Affaire Chebeya : les révélations d’Hergile Ilunga et Alain Kayeye

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Floribert Chebeya Bahizire, né le 13 septembre 1963 à Bukavu et mort assassiné le 2 juin 2010 à Kinshasa, est un militant congolais des droits de l’homme. Il avait 46 ans.

Onze ans après l’assassinat de Chebeya et Bazana, l’adjudant Hergile Ilunga et le brigadier Alain Kayeye révèlent leurs versions des faits. Leurs témoignages apportent une nouvelle dimension à cette affaire.

Le 2 juin 2010, Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana sont assassinés à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Ils se rendaient alors à l’Inspection générale de la police pour rencontrer son directeur de l’époque, le général John Numbi. 

Un an plus tard, en 2011, un procès pour assassinat a lieu. Cinq policiers sont condamnés à l’issue du procès devant la justice militaire. Mais les proches des deux hommes et la société civile soutiennent que l’affaire n’a pas été complètement élucidée.

Des années après, le 3 septembre 2020, le commandant Christian Ngoy Kenga Kenga est arrêté à Lubumbashi. Ce dernier est soupçonné d’avoir participé à ce double assassinat. Peu de temps après cette arrestation, Hergile Ilunga et Alain Kayeye décident de s’exiler.

Aujourd’hui les deux hommes, qui ont vu les défunts le jour des meutres, expliquent en détails et pour la première fois ce qui s’est, selon eux, réellement passé ce jour là.

Étouffés avec des sacs en plastique

« C’est dans le véhicule que je conduisais qu’on a tué Fidèle Bazana. Vers 19h10, dans le second véhicule, où se trouvaient Bruno Soti, Doudou Ngoyi et Jacques Mugabo, c’est là qu’a été assassiné Floribert Chebeya sur ordre du général Christian Ngoy Kenga Kenga. »

Hergile Ilunga et Alain Kayeye expliquent comment se sont déroulés les faits. Selon eux, les deux hommes auraient été étouffés avec des sacs en plastique dans deux jeeps dont l’une était conduite par Hergile Ilunga. 

Que s’est il passé après ?

Une version qui viendrait innocenter l’ancien officier de police Paul Mwilambwe qui a toujours clamé son innocence dans cette affaire. « Face aux nouveaux éléments que l’adjudant Hergile Ilunga et le brigadier Alain Kayeye viennent d’apporter, cela confirme mes révélations et mes témoignages et cela prouve mon innocence. Je confirme que les deux policiers que je viens de citer font partie de ladite section de la police qui a exécuté les deux défenseurs des droits de l’homme », confie Paul Mwilambwe.

Peu de temps après cet assassinat, les officiers de police qui avaient assisté à ce crime avaient été envoyés au Katanga. 

Révélations et avancées du dossier ?

Les nouveaux éléments qu’ils ont relatés permettent de mieux comprendre le rôle qu’aurait joué le commando de la police chargé de commettre ce double assassinat, comme le précise Paul Nsapu, président de la Ligue des électeurs et secrétaire général adjoint de la Fédération internationale des droits de l’homme.

« Par rapport aux révélations de Paul Mwilambwe, dans les déclarations du policier Ilunga Hergile, ce dernier précise leur responsabilité et le rôle joué par chacun d’eux en tant que membre du commando qui a exécuté les deux défenseurs des droits de l’homme au siège de la police à Kinshasa. Il va même jusqu’à citer les noms des commanditaires de qui dépendait le commando et de qui ils recevaient hiérarchiquement les ordres », insiste Mr. Nsapu.

Qu’ils aient été présents sur les lieux de ce double assassinat en tant qu’exécutants ou simples observateurs, pour Adu Cole, le président de la fondation Clinton pour la paix, tous ceux qui sont cités dans cette affaire doivent être livrés entre les mains de la justice. « Pour nous, toutes les personnes impliquées, qu’ils soient exécutants ou complices, doivent être arrêtés. Nous demandons que toutes les personnes citées dans cette affaire de double assassinat soient traduites devant la justice. »

Une justice congolaise qui est la seule aujourd’hui capable de condamner les commanditaires de ces crimes, comme le souhaitent les familles Bazana et Chebeya.

Rappel de l’affaire

Pour rappel, le 23 juin 2011, la Cour militaire de Kinshasa-Gombe a condamné quatre des huit policiers prévenus dans l’affaire à la peine capitale, un cinquième à la prison à perpétuité, et elle en a acquitté trois autres. Le 17 septembre 2015, lors du procès en appel, la justice congolaise a allégé la peine de certains de ces policiers.

Floribert Chebeya et Fidèle Bazana s’étaient rendus à l’inspection générale de la police pour répondre à une convocation du général John Numbi. Au cours du procès de leur assassinat ce dernier a été entendu comme témoin. Aujourd’hui il continue d’occuper de hautes fonctions au sein de l’armée congolaise.

S’agissant de l’adjudant Ngoy Mulanga du lieutenant Bruno Nyembo Soti  et du lieutenant Jaques Mugabo, selon leur ex-collègues, ils seraient tous les trois actuellement en RDC. Le lieutenant Mugabo et l’adjudant Ngoy seraient toujours dans la ferme de John Numbi tandis que le lieutenant Soti serait à Kolwezi dans la province du Lualaba

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