Côte d’Ivoire/Célébration de la fête de Pâques en pays Baoulé. Déjà la ruée vers les villages

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Comme de coutume, cette année encore le peuple Baoulé va célébrer avec faste la fête de Pâques, (Paquinou) à Bouaké. Pour l’occasion, à moins d’une semaine du jour J, les différentes gares des sous préfectures de la capitale du centre sont prises d’assaut par de nombreux voyageurs. Ce sont en majorité des ressortissants de la région installés pour la plupart dans d’autres régions du pays ou qui résident hors des frontières nationales. Mais aussi bien de fois, ces hommes et femmes se font accompagner par des amis qui ont choisi de partager avec eux la joie que procure ce moment. 

Inutile de revenir de façon formelle sur les raisons de ce déferlement humain. Toutefois pour la cause, l’on retiendra avec Dame Akissi Marguerite rencontrée à la gare de Sakassou, en provenance de Bonoua que la période de Pâques est un moment spécial pour elle. << Chaque année je dois venir au village à Pâques, parce que c’est un cadre idéal de retrouvailles pour toute la grande famille. Après un an de travail acharné loin des parents, il faut venir communier avec eux, louer le Seigneur et lui dire merci de nous maintenir en vie. Etant humain, on profite également pour réparer les torts que nous avons pu nous faire entre nous dans la famille, mais aussi dans l’ensemble du village. Cela nous permet de repartir de bon pied avec la bénédiction des mannes. En tout cas pour rien au monde, il ne faut rater ce rendez-vous >>, dira-t-elle. 

Après la gare de Sakassou, nous mettons le cap sur la gare de Diabo. Même ambiance, même décor. << Ce moment est une occasion pour nous qui venons rarement au village pour rectifier le tir. Quand tu ne viens pas au village, les parents peuvent se fâcher contre toi. Il faut donc venir leur demander pardon et justifier pourquoi cela t’est arrivé. Dans mon cas, j’avais choisi de travailler dur pour avoir un peu d’argent et venir construire une petite maison. Je n’ai pas eu grande chose, mais je peux au moins commencer. Chez nous même si tu es ministre et que tu n’as pas construit au village, personne ne te respecte. Voilà pourquoi cette année il fallait que je vienne au village >>, a justifié Konan N’dri Paulin, planteur à Soubré. « Chez nous les chrétiens, la fête de Pâques représente un grand moment. Nous ressuscitons avec le Christ. Il est donc normal qu’on vienne au village pour prendre un  nouveau départ. Aujourd’hui beaucoup de peuples essaient de faire comme le Baoulé. Cela démontre que c’est une bonne chose », va nous dire Yao Kouassi Désiré, couturier à Man. 

Des voyageurs adultes avec enfants et de nombreux bagages font la course pour occuper le premier véhicule qui arrive en gare pour charger. Il n’y a pas de rangs. Le seul critère valable, avoir la force et la rapidité pour se faire une place dans le véhicule. Les transporteurs semblent impuissants face à ce désordre. Ils préfèrent attendre que leur camion fasse le plein de ses passagers avant de passer à l’encaissement et à l’embarcation des bagages. 

<< C’est comme cela depuis le lundi 15 avril. Nous sommes débordés. Les passagers arrivent sans cesse et nous sommes obligés d’effectuer plusieurs voyages parfois tard dans la nuit >>, affirme Dao Moussa chauffeur d’un mini car de transport. << C’est notre traite. La semaine a bien commencé, c’est bon pour nous. Des que les premiers cars arrivent d’Abidjan, il n’ y a plus de repos pour nous >>, avoue-t-il.

Cela est pareil pour les commerçants installés dans ces gares et les vendeurs ambulants. Tous reconnaissent faire de bonnes affaires en cette période pascale. << Je vends beaucoup de choses. Du pain, des boîtes de sardines, des sucreries. Vraiment ça marche ces temps-ci. Mais après la fête, nous allons retomber dans les moments difficiles. Il faut donc profiter au maximum. Voilà pourquoi nous veillons ici à la gare. Les gens arrivent à toute heure. Parfois quand il n’ y a pas de camion, ils passent la nuit avec nous >>, nous raconte Kéita Mariam. Même chanson pour ce vendeur ambulant, chargé de marchandises diverses, (chaussures, torches, ceintures, pochettes de téléphones portables…) << Oui ça va. On ne peut pas se plaindre ces deux jours >>, reconnaît-il. Les restauratrices dans toutes ces gares se frottent également les mains. << Quand ça va il faut le reconnaitre et dire merci à Dieu. Nous avons dû augmenter la quantité de la nourriture, mais ça ne suffit toujours pas. C’est comme ça à chaque fête de Pâques. On se tire d’affaires >>, a dit Kra Monique à la gare de Béoumi. 

Dans les grandes gares des compagnies de transports, les arrivages sont plus fréquents que les allers. Pour l’occasion, certaines d’entre elles ont vu naître à côté d’elles de petites gares occasionnelles. << Depuis Abidjan, nous nous sommes organisés pou rentrer au village en convoi. Un mini car va venir nous chercher directement ici. Cela va nous éviter les éventuelles pertes de bagages et une fatigue supplémentaire parce que dans les gares des villages, les véhicules arrivent à manquer >>, nous confie Kacou Djè.

Pour notre part avec ce qu’il nous est donné de voir dans les gares avant le dimanche jour de la fête, nous pouvons affirmer que cette année encore, le peuple Baoulé ne va pas faillir à la tradition. Reste à demander aux automobilistes d’être prudents pour ne pas gâcher la fête.

JPH

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