Mali/Barkhane et Wagner. Un départ acclamé, une arrivée célébrée

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Malians demonstrate against France and in support of Russia on the 60th anniversary of the independence of the Republic of Mali in 1960, in Bamako, Mali Tuesday, Sept. 22, 2020. Junta leader and now vice-president of the transitional government Col. Assimi Goita on Tuesday promised to "build a new Mali, a new Malian". Banner in French reads "Putin, the road to the future". (AP Photo)

Mais comment en est-on arrivé là ? Voilà sans doute une question qi trottine dans la tête de plusieurs observateurs de la situation malienne. L’armée française est arrivée au Mali il y a neuf bonnes années pour aider le peuple du Mali à repousser une vaste offensive jihadiste venue du Nord.  L’opération Barkhane a fait long feu. A l’heure du bilan, posons-nos une question: Les Français ont-ils réussi ou échoué dans leur mission au point où aujourd’hui leur départ soit acclamé et que l’arrivée des Russes, à travers Wagner soit célébrée.

DU TEMPS DE LA LUNE DE MIEL

Acclamé par la foule, salué en « héros », le discours du président français sur cette même place de l’Indépendance, le samedi 2 février 2013, restera comme le temps fort de sa visite au Mali :

« Je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie politique. Parce qu’à un moment, une décision doit être prise. Elle est grave, elle engage la vie d’hommes et de femmes, je l’ai prise au nom de la France », clame-t-il à la tribune, sous les vivats. La France et le Mali se battent ensemble, « en fraternité », a-t-il dit ce jour, avant d’ajouter « Le terrorisme a été repoussé, il a été chassé, mais il n’a pas encore été vaincu. La France est à vos côtés, non pas pour servir je ne sais quel intérêt, nous n’en avons aucun. Nous sommes à vos côtés pour le Mali tout entier et pour l’Afrique de l’Ouest. Nous nous battons ici pour que le Mali vive en paix et en démocratie ».

LE MOMENT DU DIVORCE

Qui aurait pu alors imaginer que la plus grande opération extérieure française se solderait par un départ du Mali dans un tel climat de défiance. Barkhane, qui a payé un lourd tribut avec 53 morts, a pourtant toujours été efficace à l’aune de son mandat. Chargée dans un premier temps de contenir la poussée jihadiste, elle a permis d’éviter la création d’un califat territorial.

Un an et demi après son lancement, en 2014, Serval devient Barkhane, un dispositif régional qui associe la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad.

Wagner arrive et achève la rupture

Mais la menace terroriste n’a pas disparu dans la zone des trois frontières, aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Lors du sommet de Pau en janvier 2020, le président Macron décide d’envoyer des renforts et de porter la force à plus de 5 000 hommes. L’État islamique au Grand Sahara (EIGS) est alors désigné ennemi numéro un. À l’été 2021, Adnane Abou Walid al-Sahraoui, le chef de l’EIGS, est neutralisé par une frappe aérienne. Abdelmalek Droukdel, chef du groupe rival Aqmi, est éliminé de la même façon en juin 2020.

Grâce aux partenariats militaires opérationnels, Barkhane a aussi permis une montée en gamme des forces armées maliennes. Mais les succès tactiques ne font pas une victoire. L’État malien n’a jamais réellement pris pied au nord du Mali, laissant le champ libre notamment aux groupes jihadistes, à l’instar du Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) de Iyad Ag Ghali.

Les choses commencent à se gâter en juin dernier où le président français annonce une réorganisation de l’opération Barkhane et le départ des soldats français de trois bases du Mali.

Va s’en suivre une escalade verbale entre les autorités françaises et maliennes et l’expulsion de l’ambassadeur de France à Bamako. Le tout sur fond de sentiment anti-français croissant au Sahel et, plus récemment, de l’arrivée des mercenaires russes de Wagner au Mali jamais officiellement confirmée ni démentie par les autorités maliennes, quand bien même la France, ses alliés et les Etats Unis sont formels sur la question: « Wagner est bel et bien présent au Mali ». « Wagner est une milice privée qui s’est illustrée par des exactions. C’est absolument inconciliable avec notre présence », dira le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian.

L’escalade verbale s’accentue entre les deux camps jusqu’à aboutir à l’expulsion de l’ambassadeur de France du mali qui marque le pic de la crise. Aujourd’hui, les Maliens estiment désormais la présence française contraire aux intérêts de leur pays et affichent clairement leur opposition à la politique française au Mali, au Sahel.

« FRANCE DEHORS, BIENVENUE BARKHANE » pourrait-on caricaturer.

JPH, sources Rfi

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