Eglise catholique/Le 13 mars 2013,le pape François se faisait élire

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Le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio (76 ans), archevêque de Buenos Aires (Argentine), succède à Benoît XVI sur le trône de Saint Pierre.

Il devient de la sorte le premier pape issu de la Compagnie de Jésus, le premier né hors d’Europe et aussi le premier depuis plus de mille ans à choisir un nom inédit, François.

Faut-il s’étonner que le pape se réclame de François d’Assise ? Nietzsche disait de celui-ci qu’il était « le seul disciple que Jésus ait jamais eu », rappelle Jean-Claude Barreau.

L’essayiste note aussi qu’il est jésuite. Or, ceux-ci sont renommés pour leur énergie militante, surtout en Amérique du Sud, et pour leur « casuistique », c’est-à-dire une morale du moindre mal. Par exemple, l’avortement est un mal mais ce peut être le moindre mal pour certaines femmes. Enfin, « un pape qui aime le tango, l’opéra et le foot ne peut être foncièrement mauvais », ajoute-t-il avec humour.

« Moi, François, pape normal »

Dès son apparition à la loggia de la place Saint-Pierre, le soir de son élection, Jorge Mario Bergoglio se dit modestement « évêque de Rome », ville « qui préside à la charité des églises », selon une formule du 1er siècle.

Dans sa manière de congédier la foule d’un familier « Bonne nuit », le nouveau pape se présenta immédiatement comme un pape « normal »… tout comme François (Hollande), élu quelques mois plus tôt à la présidence de la République française, se voulait un « président normal ». Loin des pompes pontificales, il manifesta son souci de revenir à la pauvreté du sermon des Béatitudes.

Originaire d’un pays, l’Argentine, qui s’est longtemps vu comme l’arrière-cour de l’Europe et en a adopté les modes intellectuelles, le souverain pontife se plaît à dénoncer le capitalisme néolibéral d’inspiration étasunienne. 

François fustige aussi les goûts de luxe de certains cardinaux. Le 22 décembre 2014, lors d’une cérémonie de vœux, il humilia publiquement les membres de la Curie (le gouvernement du Vatican) en les accusant de quinze maladies dont ils seraient atteints, de « l’Alzheimer spirituel » à « la schizophrénie existentielle » en passant par la « pétrification mentale et spirituelle » et la « maladie du visage funèbre » ! Des paroles très brutales mais qui n’ont encore débouché sur aucune réforme d’envergure.

À la différence de son prédécesseur, théologien réservé qui soupesait chacun de ses mots, le pape François s’adonne avec délectation à des entretiens improvisés avec la presse, en employant des formules approximatives qui déconcertent beaucoup de fidèles mais lui valent en contrepartie une immense popularité dans les médias et les cercles progressistes européens.

Le pape afficha d’emblée son empathie pour les homosexuels, avec une formule pleine d’humilité : « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour le juger ? », déclara-t-il dans l’avion qui le ramenait de Rio le 29 juillet 2013.

Le 19 janvier 2015, de retour des Philippines, il évoqua les femmes pauvres, victimes de grossesses multiples et usa d’une brève de comptoir qui choqua sans doute beaucoup de familles nombreuses (et épanouies) : « Certains croient, excusez-moi du terme, que, pour être bons catholiques, ils doivent être comme des lapins ».

Cette mise en bouche nous amène aux propos sur le terrorisme échangés lors du retour des Journées Mondiales de la Jeunesse de Cracovie, le 1er août 2016.

Soucieux de dissocier le terrorisme de l’islam, il laissa alors tomber : « Si je dois parler de violences islamiques, je dois aussi parler de violences chrétiennes. Dans presque toutes les religions, il y a toujours un petit groupe de fondamentalistes. Nous en avons nous aussi, ajoutant curieusement : Tous les jours quand j’ouvre les journaux, je vois des violences en Italie, quelqu’un qui tue sa petite amie, un autre qui tue sa belle-mère, et ce sont des catholiques baptisés ».

Ce relativisme, qui fait l’amalgame entre des crimes génocidaires et des crimes passionnels, sema le trouble. Ne ferait-il pas douter de la légitimité de la guerre contre l’islamisme ? La confusion fut telle qu’elle conduisit des catholiques zélés à dire leur pardon aux terroristes sans attendre que ceux-ci aient confessé leurs crimes et exprimé leur contrition (note).

Le 1er novembre 2016, dans un avion qui, cette fois, le ramenait de Malmö (Suède), le souverain pontife tempéra ses propos précédents sur l’accueil des immigrants : « On ne peut pas fermer le cœur à un réfugié, expliqua-t-il. Mais, tout en étant ouvert à les recevoir, les gouvernements doivent être prudents et calculer comment les installer. Il ne s’agit pas seulement de recevoir des réfugiés mais de considérer comment les intégrer. »

Ces nuances furent cependant très vite oubliées par le pape qui en remit une couche le 21 août 2017 dans un discours officiel et donc réfléchi : « accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants et les réfugiés ». Il réclama des pays européens un accueil indifférencié de tous les migrants, avec « corridors humanitaires »« visas » etc. Et il enjoignit aux responsables politiques de « toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale ! »

Ainsi, sortant de son magistère spirituel pour donner des leçons de gestion publique, le Souverain Pontife fait obligation aux dirigeants européens et aux fidèles d’ouvrir leur pays et leur maison à tous les migrants, en vertu de la formule de saint Matthieu : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (25, 31-46). Mais il s’agit d’une interprétation littérale de l’Évangile qui fait fi de la différence de nature entre un étranger et une masse de centaines de milliers de migrants illégaux.

Au demeurant, elle néglige aussi la parabole dans laquelle un roi chasse du festin un invité qui ne portait pas le festin de noce (Mt 22,1-14) : l’hospitalité n’est pas inconditionnelle ; elle doit se mériter. Et comment le pape lui-même agirait-il si le Vatican était envahi par des migrants ? Conscient d’avoir dépassé les limites du bon sens, François n’a pas tardé à édulcorer son propos et reconnaître aux gouvernants le devoir d’agir de façon responsable…

On reste loin de l’enthousiasme viril que suscitaient les propos offensifs du charismatique Jean-Paul II.

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