L’honorable Deby Yao Benjamin: « Non, la région de l’Iffou n’est pas la chasse gardée du PDCI-RDA »

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INTERVIEW AVEC L’HONORABLE DEBY YAO BENJAMIN ANCIEN DÉPUTÉ DE PRIKRO

L’honorable Deby Yao catégorie : « La région de l’Iffou n’est pas la chasse gardée du PDCI-RDA »

Absent sur la scène politique depuis un certain temps, Deby Yao Benjamin, député de la circonscription de Prikro de 2011 à 2016 rompt le silence. Dans cet entretien réalisé avec lui, il donne les raisons de son silence momentané, parle de l’élection législative de 2016 perdue, analyse les forces du RHDP dans la région de l’Iffou qualifiée de bastion du PDCI-RDA et se prononce sur l’actualité brûlante dominée par la démission de Guillaume Soro de la présidence de l’Assemblée nationale et son remplacement par Amadou Soumahoro puis la dernière sortie du président Henri Konan Bédié à Yamoussoukro.

Deby Yao Benjamin. Bonjour. Merci à Le Patriote de me donner l’occasion de m’exprimer sur un certain nombre de sujets concernant surtout ma région natale, l’Iffou. Au cours de la première phase de mon mandat, 2011 à 2013, nous avons posé personnellement des actes sociaux en faveur de plusieurs parents. Entre autres aider des parents musulmans à effectuerle hadj, aider à la scolarisation de plusieurs enfants, aidé à prendre en charge plusieurs ordonnances médicales etc. À côté de ces actions individuelles, il y a les grandes actions de développement réalisées par le Président de la RépubliqueAlassane Ouattara et son gouvernement en faveur de la région de l’Iffou. Pour la première fois et ce depuis 40 ans, Prikro a bénéficié du bitume. Certains de nos parents n’ont pas eu la chance de voir le goudron jusqu’à leur mort. Le Président Alassane Ouattara nous a offert 3 km de bitume, une aire publique de plus d’un hectare bitumée qui sert aujourd’hui de place pour les cérémonies. En plus de cela, plus de 23 villages ont été électrifiés, et aujourd’hui c’est plutôt les villages non éclairés qui se comportent au bout des doigts qu’il faut bien sûr électrifier. Toutes nos pistes ont été reprofilées, une soixantaine de pompes villageoises ont été réparées, des châteaux d’eau ont été construits, de même que des écoles. L’hôpital général de Prikro a été entièrement réhabilité et équipé et présente fière allure. Toutes ces réalisations en faveur de nos populations ne sont pas exhaustives. La cerise sur le gâteau est la construction du pont de Serebou qui relie les peuples frères Anoh et du Gontougo. Alors pourquoi ne pas être reconnaissant à celui qui vous a donné toutes ces choses ? Évidemment pour nous, avec tous ces acquis, nous étions en doit de solliciter un deuxième mandat pour poursuivre le travail. Nous ne doutions pas de notre victoire en 2016 surtout que nous étions en RHDP. Malheureusementc’était mal connaître les ennemis du développement. Ils étaient même au sein du RHDP et ont réussi à embarquer certains de nos frères. Notre allié naturel en son temps, le PDCI-RDA a suscité une candidature camouflée en indépendant et a battu campagne contre nous. J’ai mal digéré que le parti du Président Alassane Ouattara perde la législative à Prikro. Ce n’était pas une bonne manière de lui dire merci après tant de bienfaits pour nous. Déçu par cette ingratitude, j’ai donc décidé de prendre du recul.

L’honorable Deby Yao Benjamin au cours d’une cérémonie à Daoukro

Le Patriote. Bonjour honorable. Qu’est-ce qui explique votre retrait de la scène politique depuis un certain temps ?

LP. Deby Yao signe-t-il son retour sur le terrain ?

