Dans sa quête du bonheur des populations vivant en Côte d’Ivoire, le gouvernement du Président de la République, Alassane Ouattara a lancé la Couverture maladie universelle. La CMU est entrée dans sa phase active avec le début des prélèvements le 1er juillet 2019 et celui des prestations le 1er octobre 2019. Elle a été instituée par la loi n°2014-131 du 24 mars 2014. Elle vise à offrir des soins de santé accessibles à tous en Côte d’Ivoire. Le taux de couverture de cette réforme sociale est de 70 %. L’enrôlement se fait gratuitement. Ensuite, le requérant devra s’acquitter d’une cotisation mensuelle de 1 000 francs CFA (1,50 euro) pour obtenir 70 % de réduction sur certaines consultations et une large liste de médicaments – et jusqu’à 100 % pour les plus démunis. L’enjeu, affirme le gouvernement, est de permettre à l’ensemble de la population de bénéficier de soins de santé de qualité. En vue de l’étendre à toutes les couches sociales, la CMU est désormais demandée pour de nombreuses démarches administratives telles que le retrait du passeport et du permis de conduire, l’inscription aux concours d’entrée à la fonction publique, le recrutement dans les secteurs publics, parapublics et privés, et même l’inscription des élèves de 16 ans et plus au lycée. Ainsi 5 120 000 personnes enrôlées, soit 18,47% de la population estimée de la Côte d’Ivoire en 2022 ; 6 560 000 personnes enrôlées, soit 23,13% de la population estimée de la Côte d’Ivoire en 2023 ; 8 000 000 de personnes enrôlées, soit 27,58% de la population estimée de la Côte d’Ivoire en 2024. Cela démontre clairement que la CMU s’enracine au fil des ans.
Caractéristiques, fondements et démarrage effectif. La Couverture maladie universelle (CMU) est un système obligatoire de prise en charge du risque maladie institué par la loi n° 2014-131du 24 mars 2014 au profit de l’ensemble des résidents ivoiriens. Elle comprend deux régimes : un régime contributif, le régime général de base ; et un régime non contributif, le régime d’assistance médicale. Les cotisations des bénéficiaires du régime d’assistance médicale, sélectionnés sur critères sociaux, sont prises en charge par le budget de l’État En revanche, les assurés du régime général de base sont soumis à une cotisation individuelle mensuelle de 1000 francs CFA (soit environ 1,50 €) et un délai de carence de trois mois pour les Ivoiriens et de six mois pour les étrangers. A l’instar de toutes les régions du pays, à Bouaké, Daoukro et Niakara, la CMU est rentrée dans sa phase pratique de mise en œuvre à partir du 1er octobre 2019. Depuis l’entrée en vigueur de la loi instituant la CMU, plusieurs décrets d’application ont été pris pour expliciter et faciliter sa mise en œuvre. C’est notamment le cas du décret du 25 janvier 2017 définissant les conditions et les modalités de l’assujettissement, de l’affiliation et de l’immatriculation au régime général de base de la CMU. L’une des dernières dispositions règlementaires en date est le décret n° 2022-753 du 28 septembre 2022 relatif à la mise en œuvre de l’obligation d’enrôlement à la CMU. Il précise en particulier, que la preuve de l’adhésion à la CMU est obligatoire dans certaines démarches administratives, sociales et académiques. Pour les autorités publiques, ce décret constitue un moyen d’accélérer la mise en œuvre du droit à l’accès aux soins de santé pour tous, garanti par l’article 9 de la Constitution ivoirienne du 8 novembre 2016.
Les avantages et difficultés de la CMU. Plusieurs actes sont garantis par la CMU. Ce sont les consultations (médecins généralistes et spécialistes, infirmiers, sages-femmes), les médicaments, les actes de chirurgie, les examens de laboratoire, les examens d’imagerie, les soins bucco-dentaires et l’hospitalisation.
