par de telles envolées lyriques, mettre à mal le président Ouattara à qui il ne rate aucune occasion de lancer des piques revanchardes, depuis son retour mouvementé au pays. Gbagbo n’ignore pas que ce pont fait partie des « 12 Travaux de l’Elephant d’Afrique » initié en 1996 par Henri Konan Bedié, son actuel allié de fait. Bédié qui vient ainsi de « prendre une balle perdue » serait-il donc ridicule d’avoir pensé à mettre à péage le pont éponyme !? L’adage enseigne que, par sagesse, « il faut remuer 7 fois la langue dans la bouche avant de parler ». Puis de continuer
« Ce projet dont la maîtrise d’œuvre a été assurée par le brillantissime Tidjane Thiam, alors DG du BNETD, sous la supervision du non moins excellent 1er ministre Kablan Duncan, a été cité par la banque mondiale, la Bad et les nombreuses institutions financières qui ont participé à son financement comme un modèle de réussite en Afrique. Ce pont à péage a été financé par des opérateurs privés nationaux et internationaux dont notamment le fonds de prévoyance sociale de l’armée de Côte d’Ivoire qui est dans le tour de table. Aujourd’hui, il permet à de nombreux compatriotes de travailler à son exploitation en tant que guichetiers, agents d’entretien, personnel administratif ou technique. De même, plusieurs PME – PMI ivoiriennes existent grâce aux contrats de sous-traitance qui les lient à la société d’exploitation du 3eme pont. C’est la mise à péage de cet ouvrage d’art qui permet à ces personnes physiques et morales d’en vivre de façon décente et, partant, ainsi de contribuer à la croissance économique du pays, mais également à favoriser la hausse croissante du niveau du PIB par habitant de la Côte d’Ivoire qui, Gbagbo le sait, est selon les chiffres de la Banque Mondiale, supérieur à celui du Nigeria, pourtant 1ere puissance économique d’afrique.
Pourquoi lui, n’a pas construit de pont sans péage
Gbagbo Laurent a exercé l’effectivité du pouvoir d’Etat, d’octobre 2000 à avril 2011, soit pendant plus de 10 ans. Pourquoi, alors qu’il a eu les moyens pour financer la campagne présidentielle de Chirac, payer la libération d’otages français, offert des champs pétroliers au géant Total, donné le terminal à conteneurs du port d’Abidjan à Bolloré au franc symbolique et renouvelé sans contrepartie financière le contrat de la CIE, n’a-t-il pas construit un pont gratuit entre Marcory et Cocody ?
La vérité, c’est que ce sont toutes ces « gratifications » faites aux personnalités et entreprises françaises qu’il a cadeauté pour espérer s’attirer leurs faveurs et s’éterniser au pouvoir qui est proprement ridicule.
À côté du 3eme pont, il y a les ponts Félix Houphouet-Boigny et Général De Gaule qui, eux, sont totalement gratuits. Nul n’est donc contraint de passer contre son gré sur ce pont dont les financements sont essentiellement privés et dont le péage n’est que la contrepartie d’un (bon et réel) service rendu.
Affirmer qu’instaurer un péage sur ce pont est ridicule, c’est faire injure au travail acharné de toutes ces personnes qui ont travaillé nuit et jour sur ce merveilleux projet qui a généré le 1er échangeur digne de ce nom de notre pays et qui donne fier allure à notre capital économique. Excusez du peu !
La solution des infrastructures à péage n’est pas propre à la Côte d’Ivoire. Depuis bien longtemps, quasiment tous les pays, de plus développés au moins développés, l’ont adopté afin permettre aux États concernés de se désengager des secteurs productifs, au profits des secteurs régaliens.
Non, M. Gbagbo, le péage sur le 3e pont n’est pas ridicule, tout comme les redevances et taxes aéroportuaires payées par les voyageurs au concessionnaire privé de l’aéroport FHB n’est pas ridicule. C’est le paiement de ces taxes qui incite le secteur privé à investir dans des domaines ou la raréfaction des sources de financement ne permet pas à nos gouvernements de doter notre pays des infrastructures dont il a cruellement besoin.
Il est bon et facile de critiquer lorsqu’on est opposant, pour autant, il faut savoir raison gardée car c’est au pied du mur qu’on voit le vrai maçon. Et de ce point de vue, il ne serait pas exagéré de proclamer que Gbagbo n’a pas été un bon ouvrier. C’est vraiment le moindre qu’on puisse dire, car les « grands diseurs sont rarement les grands faiseurs ».