ANDÉ/Nanan Kouadio, chef de la tribue Sahé. « Le développement se trouve dans nos divergences »

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Ivoirecho était dans la tribue Sahé d’Andé le lundi 15 juillet dernier. Il a échangé avec Nanan Kouadio, chef de la tribue Saté d’Andé, une sous-préfecture du département de Bongouanou. À Andé, chef lieu de la tribue Sayé, vivent en symbiose 19.063 âmes. Ici, l’on ignore le syndrome de certaines régions de la Côte d’Ivoire avec leurs multiples conflits communautaires. Comment y vivent les populations ? Qu’est qui peut attirer le commun des mortels à Andé ? Nanan Kouadio répond à ces questions et se prononce sur l’actualité politique avant de lancer un appel à ses administrés, aux ivoiriens dans leur ensemble et aux hommes politiques à l’orée de 2020.

Ivoirecho. Bonjour Nanan. Présentez-vous à nous.

Nanan Kouadio. Je suis Nanan Kouadio, chef de la tribue Sahé d’Andé qui regroupe six villages, (Andé, chef lieu de tribue, Anekro, Élinzué, Findimanou, Agoua et Brou Akpahoussou). Andé compte à lui seul 19.063 habitants. Nous n’avons pas pour l’instant, les statistiques de l’ensemble de la tribue

Ivoirecho. Comment administrez-vous cette tribue ?

N.K. Nous avons mis en place une organisation de sorte que le plus petit habitant se sente concerné dans la gestion des affaires du village. Il ya un chef intérimaire nommé par mes soins et cela est tournant, il y a un chef pour chaque grande famille qui propose également un notable. Tout ce monde est sollicité dans la gestion du village. Ainsi chaque famille, chaque communauté, chaque habitant participe à la gestion de la tribue.

Ivoirecho. Comment parvenez-vous à faire ses nominations sans heurts ?

N.K. Partout où il y a des hommes, il faut compter avec les frictions. Tout ce que vous ferez, sera accepté par certains et rejetés par d’autres. Nous nous avons choisi la voie du diallogue, de la concertation et du compromis pour régler les éventuels blocages. Chaque fois qu’il y a eu des divergences, nous avons entrepris des démarches de réconciliation et communication.

Ivoirecho. Après plusieurs incompréhensions, le roi du Moronou a fini par être intronisé. Votre sentiment. 

N.K. C’est une excellente chose. Le Moronou fait partie des différents groupes agni. Tous ces groupes ont leur roi. Le Moronou doit avoir le sien. Tous les dix chefs de tribue de la région du Moronou appuyés par l’administration avec les préfets et sous-préfets ont conjugué leurs efforts pour que cela se fasse. Nous ne pouvons qu’en être fiers.

Ivoirecho.Quels sont les perspectives de développement de votre tribue ?

N.K. Je parlerai de la mobilisation des ressources d’abord. À Andé, nous voulons compter avec toutes nos populations. A commencer par ceux qui ont un revenu mensuel. Nous allons leur demander de consentir librement une petite contribution financière mensuelle. Nous donnerons en premier l’exemple. Avec cet argent nous allons ouvrir un compte dont la gestion sera transparente et qui va nous permettre de réaliser des projets de développement communautaires, les pistes villageoises, les écoles, notre centre de santé et la construction d’un hôpital sur ciq hectares. Pour le moment nous avons trois comptes pour un montant d’un peu plus de six millions. La mutuelle continue de se battre. Nous irons vers des partenaires financiers, les banques pour appuyer avec l’argent que nous aurons déposé auprès d’eux.

Ivoirecho.Vos poulations se plaignent de l’état défectueux de votre route Kotobi-Andé-Daoukro

N.K. Oui. Mais qu’ils comprennent qu’on ne peut pas tout faire en même temps. Le problème est connu. Aujourd’hui il’faut saluer la réhabilitation de la route Akoupé-Kotobi qui a réduit le trajet d’Abidjan. Il faut saluer les travaux de la voirie de Bongiuanou. Il faut saluer la réfection du tronçon Bongouanou-Kotobi et celui de Kotobi-Arrah-Bonanhouin. Ce sont des réalisations importantes pour nous. Le reste viendra à coup sûr.


Ivoirecho.. Aujourd’hui il y a des conflits inter-ethniques un peu partout. Votre regard.

N.K. C’est bien triste. A Andé, nous avons des communautés, nous avons les chrétiens, les musulmans, les animistes…Moi même ma femme est musulmane et senoufo de Korhogo. Je l’accompagne souvent à la mosquée et elle en fait pareil pour moi quand je vais à l’église. Ici nous vivons en symbiose. Nous devons comprendre que l’harmonie, la cohésion, la paix et le vivre ensemble sont synonymes de développement. C’est dans les divergences qu’on trouve toutes les ressources. Je ne vois pas comment les  populations d’Andé puissent créer et entretenir de grandes plantations de cacao individuellement, en excluant d’autres habitants. Il faut se dire que quand on a plus d’une tête, on a au moins deux pensées. Donc acceptons nous dans nos divergences. La divergence est nécessaire, inévitable et profitable à tous. C’est une richesse non un obstacle.

Ivoirecho. Votre appel parcrapport à 2020 qui sonne déjà.

N.K. C’est normal qu’on des points de vues différents. Ce qui ne l’est pas, c’est de s’en servir pour créer des affrontements. Il faut qu’on s’adapte au multipartisme. Que chacun milite dans son parti politique sans faire du tort à l’autre. Aux hommes politiques, je leurs delande de regarder notre passé récent. Ils travaillent à diriger des vivants et non des morts. S’ils créent des guerres, des affrontements et qu’on n’existe plus, qui vont-ils gouverner ? Que chacun vienne présenter son programme de gouvernement, son projet de société et qu’il laisse le peuple choisir librement. Qu’ils lancent des appels de cohésion et de paix et non de haine et de division des ivoiriens.

Ivoirecho. Votre mot de fin.

N.K. La cohésion, l’acceptation les uns les autres, la paix préalable à tout développement.

JPH

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