Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel, sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République, a-t-on appris mardi auprès de la Présidence de la République
Une période de transition doit maintenant s’ouvrir. Elle devrait mener à des élections d’ici 45 jours. L’intérim doit normalement être assuré par le président du Conseil de la nation, la chambre haute du Parlement, Abdelkader Bensalah.
Cette annonce intervient après un communiqué de l’arée algérienne qui disait ne pas reconnaître celui de la présidence annonçant, la veille, la démission d’Abdelaziz Bouteflika avant le 28 avril. L’armée demandait, elle, l’application immédiate de l’article 102 de la Constitution sur la mise en place du processus d’empêchement du président.
Le communiqué du ministère de la Défense s’en prenait également violemment à certains individus qui veulent, selon lui, faire perdurer la crise. Il affirme que le rôle de l’armée est de protéger le peuple d’une poignée de personnes qui s’est accaparé les richesses du pays. Il fait là référence aux hommes d’affaires, dont certains sont sous le coup d’enquêtes préliminaires pour corruption depuis le début de la semaine. Il vise aussi Saïd Bouteflika, le frère du président algérien.
Dans le centre-ville, des coups de klaxon ont résonné presque immédiatement suite à l’annonce de cette démission. La rue la réclame depuis sa première manifestation le 22 février dernier. Aujourd’hui, elle dit vouloir plus avec le départ de l’ensemble du régime Bouteflika. Il aura fallu six semaines d’une contestation populaire inédite en Algérie et plusieurs injonctions de l’armée pour en arriver finalement au départ du président algérien, 22 ans après son arrivée au pouvoir.
mandat de trop
Les ultimes années Bouteflika ont été conformes à l’idée qu’on se fait d’une fin de règne, malversations, corruptions et trahisons, rien n’y a manqué. Mais il aura néanmoins réussi, même très affaibli, à évincer le puissant général Mohamed Mediène, dit Toufik, le patron depuis un quart de siècle du Département du renseignement et de sécurité (DRS) qui disparaît. Dans le même élan, une brochette de généraux sont méthodiquement écartés en même temps que Bouteflika crée et place sous son autorité directe la Direction des services sécuritaires (DSS). Ainsi, en rompant avec des décennies de tutelle des généraux, Abdelaziz Bouteflika parvient enfin à accomplir ce qu’il souhaitait au-delà de tout en 1999 : reprendre en main le pays. Cela aurait dû lui permettre de préparer sa succession en ayant toute les cartes en main.
Au fil des années, Abdelaziz Bouteflika était parvenu à remettre son pays en selle sur la scène internationale. En s’associant avec les États-Unis dans la lutte antiterroriste, il était devenu incontournable dans la région. Cela dit, l’épineuse question du Sahara occidental lui aura autant résisté qu’à ses prédécesseurs.
Après avoir été réélu largement au premier tour en 2004, en 2009 et en 2014, ce cinquième mandat semblait acquis il y a encore quelques semaines. Mais l’annonce de sa candidature a déclenché, à partir du 22 février, des manifestations et une contestation inédites. Jusqu’au bout, le président affaibli aura tenté de s’accrocher au pouvoir. C’était sans compter la détermination d’une population à bout et le lâchage de plusieurs de ses fidèles. Mardi 2 avril 2019, c’est l’un d’entre eux, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, qui l’a finalement sommé de quitter le pouvoir immédiatement.