Les difficultés. De l’avis de nombreux pétitionnaires, au départ de l’opération, l’insuffisance des centres d’enrôlement entraînait de longues files d’attentes. Ainsi pour parvenir à se faire enrôler, l’on pouvait facilement passer plusieurs jours. Une fois à l’intérieur de la salle, il fallait aussi passer par plusieurs étapes jugées harassantes, le remplissage des fiches, la prise de photo, prise d’empreintes…Une fois l’enrôlement terminé, l’on devait encore attendre plusieurs semaines, voire des mois pour entrer en possession de sa carte. Toutes ces difficultés ont dissuadé plusieurs candidats à l’enrôlement. « Il m’a fallu me réveiller très tôt pendant plusieurs jour pour parvenir à me faire enrôler. Cela fait plus d’un an que j’y suis parvenu, mais on me dit toujours que ma carte n’est pas disponible. Je me demande combien d’années dois-je attendre pour l’obtenir ? », s’est plaint Alain Mabéa à Bouaké au centre d’enrôlement de l’auberge des jeunes. Un autre gros problème était l’acquisition des médicaments dans les pharmacies. On pouvait ainsi passer des heures à défiler l’hôpital et la pharmacie. Mais ces difficultés ont été vite corrigées avec la multiplication des centres d’enrôlement et surtout la création d’équipes d’enrôlement mobiles. Une évolution majeure au niveau du dispositif d’enrôlement est aussi à noter. Notamment la possibilité d’enrôler, de produire et de remettre la carte CMU sur place au requérant. A cet effet, 11 sites d’enrôlement et de production In Situ des cartes sont opérationnels à ce jour dont 05 à Abidjan et 06 à l’intérieur du pays. La généralisation de ce dispositif est en cours afin que chaque région du territoire national en soit dotée dans les prochains mois. Selon M. Ahmed Tidiane Diomandé, Conseiller Technique du Directeur Général de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), au titre de l’accès aux prestations de la CMU, le Conseiller Technique note l’étendue du réseau national de la CMU qui se compose aujourd’hui de 1 638 établissements sanitaires répartis dans 495 Sous-Préfectures sur 510 que compte le pays et couvre toutes les 31 régions. Aussi à ce jour, 377 698 assurés ont bénéficié des prestations de la CMU, plus de 1,4 millions d’actes de soins ont été également réalisés pour un montant de plus 2,4 milliards FCFA à la charge de la CNAM. Il est à noter une montée en puissance des prestations de la CMU aux bénéfices des assurés. Le montant des prestations à la charge de la CNAM est passé de 266 millions FCFA en 2022 à plus de 1,2 milliards FCFA sur les trois premiers trimestres de l’année 2023. Une nouvelle politique du médicament initiée par la CNAM permet, depuis octobre 2022, aux assurés de la CMU d’avoir accès à une liste de 741 médicaments déjà disponibles et habituellement vendus dans les officines de pharmacie (pharmacies privées). En plus de cette nouvelle politique qui règle la question de la disponibilité des médicaments, un décret vient d’être pris en vue d’intégrer l’hypertension artérielle et le diabète, dans leur forme non compliquée, au panier de soins de la CMU. Il est désormais possible de vérifier la disponibilité de sa carte CMU et se rendre dans le centre de retrait pour la récupérer. Pour le Hambol et le Gbêkê, deux sites In situ seront ouverts à Tafiré et à Bouaké.
De la crainte à l’espoir dans le Gbêkê, l’Iffou et le Hambol. Avec 15 millions d’enrôlés à ce jour, la CMU est aujourd’hui une réalité dans les régions du Hambol et de l’Iffou au point où plusieurs enrôlés saluent cette autre vision du Président de la République. A Nangoniékaha, un village de la Sous-préfecture d’Arikokaha dans le département de Niakara, le chef de village Ouattara Roger, qui dit avoir bénéficié des bienfaits de la CMU, a exprimé toute sa reconnaissance au numéro un ivoirien. « Dîtes au Président Alassane Ouattara, que les populations de Nangoniékaha et de la sous-préfecture d’Arikokaha, lui disent merci. La santé, c’est le meilleur capital à protéger. Aider nos populations à se faire soigner, c’est un véritable cadeau. Moi qui m’adresse à vous aujourd’hui, je ne serais certainement pas là si je n’étais pas enrôlé à la CMU ». Nous montrant fièrement sa carte, il ajoute « J’ai été sauvé grâce à cette carte qui m’a permis d’acheter tous mes médicaments quand j’étais malade il y a quelque mois. Personne ne devrait encore traîner les pas pour se faire enrôler. La Côte peut être fière d’avoir à sa tête un chef d’Etat qui pense à la santé de ses populations”, a-t-il déclaré. A Daoukro, dans la région de l’Iffou, c’est dans la sympathique ville d’Ouellé que nous avons entrepris de voir comment la couverture sociale se porte. C’est à la sous-préfecture que l’opération se déroule. Avec cette période de rentrée des classes où l’inscription en ligne est soumise à l’obligation des élèves âgés de plus de 16æ ans d’être enrôlés à la CMU, il y a une affluence remarquable. « Je suis venu me faire enrôler pour pouvoir faire mon inscription en ligne. Je passe en classe de cinquième et j’ai seize ans. Il y a aussi le fait que je peux me faire soigner gratuitement avec ma carte CMU. Ma grande sœur qui en seconde a bénéficié de soins gratuits l’année dernière lorsqu’elle est tombée malade. On lui avait prescrit une ordonnance de quatre médicaments pour un palu et la carte CMU l’a sauvée. Je pense que c’est une très bonne chose », a assuré Yah Kouamé Ivan. A l’hôpital général de Daoukro, dame Koffi Amoin Rebecca.
Si au départ une partie des Ivoiriens ne voient pas d’un bon œil cette obligation. Elle était même décriée depuis son lancement, en 2019, pour ses lenteurs administratives et son inefficacité. Mais aujourd’hui, toutes ces failles ont été corrigées. C’est à juste titre que face à la forte demande, le ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale, Adama Kamara, sollicitait la Banque Mondiale pour fournir davantage de camions d’enrôlement mettant en lumière la portée de l’opération. «Je lance un appel à la Banque mondiale pour les équipements… La CMU est la chose la plus formidable que le président de la République Alassane Ouattara a offert aux populations, c’est un système solidaire (…) La maladie ne connaît ni riche, ni pauvre. On tombe tous malades. Mais est-ce qu’on a les moyens pour se soigner ? C’est la grande question et la CMU dit oui. Avec la CMU, tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire peuvent se soigner à moindre coût », a-t-il assuré.
JPH