Michel Ballo à l’état civil. Nanan Kacou Djédjéwé, nom de règne qui signifie le plus gros des éléphants en langue Gouro. Il est désormais le 8ème chef, gardien des valeurs ancestrales d’Akpessékro, un village d’origine Gouro, aujourd’hui village Akouè de la commune de Yamoussoukro, l’un des gros villages qui ont offert leurs terres à l’Etat pour installer la zone industrielle de la capitale politique et administrative ivoirienne. Il a été intronisé le samedi 4 juin dernier en présence d’une foule immense d’amis, de partis politiques et des populations qui ont accouru de partout. Son nom de règne est en Gouro et selon lui, parce que dit-il, avant l’arrivée des Baoulés, le village ne s’appelait pas Akpessékro. Le village était à l’origine, un village Gouro. Les Baoulé sont arrivés entre le 17ème et le 18ème siècle. Précisant que c’est sa famille qui les a accueillis ici dans le village. Donc avant l’arrivée des Kacou Akpessé, le village portait le no Téblon qui signifie le feuillage de neuf (9) fromagers réunis. À l’origine donc s’était un village Gouro. Parmi les fondateurs de cette époque, explique-t-il, il y avait des dignitaires comme Gouatty, Blégou, Zamli, Zagoli, Djédjéwé, Driboni, Bôtrê, Yribéwo etc.
Avec son intronisation comme 8ème tête couronnée de ce village les nombreux problèmes de succession qui ont créé pendant plusieurs années la chienlit sont aplanis. Pour lui, aujourd’hui, pense-t-il, la démocratie est planétaire. « Nous vivons dans un système de démocratie. Quand tu as la majorité, on fait avec ce qui existe. Il n’y a pas un seul Chef en Côte-d’Ivoire ou un pouvoir sur la terre des hommes qui fait l’unanimité. Ce n’est pas possible. Mais l’essentiel c’est que c’est la majorité qui règne, qui commande, » a-t-il relevé. Indiquant que ce qui est réconfortant, c’est que à Akpessékro, il y a cinq grandes familles, et à la tête de chaque famille il y a un Chef qui est automatiquement notable dans la Chefferie dont il est le premier responsable. A l’en croire, vue cette union, tous les cinq quartiers ont leur Chef avec lui. Donc affirme-t-il, il n’y a pas d’opposants. Et d’ajouter que ceux qui ne veulent pas mon régime sont des rebelles. Nanan Kacou Djédjéwé en suite souligné que la famille qui a accueilli tout le monde dans ce village, c’est la famille Kwéwla-Ossou, il y a la famille Bédékonan, Djokonouan, Affiankro et N’go-n’zuéssi. En réponse à la question de savoir laquelle des familles qui a droit au trône, Nanan Kacou Djédjéwé explique : « Au fait, quand tu as ta chose que tu confies toujours à quelqu’un de confiance de surveiller. C’est comme ça que moi, m’a famille avait confié la Chefferie au baoulé.
Quand il a décès du Chef en exercice, les cinq Chefs de familles se réunissent pour ramener le pouvoir celui qui a sa chose, qui est propriétaire du village. Et Chaque fois, on dit bon, entendez-vous, entrez dans le bois sacré et donnez-nous, un nom de quelqu’un qui est crédible, qui est moralement bien pour qu’on lui confie le village pour surveiller, » a-t-il notifié. Indiquant qu’avant son accession au trône, cela n’a pas été facile. Justement parce que, après le décès du 7ème chef, tout le village est entré en conflit. Et les détenteurs, ceux à qui on a confié le pouvoir, sont revenus donner le pouvoir au propriétaire qui est sa famille. Et Papa, le vieux Kouassi Kouadio Joseph a gardé ce pouvoir pendant près de quatre ans. Avant de réunir le village, en disant prenez parce que je vous ai donné et c’est vous qui devez surveiller le village pour moi. Le village atour a dit non, donne nous ton fils. Cette fois-ci là, comme c’est la famille à qui le pouvoir et elle vient te remettre ta chose, donne nous ton fils pour qu’il soit le Chef. C’est ainsi que j’ai été choisi et d’entrée je ne voulais pas. Après plusieurs tractations, qui a duré deux ans, on m’a demandé pardon avant que je n’accepte. Et quand j’ai accepté, dès que certaines personnes ont appris que le Président Alassane va payer les Chefs, ils sont entrés en rébellion. Voilà d’où est parti le problème, » a longuement expliqué le détenteur du trône d’Akpessékro, Nanan Kacou Djédjéwé.
