Dans une contribution parue ce lundi 27 mai 2023 dans le journal « Dernière heure » (page 6), Guillaume Soro a rendu hommage à Henri Konan Bédié, décédé le 1er août 2023.
Un paragraphe a particulièrement attiré notre attention : « Mais il me plaît de citer ici la signature de l’accord de Daoukro où j’étais à ses côtés… ». Non, Soro, il n’y a jamais eu de signature d’accord à Daoukro. Il y a eu l’appel de Daoukro. Ceux qui connaissent bien l’histoire, et qui sont encore parmi nous, ont tous confirmé que Bédié a rédigé seul son discours dans lequel il appelait à voter pour Alassane Ouattara pour un second mandat en mars 2015. Cet appel a même surpris son parti politique, le Pdci, engagé à l’époque dans une alliance Rhdp. Ce n’était qu’un appel, pas un accord.
Ton obsession à vouloir te rendre témoin de faits historiques, au point de déformer des événements si récents, est malhonnête intellectuellement. Tes propos nous rappellent cette phrase que tu as dite sur la volonté de Bédié de te voir près de son cercueil. Pourquoi nous imposer cela, Soro ? Pourquoi vouloir te faire passer pour le créateur de tout, l’alpha et l’oméga, le dieu sur terre par qui tout a commencé ? À t’entendre, la Côte d’Ivoire aurait commencé avec ta lutte et ne vivrait que par ta lutte. Tu as façonné tout le monde et personne ne t’a façonné.
En psychologie, c’est ce qu’on appelle le narcissisme. C’est un trouble de la personnalité marqué par une tendance à être centré sur soi-même, à exagérer ses talents et à manquer d’empathie. Redescends sur terre, Soro. Il n’y a pas eu de signature d’accord à Daoukro, seulement un appel.
Yacouba DOUMBIA
Journaliste / Observateur averti