Poussé en février dernier à rendre sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro s’est mis dans une position de défiance vis à vis du Président Alassane Ouattara et son régime. L’homme n’arrête pas de dire su’il va parler et depuis il multiplie des parfois maladroitement, de subtiles secrets d’un système sur lequel, pendant pourtant deux décennies, il aura construit sa carrière. Dans ses attaques, il n’épargne personne, oubliant son passé d’horrible chef de guerre et surtout, jouant, parfois naïvement, avec le feu comme si l’ivresse et l’obsession du pouvoir lui avaient altéré une part de raison. Décryptage !
Méfiance de la communauté internationale
13 mars, alors qu’on s’y attendait le moins, Guillaume Soro qui entretient de bonnes relations avec l’ambassadeur de la Belgique à Abidjan a réussi à le déplacer à son domicile. Hugues Chantry n’a pas fait de déclaration à sa sortie d’audience mais la cellule de communication a bien exploité cette visite comme un soutien. Pourtant, le diplomate wallon a, deux jours avant ce déplacement, informé la présidence et obtenu l’avale de Ouattara. Une chose est évidente, compte tenu de son passé de guerrier, Soro aura du mal à se faire accepter par la communauté internationale alors que son rôle de chef de guerre l’aurait conduit de fait à la Cour pénale internationale, CPI, où deux cellules viennent de se libérer depuis que Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo ont été libérés sous conditions début février dernier. De nombreuses notes diplomatiques au Pentagone lui attribuent divers trafics (armes et drogues) pendant le règne de la rébellion, le casse de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) ainsi que la déstabilisation du Burkina Faso voisin dont le procès est en cours. C’est d‘ailleurs ce qui justifie l’annulation de son projet d’étude à la Havard où son immunité parlementaire ne saurait le protéger contre d’éventuelles poursuites américaines. Très prudent, celui dont Ouattara a fait son premier « Premier ministre » évite de séjourner en espace schengen alors que depuis ses démêlées avec le chef de l’Etat, son plus grand soutien parmi les dirigeants africains, le roi Mohamed VI ne prend plus ses appels.
Une situation qui l’a aussi éloigné de Faure Gnassingbé, président du Togo ou encore de Macky Sall avec qui il entretenait de « cordiales » relations. Deux enquêtes étant en cours aux Etats Unis sur l’enrichissement illicite concernant Soro, Macron ayant soigneusement évité de le recevoir depuis son arrivée au pouvoir, le désormais ancien président de l’assemblée ne pourra plus que difficilement compter sur la soutien de l’Etat ivoirien qui lui aura permis d’échapper à la justice française qui a tenté de l’interpeller en décembre 2015, alors qu’il était à Paris. En Afrique, la plupart des dirigeants sont dégoûtés par son aisance à « cracher dans la soupe » qui l’a nourri et Ibrahim Boubacar Kéïta le lui a bien exprimé.
En provoquant gratuitement ses amis d’hier, Guillaume Soro ne met pas qu’en danger sa sécurité, il menace celle de l’Etat. Mais au fond, quoi de plus normal pour celui qui ne doit sa carrière qu’aux situations de crises qu’il crée et entretient et aux turbulences auxquelles il n’a de cesse d’exposer son pays ?
Sources Afrika Stratégie