Le mardi 1er août 2023, la nouvelle du décès du Président Aimé Henri Konan Bédié est tombée sur la tête de nombreux fils de la capitale de la région de l’Iffou, comme un couperet. Parmi ceux-ci, se trouve le sénateur El Hadj Lamine Konaté, fils et cadre de Daoukro, secrétaire départemental Daoukro Est. Militant de première heure du Rassemblement des Républicains (RDR) dont il est nul doute, le principal acteur de sa création à Daoukro. Lamine Konaté appelé le « Chinois » pour sa méthode silencieuse mais efficace pour l’enracinement de son parti, fondu aujourd’hui dans le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), entretenait des rapports courtois, donc loin de toute animosité avec le Président Bédié. Malgré son choix politique. La nouvelle du décès du sphinx de Daoukro qui a secoué l’ensemble de la Côte d’Ivoire, a été durement ressentie par le sénateur RHDP de la région de l’Iffou.
IVOIRECHO. Bonjour El Hadj. Comment avez-vous appris la nouvelle de la disparition du Président Bédié, le fils le plus illustre de Daoukro ?
El Hadj Lamine Konaté.
Je n’étais pas sur place à Daoukro. C’est vers 18h30 que j’ai été appelé par des personnes pour m’annoncer la triste nouvelle. Aussitôt, étant à Abidjan, j’ai voulu en avoir le cœur net. J’ai appelé à Daoukro et l’on m’a fait entendre qu’effectivement un hélicoptère était venu chercher le Président Bédié pour la Pisam et que malheureusement, ça n’avait pas marché. C’était difficile de croire puis accepter parce que je n’avais pas connaissance, ces derniers temps, qu’il souffrait d’une quelconque maladie. J’ai ressenti avec beaucoup de peine l’annonce de la terrible nouvelle.
IVOIRECHO.En tant que fils, cadre de Daoukro et surtout militant de première heure du RDR puis du RHDP aujourd’hui, quels ont été vos rapports ?
E.H.L.K.
Nos rapports étaient des plus fraternels. Dès que je suis rentré de mes études de France, je me suis mis dans son équipe parce qu’il était notre leader. Nous avons œuvré pour qu’il soit élu député. Nous avons aussi travaillé, pour qu’il soit maire. J’ai fait l’enfance socialement et scolairement avec ses neveux de ma génération. Lorsque j’ai commencé à militer au RDR (Rassemblement Des Républicains), il n’y a pas eu d’animosité entre nous. Lui-même disait laisser Lamine faire » son RDR ». La confiance régnait tellement entre nous que lorsque ses proches lui signifiaient que Lamine Konaté est au RDR, il leur répondait « Le RDR n’est-il pas un Parti Ivoirien ? » « Lamine n’est-il pas Ivoirien ? Est-ce qu’il n’est pas fils de Daoukro ? Alors laisser le faire « son RDR ».
IVOIRECHO. Que ressentez-vous aujourd’hui au moment de la disparition de ce grand homme ?
E.H.L.K.
Je note qu’il a fait beaucoup pour Daoukro et pour la Côte d’Ivoire. En 1994-1995, il a voulu réhabiliter la mosquée de Daoukro. Il m’a appelé pour me demander de m’occuper de la mosquée des parents. Il me disait que dans le passé, il a financé beaucoup de travaux sur la mosquée et que cela n’a jamais été de son goût. Il m’a dit que cette fois ci, il me faisait confiance, et que j’avais les mains libres. Pour lui, la mosquée de sa ville devait être la plus belle. Le travail a été donc fait mais inachevé. Son vœu était qu’un Dôme de couleur bleue soit installé sur la toiture, comme celui sur la mosquée du Plateau. Parce qu’il souhaitait que les mosquées de Daoukro et du Plateau soient un modèle en Côte d’Ivoire, d’une mosquée qu’il a vue en Turquie. Malheureusement, le coup d’Etat de 99 est venu mettre à mal le projet qui n’a pu aboutir. Récemment, il y a trois ans, il m’a d’abord exprimé son souhait d’organiser la cérémonie officielle d’ouverture de la Grande mosquée. Nous avons fait ensemble le point de ce qui devait être fait. Il m’a alors dit de relancer les travaux de renforcement de la mosquée. Et m’a demandé de contacter le Bnetd, à cet effet qui a fait des études et un devis nécessaires. Lorsqu’il a pris connaissance du résultat, il m’a aussi dit de garder les études et que lorsqu’il aurait les moyens, il m’appellerait pour qu’on achève totalement la mosquée. Vous voyez bien à travers ce petit témoignage parmi tant d’autres que je pouvais relever, que nos rapports étaient fraternels bien même que je sois un militant actif du Rhdp bien reconnu à Daoukro, voire dans l’Iffou.
JPH