BOUAKÉ/Il y a trois ans une pénurie d’eau sans précédent secouait la ville

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Voilà trois ans que la ville de Bouaké au centre de la Côte d’Ivoire, et en général la région de Gbêkê, vivait une crise de l’eau sans précédent. Pendant plusieurs semaines aucune goutte d’eau ne sortait des robinets. Les sources officielles, (responsables de la SODECI, autorités administratives locales et gouvernement ivoirien) expliquaient cette pénurie d’eau par la combinaison du facteur humain et naturel. Si l’eau potable était absente du robinet pour les 1,5 millions d’habitants que comptait la ville en ces temps, c’est parce que le lac de la Loka auquel Bouaké est raccordée subissait un phénomène d’évaporation des eaux lié au réchauffement climatique. A cela il fallait ajouter une baisse de la pluviométrie dans la région du centre. Le facteur humain, lui se limitait à la forte activité de dragage de sable et de gravier sur les rives du lac. Tous ces facteurs vont conduire à un assèchement total du lac de Loka au point où sa traversée à pied inimaginable il y avait quelques mois avant, était maintenant possible à un enfant de bas âge. Grâce à la diligence du premier des ivoiriens et de son gouvernement, cette crise de l’eau connaîtra une issue heureuse dans un délai assez raisonnable. Evoquer le sujet aujourd’hui donnerait à coup sûr des frissons à plus d’un riverain de cette cité qui a vécu ce drame.

Le barrage de la Loka était complètement à sec

La crise en elle-même. Comment elle a été vécue

« Il n’y a plus l’eau. Le robinet est à sec. Quand tu l’ouvres, il n’y a rien. Ce sont les cafards qui sortent du robinet. Vraiment on a besoin d’eau. Vous-mêmes vous constatez que l’on a un problème d’eau. » Ces mots, suffisamment révélateurs, étaient ceux de Yao Kouassi Rosalie aux heures graves. La situation est « catastrophique », reconnaissait pour sa part un agent de la Société (publique) de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (SODECI). Ce furent des moments pénibles et douloureux. Equipées de jerricanes, de bassines, de bidons, de seaux et autres récipients, les populations étaient obligées de se ravitailler grâce aux puits et autres points d’eau avec les risques d’infection que cela comportaient. Se laver, cuisiner, aller au travail et même boire devenaient un souci quotidien. Il fallait par moment être sur pied de bonne heure pour espérer se procurer le liquide source de vie. Parfois même, certains passaient toute une journée pour n’avoir ne serait-ce qu’un seul bidon d’eau. Inutile de vous dire que cette situation entraînait des palabres interminables. La situation qui se signalait depuis les mois de septembre et octobre 2017, va connaître son pique dans le mois de mars 2018. Les autorités locales vont s’atteler à soulager les populations comme elles pouvaient. Venue en renfort, l’Office national de l’eau potable (ONEP) a déployé 9 citernes de ravitaillement dans la ville mais elles n’arrivaient pas à couvrir les besoins en eau. Malgré tous ces bons offices, des populations vont se plaindre de ce que certains quartiers n’avaient jamais pu être desservis. En attendant, les habitants de Bouaké seront tributaires des camions citernes ou étaient obligés d’acheter de l’eau minérale… mais le prix de la bouteille avait déjà doublé, voir triplé. L’année 2018 fut donc une année difficile pour les populations de Bouaké. « Je me souviens de cette fameuse année 2018 comme si c’était hier. Femmes, et enfants avec des cuvettes ou des bidons dans les marécages ou en rangs devant des puits. Nous autres laveurs d’autos, étions sur le point de perdre notre boulot. Cette année fut pénible pour tous les riverains de Bouaké. L’eau étant source de vie comme on le dit, notre vie était en danger puisqu’elle nous manquait. Dieu merci, le gouvernement a pu solutionner la question. Aujourd’hui, avec le raccordement de la ville au fleuve Bandama depuis Béoumi, je crois que ce problème sera derrière nous pour longtemps. Je dis un grand merci au gouvernement », va dire le jeune laveur d’autos Hamed Kane.