D.Y.B. Oui en effet, il signe son retour. Nos populations ont le temps de juger les deux mandats. Ils savent aujourd’hui si nos successeurs ont fait mieux ou pas. En tout pour l’amour que nous avons pour le peuple Anoh, nous ne pouvons pas abonné le combat. Nous allons donc reprendre notre bâton de pèlerin là où nous l’avions laissé. Je refuse de m’asseoir et croiser les bras pour regarder les apprentis politiciens détruire l’œuvre immense du Président Alassane Ouattara. J’entends dire que la région de l’Iffou est le bastion du PDCI-RDA. Je m’inscris en faux. Ces qui était vrai hier, ne l’est pas forcément aujourd’hui.Je voudrais rappeler pour cela quelques chiffres. A l’élection régionale en 2013, le RDR avait glané 33% sur l’ensemble de la région de l’Iffou et 35% à Daoukro dans l’antre du président Bédié. Figurez-vous, nous étions allés à cette élection sansfaire de pré-campagne et avions parcouru 100 villages sur 250en douze jours. Si le RDR seul a pu réaliser cette prouesse, nous sommes bien fondés de croire qu’aucune autre formation politique ne peut tenir devant le RHDP dont il fait partie désormais avec d’autres partis politiques non des moindres.Non la région de l’Iffou n’est pas la chasse gardée du PDCI-RDA. Cela a du prévaloir il y a 20, 30 voir 40 ans avant. Mais aujourd’hui beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Cette réalité est devenue de l’histoire. En 2016, malgré la tricherie et les coups bas de tous ordres, le PDCI ne nous a battus qu’avec un écart de 700 voix. En 2011, nous l’avions remporté avec une différence de 3000 voix. Tous les émissaires du RDR qui ont parcouru notre région, Maurice Bandama, Kandia Camara, Joël N’guessan, Camara Loukimane, Jeanne Peuhmon…ont des chiffres en terme de mobilisation au compte du RDR et aujourd’hui du RHDP. La région de l’Iffou n’appartient à personne.

L.P. Comment le RHDP peut définitivement renverser la tendance ?

D.Y.B. Ce qu’il faut pour ranger pour de bon le PDCI dans l’armoire aux oubliettes, c’est la promotion des cadres du RHDP. Il y a des hommes de valeur du RHDP à Daoukro, Ouellé, Prikro, M’bahiakro et Ettrokro. Ils attendent des nominations, il faut les nommer. Ce que nous avons constaté et qui en son temps n’a pas joué en faveur du RDR, c’était la non promotion de ses cadres. Nous avions compté 35 cadres du seul PDCI promus contre aucun pour le RDR. Malgré cela, nous sommes restés dignes et sereins. Il faut rendre forts les cadres du RHDP. Maintenant il y a des réglages à faire par localités. Il faut ériger Ouellé en département qui continue de dépendre de Daoukro. Le faisant, le premier ministre et le Président de la République nous donneront une grande force.Il y a aussi le bitumage de la voie Koffi Amonkro-Prikro-Bassawa. Si cette voie est bitumée, nous aurons Prikro et l’ensemble des localités rattachées acquises pour le RHDP à 95%. Des localités comme Bonguéra à M’bahiakro mérite des voies en meilleur état et des châteaux d’eau. A Ettrokro des villages attendent d’être éclaires. En gros il faut faire en sorte que les populations sentent que le parti est au pouvoir. Beaucoup a été fait. Aujourd’hui, Daoukro est ce qu’elle est grâce au Président Ouattara. Aucun Président avant lui n’avait au tant donné à cette ville. Nous sommes fiers de dire que Daoukro est l’une des villes les plus bitumées du pays avec 42 km de bitume et des feux tricolores de dernière génération.

L.P. L’actualité brûlante est dominée par la démission de Guillaume Soro, son remplacement par Amadou Soumahoro de la présidence de l’Assemblée nationale et la dernière sortie du président Bédié à Yamoussoukro. Votre regard sur les trois événements.