« C’est ma chose, je vous ai confié pour surveiller, vous dites que vous ne pouvez plus, vous me ramenez. Et dès que j’accepte de prendre ma chose, vous dites non, non, non, on a appris qu’on doit payer les Chefs donc il faut redonner. Voici l’image c’est simple, a-t-il justifié.
Parlant de ses priorités, Nanan Djédjéwé dit : « Je suis un Chef traditionnel, et le Chef, le garant de la cohésion sociale. Le Chef, est le ministre de la défense, le ministre de l’éducation nationale, le ministre de la santé. Le Chef, c’est la courroie de transmission entre sa population et l’administration. Mais je crois qu’avec tout ce qu’on a traversée, ma priorité sera de colmater les brèches pour que nous puissions vivre dans la fraternité dans l’amour de Dieu surtout. » A-t-il fait savoir. Soulignant que sa mission c’es de réconcilier les cœurs et les esprits pour que, Akpessékro demeure toujours un et reste toujours un. Quant à savoir si nanan Djédjé est soutenu par la jeunesse appelée plus tard à prendre la relève, il sourit : « vous répondre par l’affirmative serait faire du triomphalisme. Je ne parle même pas de la jeunesse de mon village. Je parle de la jeunesse de la région de Yamoussoukro. Vous savez, pour mon intronisation, il y a une semaine que la jeunesse veille et ce, volontairement. Volontairement des jeunes montent la garde devant ma résidence et dans le village. » Michel Ballo à l’état civil, grand intellectuel et garde rapproché de Félix Houphouët-Boigny, aujourd’hui chef de village ? Quand Dieu veut t’utiliser dit-il, il te forme. Quand Dieu veut t’envoyer en mission, il te forme. J’étais en formation. Aujourd’hui, Dieu m’a établi et je dois exercer ce pourquoi il m’a formé. Dieu m’a enseigné la tolérance, Dieu m’a enseigné le pardon. Dieu m’a enseigné le vivre ensemble. Et j’ai beaucoup écouté le Président Houphouët Boigny. Et il faut souvent fréquenter l’école de la vie. Vous savez, l’école de la vie ne donne pas de diplômes, mais l’école de la vie enrichie l’homme, » a insisté le tout nouveau chef d’Akpessékro. Notant qu’il a été aussi politicien, Secrétaire général de PDCI-RDA sous Bédié, Directeur de campagne du Général Robert Guéi, Directeur de Campagne locale du Président Gbagbo Laurent.
Cela veut dire pour lui, que même s’il n’est pas de leur bord politique, lorsqu’un Président arrive au pouvoir, il faut travailler avec lui. Cela fait partie du vivre ensemble, cela fait partie de ta formation personnelle. Et puis c’est celui qui est au pouvoir qui a la clé du développement. Avec son premier souci de développer de son village, quand un Président arrive il fait tout pour rentrer dans son réseau et lui demander quelque chose pour mon village. Pour lui la politique c’est un jeu. Ceux qui pensent que la politique c’est un système de guerre pour détruire l’humanité, ils n’ont rien compris. Quand la politique est bien faite, elle devient très passionnante.
Toutefois, nanan Kacou Djédjéwé se dit heureux, comblé. Car dit-il dans la vie, il faut t’abaisser et l’éternel des armées va t’élever. A ma cérémonie d’intronisation poursuit-il, c’était toutes les tendances confondues. Il y avait le FPI, le RHDP, PDCI-RDA et ce qui m’a marqué, c’est le monde. Alors que plusieurs manifestations d’envergure se tenaient à Yamoussoukro ce samedi 4 juin 2022 et à Daoukro, mes amis s’y sont fait représenter et ils sont venus me soutenir. Dans la vie on ne récolte que ce qu’on a semé, a-t-il conclu.
Amand Koffi