Empoisonnement de Alexei Navalni/Le doigt accusateur de l’Europe vers Moscou

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Les Européens ont fait part de leur indignation après la confirmation qu’Alexei Nzvalny à bien été empoisonné par un agent toxique d’origine russe et militaire, le Novichok. Ils ont exigé collectivement des explications, exhortant le Kremlin à mener une enquête urgente et transparente pour éclaircir l’origine de cet «acte méprisable et lâche». Chef de file, Angela Merkel à dénoncé « un crime » qui visait à réduire au silence l’opposant de Vladimir Poutine. «De très graves questions se posent à présent, auxquelles seul le gouvernement russe peut et doit répondre», a prévenu la chancelière. Le Royaume-Uni a appelé la Russie à «dire la vérité» et même l’Italie, d’ordinaire complaisante avec le régime russe, a «condamné ce crime avec force». La Pologne a appelé à «punir les coupables».

Même son de cloche à Paris, où le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé «l’utilisation d’armes chimiques, en tout lieu, à tout moment, par quiconque et en toutes circonstances». Dans les capitales européennes, l’empoisonnement de Navalny au Novichok est considéré par des diplomates comme «un acte lourd». «L’affaire a provoqué un effet de sidération. Il y a une double interrogation. L’empoisonnement a-t-il été ordonné par Vladimir Poutine ou l’un de ses proches? Ou relève-t-il de l’initiative de certains services qui se sentent tout permis, y compris d’utiliser une arme chimique militaire sans l’accord de leur hiérarchie? Dans les deux cas, l’affaire est grave», analyse l’un d’eux.

Elle pourrait ne pas rester sans conséquences. Si la politique française de rapprochement avec la Russie n’est pas pour l’instant remise en cause, certains s’interrogent sur le maintien de la réunion «2+2» entre les ministres des Affaires étrangères et de la Défense français et russes, qui doit avoir lieu dans la capitale mi-septembre. Et même sur la visite que doit effectuer Emmanuel Macron en Russie dans les prochaines semaines. «Il faut d’abord que la Russie s’explique», dit un diplomate.

En mars 2018, l’empoisonnement au Novichok de l’ancien agent double Sergueï Skripal à Salisbury, en Grande-Bretagne, avait entraîné l’expulsion, dans les pays occidentaux, de plusieurs dizaines de diplomates russes soupçonnés d’être des agents. Pas plus que les sanctions économiques prises après l’annexion de la Crimée, ces mesures n’ont permis de dissuader la Russie. La réaction européenne va-t-elle franchir un nouveau pas avec l’affaire Navalny? «Il est trop tôt pour le dire», prévient un diplomate. Mais déjà des voix s’élèvent en Allemagne pour geler les travaux du gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne qui doit entrer en service début 2021.

«Nous devons faire de la politique dure, répondre avec le seul langage que Vladimir Poutine comprend, celui des ventes d’armes», a plaidé Norbert Röttgen, le chef du comité des Affaires étrangères du Parlement, au micro d’une radio allemande. L’arme du gaz est aussi défendue par Wolfgang Ischinger, influent président de la Conférence sur la sécurité de Munich et ancien ambassadeur à Washington. «Il ne s’agit pas de construire un mur entre l’Occident et la Russie, ce serait aller trop loin, mais de prendre un chemin intermédiaire, quelque part entre les gestes diplomatiques et le boycott total

Un geste qui pourrait aussi servir d’avertissement pour la Biélorussie, dont certains experts craignent que le président russe soit en train d’en préparer l’annexion.

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