D.Y.B. Concernant la démission de Soro, je n’avais pas envie de me prononcer sur la question. Mais pour moi, c’est une grave erreur de sa part. En prenant ses distances vis-à-vis du RHDP, Soro ne fait pas bien. Chez nous les Akan il y a un proverbe qui dit que l’oiseau ne se fâche pas contre l’arbre. Son attitude ressemble à une défiance. Pour moi un enfant ne doit pas défier son père. J’espère qu’il s’en rendra vite compte et reviendra rapidement à la maison. Sa place ne peut et ne doit pas être ailleurs. Pour sa succession je me félicite du choix du ministre Amadou Soumahoro. Tout le monde le connaît. Amadou Soumahoro est un homme de devoir et de conviction. Je voudrais traduire toute ma reconnaissance aux députés qui l’ont élu. Avec le charisme de l’homme, je pense que c’est le bon choix. Bravo à Amadou Soumahoro que nous appelons affectueusement Tchomba. Je lui souhaite donc bon vent. Pour ce qui est de la sortie du président Bédié à Yamoussoukro, je pense que la sagesse dont il a toujours fait preuve, lui a fait défaut pour une fois. Son attitude peut créer le désordre dans le pays. Si on hue les envoyés du Président, c’est le Président lui-même qu’on hue. Il dit débaptiser le Président Alassane Ouattara. Si cela lui va c’est bon. Mais je retiens que ce n’est pas important. C’est une erreur grave. AlahGnissan n’est pas le nom de naissance de notre mentor. Donc c’est un détail pas important. Pour nous ces petites actions ne peuvent pas nous distraire de l’objectif final qui est la victoire du RHDP à la présidentielle en 2020. D’ailleurs comme le disent si bien des hommes avertis au RHDP, cette élection est bouclée. Il faut que les gens comprennent pourquoi elle est bouclée. Elle est bouclée pas parce que nous allons fouler au pied les bonnes pratiques démocratiques, mais parce qu’en matière de bilan, il n’ y a pas pareil. Les élections sont bouclées par le travail du Président. Le premier ministre Amadou Gon et le gouvernement sont quotidiennement au travail. Il serait hasardeux de ma part de vouloir citer toutes les actions du chef de l’État. Et comme en 2020 ce sera bilan contre bilan, alors le tour est déjà joué. Regarder comment le pays se développe. Tout bouge dans le sens du bien. En 2020 ce sera pour faire le bilan. Nos adversaires viendront avec leur bilan et nous avec le notre et le peuple jugera. Et comme le peuple connait ce qui est bon  lui, alors il n’y a pas de doute qu’il choisisse la continuité. Il faut donc arrêter les petits calculs. Même si on n’aime pas le lièvre il faut reconnaître qu’il court vite. Au moment opportun nous jeunes allons sortir pour demander au Président de la République de solliciter un troisième mandat, parce que sans lui, nous voyons flou pour la Côte d’Ivoire. Aucun Président après Houphouët-Boigny ne peut se targuer d’avoir fait le dixième de ce que le Président Alassane Ouattara a fait. Il faut regarder les actions concrètes et laisser de côté les petits calculs. Je suis de ceux qui pensent et souhaitent qu’il faut donner un troisième mandat au Président Ouattara.

L.P. Votre message à l’ensemble des Ivoiriens et singulièrement à votre base de Prikro.

D.Y.B. Je voudrais demander à l’ensemble de mes concitoyensde ne pas basculer dans les propos haineux. Certains à court d’arguments veulent emprunter malheureusement cette voie.C’est la voie de la division. Il faut leur dire non. Pour nous, si le Président Alassane Ouattara veut briguer un troisième mandat, ce qui relève de son droit, il faut le soutenir pour ce que le pays devient. Il ne faut pas prendre le risque d’aller à l’aventure. À mes parents de Prikro, je veux dire que je signe mon retour pour eux. Je leur demande de prier pour le premier ministre et le Président de la République. Notre route est un calvaire mais très bientôt ce sera un vieux souvenir. Il faut continuer de faire confiance au Président de la République et garder patience. Le jour se lève mettons tout dans la prière. Je voudrais pour nos trois grandes régions, l’Iffou, le Moronou et le N’zi saluer tous nos ainés de tous les bords politiques. Dans toutes ces régions aussi le terme de bastion reculé. Je voudrais saluer les doyens Lamine Konaté, Moussouaré…Il y a également les jeunes pousses qui sont prêts pour le combat du RHDP. Il faut citer Attoungbré, Abdoul Awassa, le maire EkraAntoine, docteur Bamba et bien d’autres encore. Je veux saluer encore une fois le vaillant peuple Anoh et l’ensemble des populations de l’Iffou. Merci à Le Patriote.

Entretien réalisé par Agnès Kouaho pour Le Patriote, repris par Ivoirecho


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