L’ancien président du Niger, Mamadou Tandja, est décédé mardi à l’âge de 82 ans. L’homme aura été adulé, puis finalement renversé par un coup d’Etat après avoir tenté de s’accrocher au pouvoir.
Mamadou « Baba » Tandja a présidé le Niger de 1999 à 2010. Vers la fin de sa vie, les Nigériens retenaient surtout son image de Père de la Nation (« Baba Tandja »), de l’homme qui avait lutté contre la pauvreté de ses concitoyens. Un ancien conseiller à la présidence, Oumarou Cissé Issa, allait même récemment jusqu’à le qualifier de « légende ».
Colonel de l’armée, Mamadou Tandja s’est fait connaître par un coup d’Etat, en avril 1974. Il avait alors participé à renverser Hamani Diori, le premier président du Niger post-indépendance, par les putschistes conduits par le général Seyni Kountché. Rapidement, Mamadou Tandja devient homme d’Etat, il est plusieurs fois nommé préfet et ministre de l’Intérieur.
En mai 1990, il dirige la répression d’une manifestation de Touaregs qui se solde par un bain de sang (63 morts) et qui déclenche la première rébellion dans le nord, entre 1991 et 1995. Membre du MNSD (ancien parti unique), Mamadou Tandja devient président en 1999. Il est réélu en 2004. A la fin des années 2000, de 2007 à 2009, il doit faire face à une nouvelle rébellion touareg. Il ordonne à l’armée de mater ce mouvement.
C’est sur le plan social que Mamadou Tandja laisse les meilleurs souvenirs, car il aura tenté de « renforcer le pouvoir d’achat des paysans » afin qu’ils puissent « mieux se nourrir », s’éduquer et « soigner leurs enfants », comme il le déclarera lui-même dans un discours.
Mamadou Tandja emploie les fonds provenant de l’annulation des dettes du Niger pour lancer aussi une politique de grands travaux (écoles, centres de santé, électrification etc.). Il encourage également le micro-crédit aux femmes dans les zones rurales, instaure la gratuité des soins pour les femmes et les enfants de moins de cinq ans. Mamadou Tandja est impitoyable vis à vis de la corruption et fait incarcérer des ministres et parfois même ses amis impliqués dans des affaires de malversations.
Il connaît une fin de règne tumultueuse
A la fin de son second mandat, Mamadou Tandja essaie de s’accrocher au pouvoir. Il tente, en 2009, d’organiser un référendum constitutionnel pour obtenir le droit de briguer un troisième mandat, contre l’avis de l’Assemblée nationale, qu’il dissout. La crise politique s’aggrave et en février 2010, Mamadou Tanja est renversé par un coup d’Etat, emprisonné puis relaxé en 2011 par la justice. En 2014, il refait parler de lui en réclamant un audit sur la gestion du pays par la junte militaire, entre 2010 et 2011. En 2015, Mamadou Tandja avait été soigné en France.