Le gouvernement en pompier 

Dans l’immédiat, il fallait parer au plus pressé en offrant aux populations le minimum en termes de ravitaillement en eau potable. Au plan local, les autorités prennent des mesures importantes. L’exploitation du sable sur le site du barrage est désormais strictement interdite. De nouveaux sites d’exploitations de sables ont été ouverts loin de la Loka. La Chefferie traditionnelle, elle aussi a joué son rôle à travers plusieurs cérémonies d’adoration des mannes et des génies du site du barrage que l’on disait en colère contre l’exploitation des carrières de sables. Tous les volets (scientifique et technique, traditionnel, mystique…) ont été exploités. « Nous rentrons dans une période de rationnement de l’eau et cette eau sera rationnée jusqu’à la mise en place de la solution définitive qui est de relier la ville de Bouaké au Lac de Kossou. » rassurait le maire de Bouaké, Nicolas Djibo qui s’attelait à la distribution d’eau minérale aux populations dans plusieurs quartiers. Un projet urgent de 10 forages connectés au réseau d’adduction d’eau a été lancé mardi 17 avril 2018. Ces forages, une fois raccordés au réseau de distribution de la SODECI, vont porter leurs fruits au point où dans certains quartiers, l’eau avait commencé à recouler dans les robinets à la place des cafards et autres insectes nuisibles qui étaient servis une fois les robinets ouverts. Hassane Cousteau Cissoko, directeur d’une société de forage qui passait d’un chantier à l’autre, nous rassurait: « Nous avons fini le premier forage et nous passons sur le second site dans deux ou trois heures », expliquait-t-il jeudi 19 avril depuis le quartier Houphouétville. Au total, les dix forages devraient permettre de distribuer 2 000 m3 d’eau par jour, de quoi « soulager les populations ». Mais ils étaient loin d’être assez pour remplacer le barrage de la Loka, jugeait M. Cissoko. En attendant que la situation s’améliore, l’hôpital de la ville, les deux prisons et les campus universitaires sont alimentés par des camions citernes. Ensuite des camions de l’ONEP vont entrer en action pour ravitailler les ménages quartiers par quartiers. Ces camions citernes sillonnaient continuellement la ville. Mais il fallait patienter tous les jours dans de longues files d’attente. Moins d’une dizaine au départ, leur nombre va évoluer à plusieurs dizaines au fur à mesure que les jours passaient. Même après que l’eau a recommencé à couler normalement dans les robinets, ces camions citernes ont poursuivi leur travail de ravitaillement en eau potable de nombreuses semaines durant. Mais bien avant, plusieurs ministres, ceux de l’Hydraulique Laurent Tiagba, des Infrastructures Amédée Kouakou, des ministres fils et ressortissants de Gbêkê, Jean Claude Kouassi, Amadou Koné, Sidi Touré auront eu le sommeil tellement trouble que leur va et vient à Bouaké ne se comptaient plus. Des pluies sporadiques viendront soulager quelque peu les populations, ni plus ni moins. Soucieux de résorber la question sur le long terme et de façon définitive, le Président de la République et son gouvernement optent pour le raccordement de Bouaké au fleuve Bandama situé à 70 kilomètres de la ville.

La situation aujour’hui

Depuis la solution Ouattara à la crise de l’eau de 2018, l’eau n’a pas arrêter de couler dans les robinets jusqu’à ce jour. Mieux, le ministre de l’hydraulique Laurent Tiagba qui était sur le terrain le 31 janvier 2021 pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux de raccordement de la ville et les localités environnantes au lac Kossou, a constaté que ces travaux étaient réalisés au moins à 36%. « Aujourd’hui, nous sommes  à 36% de taux d’avancement des travaux. Tout se déroule très bien et nous pensons que jusqu’en 2022, nous pourrons livrer le chantier », a déclaré M. Konaté de la délégation du ministre à la presse. Et le ministre lui-même de dire : « La matrice d’urgence qui avait été définie par le ministre Amédée Koffi Kouakou a bien été suivie par les directions générales de l’Office National de l’Eau Potable (ONEP) et de la SODECI. Nous sommes satisfaits de ce que nous avons pu constater sur le terrain ». La promesse du ministre de l’hydraulique en 2018 de régler la question de l’eau au moins jusqu’en 2047 est belle et bien tenue. Pour le grand bonheur de l’ensemble des populations de Bouaké, cette solution d’envergure viendra les mettre à l’abri des soucis d’eau sur une période d’au moins 40 ans. 

Les souvenirs de riverains 

Diomandé Ben, chef de communauté, « C’est une bonne chose d’avoir notre avis sur la question. Sans avoir interrogé toute ma communauté, je pense que la question de l’eau va beaucoup mieux aujourd’hui. En son temps nous avons été mis à rude épreuve. Il faut saluer et remercier tous ceux qui ont contribué à la résolution de cette crise qui nous empêchait de dormir. Certainement que le Chef de l’État est la première personne que nous devons saluer. Après lui, le gouvernement, les autorités de la ville et les populations elles-mêmes qui avaient su garder leur calme. Mais surtout merci à Dieu qui nous a envoyé la pluie en abondance pendant cette période difficile. Il ne faut pas l’oublier ». Rachelle Kouassi oseline Kalou, étudiante en Master 2 d’histoire « Franchement dit, si je n’étais pas étudiante à Bouaké, je serais parti de la ville. Cette période a été pénible pour nous étudiants. Dieu merci, le Président soucieux de la vie de ses populations, n’a pas oublié les étudiants de Bouaké aux heures chaudes. Aujourd’hui grâce à lui, le problème de l’eau est derrière. Je tiens à lui dire énormément merci. J’espère et je souhaite que des voix plus autorisées le fassent, parce que tous, nous avons crié dans le temps. Maintenant que ça va, il faut être reconnaissant à celui qui a permis que cela se fasse. Nous nous souviendrons de crise pendant longtemps encore». Dame Amie Traoré Céline, comptable dans une société de la place, « C’est comme si c’était juste. On a l’habitude de dire à César ce qui est à César. Le problème de l’eau ne s’est pas réglé de lui même. C’est grâce à un homme. Cet homme s’appelle Alassane Ouattara. J’ai toujours suggérer que les décideurs de la ville initient une fête de l’eau où l’ensemble des populations devraient dire merci au Président de la République. En son temps, on nous avait dit qu’il fallait au moins deux ans pour trouver une solution au problème d’eau à Bouaké. Mais en six mois la question avait été traitée par le gouvernement. Et depuis nous n’avons plus connu une quelconque pénurie d’eau, si ce n’est des coupures d’eau sporadiques. Grand merci à ADO ». 

Au total, ceux qui ont vécu la crise de l’eau, s’en souviendront encore pour longtemps. Mais l’on se souviendra aussi et surtout que le Président de la République n’avait jamais abandonné Bouaké pendant cette période douloureuse. Annoncée pour ne pas connaître une solution avant deux ans, Alassane Ouattara avait mis tout en œuvre pour apporter à cette crise une solution seulement six mois après. Depuis et jusqu’à ce jour l’eau coule dans les robinets à Bouaké sans arrêt.

JPH

 


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