Le mouvement de grève entamé par les personnels de la santé depuis le lundi 5 novembre dernier a d’énormes répercussions sur les sur les populations de Bouaké. Ce mouvement largement suivi par les hommes en blouses blanches dans les centres de santé de la ville, notamment à Nimbo, Air france et Agnouhansou, pour ne citer que ceux là, est relativement suivi au Chu où le service minimum est observé dans les services des urgences et à la maternité. En y faisant un tour ce matin aux environs de 11h, ce sont des patients et parents de patients aux fortunes diverses que nous avons rencontres « Je me nomme Adama Doumbia, je suis tapissier. Ce matin je suis venu avec mon fils blessé dans un incendie. Nous avons été reçus aux urgences. D’abord on m’a donné une ordonnance et je suis allé acheter les médicaments dans une pharmacie en ville. A mon retour, ils ont pris mon fils en charge et vous voyez bien qu’il a les pieds et les mains bandés. C’est dire que j’ai été reçu, même si je dois reconnaître que le service est plus lent que d’ordinaire. Je ne sais pas si la même chose partout ». K.J.Marc, un vigile trouvé aux urgences témoigne que les urgences fonctionnent mais pas la radiologie. « Aux urgences on travaille, mais juste à côté, ce n’est pas le cas pour la radio. Tous les malades qui viennent pour une radio sont invités à aller en ville. Pour la seule journée d’hier mardi, j’ai vu deux cas de décès de mes propres yeux. Ils devaient être opérés, malheureusement aucun médecin n’était là pour faire l’intervention ». Dame Solange Kanga, les larmes aux yeux, rencontrée dans une allée du Chu a dit avoir fait le tour de plusieurs bureaux sans succès. « C’est mon père qui est malade. Je l’ai laissé a l’entrée pour venir voir si on pouvait me recevoir aujourd’hui parce que je suis là depuis hier. Mais on me dit d’aller dans une clinique. Je n’ai pas d’argent. Je ne sais pas que faire. Mon père n’arrête pas de se plaindre de douleurs au bas vente ». Cap est mis sur la maternité où Madame Diawara Sara dit être avec sa sœur Diawara Sita pour un accouchement. « Dès que nous sommes arrivés, une sage femme est venue prendre en charge ma sœur. Elle m’a rassurée de me tranquilliser que ma sœur allait accoucher. Elle est présentement en salle d’accouchement avec elle. Mon mari et mois sommes donc assis dans le hall à attendre ». Au restaurant de Chu, sous le couvert de l’anonymat, une cuisinière nous informe que le service tourne au ralenti. « Nous travaillons en fonction des services de l’hôpital. Mais comme tout est paralysé, nous ne tournons pas en plein temps. La grève ne nous concerne pas. C’est parce que tout est presque bloqué ». En dehors des urgences et de la maternité, les autres services ne fonctionnent pas. Au centre de santé d’Ahougnansou, aucun service n’est fonctionnel au point où l’on a du mal à imaginer si cette structure a une fois fonctionné. En dehors d’un technicien de surface occupé à couper les herbes, aucun homme ni femme en blouse n’a été aperçu. « C’est comme ça depuis le lundi. Tous les bureaux sont fermés et aucun malade ne vient ici », nous dit le seul manœuvre présent sur les lieux. Au centre de santé d’Air France, nous avons rencontré deux agents en civil qui nous ont fait savoir qu’il n y a pas de travail et que la grève pourrait même se durcir. Au total, la grève des agents de la santé est suivie à Bouaké. Hors mis le chu, le service minimum n’est même pas assuré dans les centres de santé de quartiers. Cela ne laisse bien entendu aucun choix aux malades que de s’orienter vers les officines privées.
JPH