Côte d’Ivoire/Katiola. Gros plan sur la poterie mangôrô

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En Côte d’Ivoire, on ne peut pas évoquer le nom de Katiola sans penser à l’art de la poterie mangôrô. La poterie mangôrô, un est trésor local. C’est sûre, c’est l’une des activités principales des femmes de ville du centre nord du pays.

Elle se transmet de mères en filles. Le souhait de la quasi totalité des femmes mangôrô voudraient que cette activité locale qui fait vivre des milliers de familles soit davantage valorisée en dehors de la région.

Katiola (en Tagbana : Katiokaha) la capitale du Hambol, est en effet située à un peu plus de 400 km d’Abidjan, à 55 km au nord de Bouaké et à 177 km de Korhogo. La ville est traditionnellement habitée par deux ethnies essentielles, les Tagbana traditionnellement cultivateurs et la Mangôrô les dont l’activité essentielle tourne autour de la poterie.

L’attraction de la céramique des femmes Mangôrô se transmet de mère en fille et fait vivre toute une communauté. Le fruits de leur travail est constitués d’objets divers dont la beauté vous laissera pantois. Ce sont des vases, jarres, pots de fleurs, soupières, boîtes à bijoux, cendriers et autres récipients de formes et d’utilités diverses et variées.

Quelles sont les étapes de la fabrication d’un pot traditionnel Mangoro ? (5 étapes)

L’extraction de l’argile

Se fait à l’aide de pioches pour creuser, des bols en calebasse pour racler la terre et des paniers ou cuvettes en bois pour le transport.

Pour la petite histoire : autrefois, le site d’extraction était un haut lieu d’adoration des ancêtres et l’extraction de l’argile ne pouvait commencer sans offrandes à la divinité qui protègerait les femmes des dangers du travail et assurerait le succès de l’art. Certaines conditions étaient à respecter sur le site comme porter un pagne en coton brut ou du bogolan (coton teint avec la terre). Il était également interdit de pénétrer dans la carrière, les lundi et mardi. La violation d’un de ces interdits devait être réparée par une une offrande de noix de cola.

La préparation de l’argile

Avant le modelage, l’argile est d’abord séchée au soleil puis trempée dans l’eau toute une nuit. La potière l’enlève ensuite de l’eau, la place sur une planche pour la pétrir avec le pied droit. Il est interdit d’utiliser le pied gauche. Une fois que l’argile est bien pétrie, elle la met dans un canari pour mieux la battre avec la main. Ce premier jet de pâte obtenu par va servir à donner une forme aux pots sur un tour traditionnel, fabriqué par la potière elle-même.

Le modelage

Pour le modelage la potière se sert d’outils les plus rudimentaires, fournis par la nature comme :

  • Le Woya un petit couteau qui sert à donner la forme finale au pot fabriqué par l’artisane.
  • Le kazâ, des plantes séchées et tressées pour faire les motifs décoratifs sur le pot.
  • Le cìŋkɔrɔké qui est une partie de la coque du fruit du Afzelia Africana, utilisé pour niveler l’intérieur du nouveau pot.
  • Le koolà ou Gpô, une pierre lisse utilisée pour lustrer l’intérieur du pot.

Elle remet ensuite le pot au soleil, applique de la terre rouge pour renforcer les éclats de l’article, et retour au Gpô pour refermer tous les petits trous encore présents sur le pot. Après le modelage, chaque pièce est séchée pendant trois jours. Quand le pot est bien sec, elle procède à la cuisson.

La cuisson

Lorsque l’artisane juge avoir suffisamment de pots pour une cuisson, elle va chercher du bois sec de karité ou de néré, des herbes sèches et du son de mil. Aidée des autres potières, elle place d’abord le bois, puis les pots qu’elle couvre d’herbes et recouvre le tout avec du son de mil. Pour le succès de l’opération, certains geste symboliques sont à faire : le premier bois est placé par un enfant, de même que les premières herbes en signe d’innocence et de pureté assurant la bénédiction des divinités. C’est la plus âgée des potières sur le champ qui allume le feu. Toute la cuisson est surveillée ; dès qu’apparaît un trou dans la combustion, elles le referment aussitôt pour éviter le contact du vent avec les pots. La cuisson se termine avec la fin de la combustion qui se reconnaît par la couleur blanche des cendres. Les pots sont enfin retirés pour la teinture.

La teinture

Avant la fin de la cuisson, la potière prépare une décoction à base d’écorces pour la teinture. Elle fait bouillir des écorces de néré ou de résinier (vèguè bèbê) et en recueille l’eau qui servira à donner deux couleurs possibles aux pots : le noir et le rouge. Pour obtenir le noir, le pot est plongé très chaud dans la décoction dès son extraction du feu. Pour obtenir le rouge, le pot est plongé légèrement refroidi dans la décoction. Pour les pots de grand volume, la potière utilise un balai pour répandre la décoction sur la surface. Le reste de la décoction est utilisée pour soigner les maux d’yeux et le paludisme.

Activité économique d’une importance reconnue dans la ville, elle est mise à mal avec des touristes qui se sont de plus en plus rares à cause de la pandémie du covid-19. L’argile est la raison de vivre de ces populations.

JPH

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