Côte d’Ivoire/Une plainte contre Laurent Gbagbo en Belgique

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La Belgique a donné le week-end dernier son accord de principe pour recevoir sur son territoire l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo lorsque sera exécutée sa libération conditionnelle, décidée par la Cour pénale internationale (CPI) le 1er février. L’accusation n’est en effet pas arrivée à prouver sa responsabilité – et celle de son co-accusé, l’ex-chef de milice Charles Blé Goudé – dans des crimes contre l’humanité commis durant la crise ivoirienne de 2010-11, lorsque M. Gbagbo refusa de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara. Les deux accusés ont donc été acquittés par la CPI le 15 janvier dernier. Or, l’ancien chef d’État est toujours, en Belgique, sous le coup d’une plainte pour sa responsabilité dans le charnier de Yopougon (Abidjan).

La Belgique aurait été choisie comme résidence temporaire par Laurent Gbagbo, 74 ans, parce qu’y résiderait sa seconde épouse, Nady Bamba, 47 ans ; bien que chrétien, l’ex-Président a en effet deux femmes, la seconde ayant été épousée coutumièrement en 2001. Sa première épouse, l’ex-Première Dame Simone Gbagbo, 69 ans, considérée comme l’égérie des faucons du régime Gbagbo (2000-2010), a été condamnée à 20 ans de prison en Côte-d’Ivoire pour son rôle dans la crise ivoirienne de 2010-11et amnistiée il y a quelques mois par le président Alassane Ouattara.

Massacre vengeur

La plainte contre Laurent Gbagbo résulte de faits datant de l’arrivée au pouvoir de ce dernier, en 2000, à l’issue d’élections irrégulières, dont avaient été exclus les deux poids lourds de la politique ivoirienne, Ouattara et Henri KonanBédié.

Les élections avaient été organisées par le général Robert Guéi, arrivé au pouvoir par un coup d’État contre le président Konan Bédié à la Noël 1999. Dix mois plus tard, Guéi est battu à la présidentielle par Gbagbo, dont la victoire est annoncée le 25 octobre 2000. Le jour même, des heurts opposent d’abord les partisans de Guéï – qui tirent sur la foule – à ceux de Gbagbo, avant que l’armée rejoigne celui-ci ; puis d’autres heurts opposent les partisans de Gbagbo à ceux de Ouattara, alors que Gbagbo prête serment, le 26 octobre.

Dans cette situation insurrectionnelle, alors que la gendarmerie appuie Gbagbo, deux gendarmes sont tués. Leurs collègues considèrent que les coupables sont des partisans de Ouattara, originaire du nord du pays. Ils arrêtent alors une série de nordistes et des immigrés originaires des pays voisins sahéliens – étrangers auxquels la politique de l’”ivoirité”, soutenue par Konan Bedié et Gbagbo, assimile les nordistes – et tirent en rafales sur les prisonniers, raconteront plus tard deux rescapés du massacre. Le 27, on découvre un “charnier” à Yopougon, contenant 57 corps de nordistes et de Sahéliens.

Plainte en Belgique

Un des deux rescapés – qui sont un Guinéen et un Ivoirien du Nord -, avec l’aide de l’ONG belge “Prévention Génocide”, avait porté plainte en Belgique contre Robert Guéï (qui sera assassiné en 2002, au début de la guerre civile) et LaurentGbagbo. Le plaignant est Brahima Touré, un charpentier de 19 ans lors du massacre, qui “ne s’occupait pas de politique” et a été arrêté parce qu’il était nordiste. Il a déposé sa plainte pour crimes contre l’humanité au titre de la loi belge dite “de compétence universelle” de 1999, au nom de 150 plaignants, des proches de victimes. Brahima Touré avait reçu le statut de réfugié politique dans notre pays.

Sous la présidence Gbagbo, un procès se tiendra bien contre huit gendarmes pour le charnier de Yopougon, mais …dans le principal camp de la gendarmerie, à Agban (Abidjan), où n’osaient venir les nordistes alors que la politique d’”ivoirité” était toujours de mise. Les huit accusés furent relaxés.

sources La Libre AFRIQUE

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