En visite en Côte d’Ivoire, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la France, Jean Yves Le Drian a lancé dans la matinée, dans le village d’Abrebi à Jacqueville sur le site de Mongogrin, les travaux de construction de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, en présence du ministère d’Etat, ministre de la Défense de Côte d’Ivoire, Hamed Bakayoko.
Plusieurs autres membres du gouvernement ivoirien, l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire et les officiers supérieurs de l’armée ont effectué le déplacement du village d’Abrebi situé à environ 20 km de Jacqueville.
Le ministre français a saisi l’occasion pour rappeler les événements douloureux de Grand-Bassam survenus le 13 mars 2016 qui ont occasionné des morts d’hommes suite à l’attaque terroriste.
« Je ne peux m’empêcher néanmoins de penser à cette date de 13 mars 2016, où non loin d’ici, des ivoiriens et des français ont été fauchés par les balles de térroristes, » a déclaré Jean Yves Le Drian.
« C’est justement contre le terrorisme que nous avons décidé de lutter ensemble et c’est pour affirmer notre détermination à mener ce combat côte à côte que nous sommes réunis ici au lancement du projet de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, » ajoutera-t-il.
Selon lui, l’Académie sera une école de formations de cadres, un camp d’entraînement et un institut de recherches stratégiques qui permettra le partage des expériences et permettra d’avoir une collaboration renforcée entre la France et la Côte d’Ivoire et de mettre en place des outils de riposte coordonnés et concertés contre le terrorisme.
Le ministre français a soutenu que la particularité c’est le fait que cette Académie réunira tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le terrorisme, que ce soit les acteurs qui viennent du monde du renseignement, des unités spécialisées des forces armées, les forces de sécurité intérieur ou du monde judiciaire pour qu’il y ait une approche globale de la lutte contre le terrorisme que l’ensemble des acteurs puissent mutualiser leurs forces en compétence et leurs informations.
Il a enfin rassuré les autorités ivoiriennes du soutien de son pays dans la réalisation de cet important projet de lutte contre le terrorisme.
« La France est partenaire totale de cette initiative, nous avons déjà trois coopérants qui participent avec plusieurs de leurs collègues ivoiriens, dans l’élaboration du projet. Demain nos unités d’élite, que ce soit le GIGN, le RAID ou les forces spéciales, épaulés par des magistrats spécialisés seront à vos côtés pour la formation des stagiaires. Donc c’est un partenariat essentiel. A la fois pour la sécurité de la Côte d’Ivoire mais aussi pour l’ensemble de la région et je suis convaincu que cette Académie aura une renommée internationale considérable, c’est ce que nous souhaitons, » a-t-il conclu.
Le ministre d’Etat, ministre de la Défense, Hamed Bakayoko estime qu’à travers le lancement des travaux, les deux pays viennent de mettre en place, la vision des présidents Ouattara et Macron de prévenir un fléau qui déstabilise l’Afrique et le monde.
« Nous venons poser un acte qui va permettre à nos populations de vivre dans plus de quiétude. Parce que bien souvent, les terroristes ont toujours eu une longueur d’avance sur nous. On intervenait toujours après coup, » s’est-il réjoui.
Pour lui, la création de l’Académie pour former les magistrats spécialisés dans le terrorisme, les policiers spécialisés et les militaires spécialisés, va permettre d’anticiper.
« Il nous appartient aujourd’hui de devancer ces actes là, par la connaissance par nos experts des modes opératoires, la connaissance par les experts de leurs moyens de financement, pour prévenir l’acte. Ne pas avoir à intervenir après l’acte, » a insisté le ministre ivoirien de la Défense.
Il a annoncé que l’Académie sera adossée par une base des forces spéciales ivoiriennes qui assurera la sécurité, souhaitant par ailleurs que ces travaux se déroulent rapidement.
Hamed Bakayoko a précisé que la première phase du projet va se réaliser sur une période de 10 mois et les travaux seront séquencés.
« La première phase prendra fin au premier semestre 2019, et elle sera complétée après 10 mois de travaux. 20 millions d’Euros sont prêts, » a-t-il expliqué.
Le ministre d’État, ministre de la Défense a révélé que les premières formations débuteront à la mi-novembre au niveau des sessions en attendant que l’Académie soit complètement prête.
Lors de la présentation du projet, le Colonel major Assamoi Djézou, Directeur général des affaires logistiques et techniques au ministère d’État, ministère de la Défense a indiqué que l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, sera bâti sur un site de 1171 hectares mis à disposition par l’État de Côte d’Ivoire.
Ce site est divisé en deux grands espaces. Le premier est dédié aux bâtiments de l’Académie environ 200 hectares avec un poste de commandement des bâtiments académiques dont un amphithéâtre de 200 placés ainsi que toutes les facilités de logement et d’habitation.
Le deuxième espaces est dédié à l’entraînement des unités spéciales construit sur près de 1000 hectares, avec un village de combat, des zones d’entraînements, une zone nautique.
Pour son volet pédagogique, le centre va proposer des formations qui concernent des niveaux stratégiques, préparatifs et tactiques.