Présidentielle au Mali/Acte 2 entre IBK et Soumaïla Cissé

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Les ddux candidats arrivés en tête de l’élevtion présidentielle malienne se connaissent bien. Il y a 5 ans IBK l’avait emporté hauts les mains. Mais cette fois ci, les choses vont se passer autrement, clament les partisans de Soumaïla Cissé quand ceux d’IBK disent qu’il n’y a jamais un sans deux.

Dans les quartiers généraux des troisième et quatrième hommes de l’élection, le discours officiel est direct : pour le second tour de l’élection présidentielle malienne « c’est ni l’un ni l’autre ». Ni Aliou Diallo, l’homme d’affaires, ni Cheikh Modibo Diarra, l’astrophysicien de la Nasa, n’ont donné de consignes de vote. « Remplacer Ibrahim Boubacar Keita par Soumaïla Cissé n’est pas l’alternance. C’est ni plus ni moins qu’un jeu de chaise musicale », déclarait Cheikh Modibo Diarra devant ses partisans au lendemain de l’annonce des résultats définitifs du premier tour par la Cour constitutionnelle.

Les deux finalistes 2018 sont des figures de la vie politique malienne. Depuis les années 1990, leurs parcours s’entrecroisent. Ministres dans le même gouvernement, ils militent ensemble dans le parti historique du Mali : l’Adema. En 2002, ils s’affrontent pour prendre sa direction. Ce premier duel, IBK le perd, avant de prendre sa revanche en 2013 lorsqu’il devient président de la République avec 77 % des voix, quand Soumaïla Cissé en obtient 22 %. Cinq ans plus tard, le devant de la scène est toujours occupé par les mêmes hommes.

L’institutionnalisation du chef de file de l’opposition

Au début de l’année 2015, l’Assemblée nationale, où la mouvance présidentielle est majoritaire, adopte un projet de loi sur le statut du chef de file de l’opposition. Le parti Union pour la République et la démocratie (URD), qui au sein de l’opposition a le plus grand nombre de députés au Parlement, désigne Soumaïla Cissé. Dorénavant, il dispose d’un cabinet. Sa prise en charge est inscrite au budget national, à hauteur de 500 millions de francs cfa par an. Dans les textes, le président de la République peut consulter ce porte-parole qui jouit désormais d’une place dans le protocole d’Etat.

A ce titre, Soumaïla Cissé est invité au printemps 2015 pour l’un des temps forts du mandat IBK : les accords de paix d’Alger. Après trois années de conflit entre les autorités de Bamako et des groupes armés rebelles du nord et après une année de négociations périlleuses, la signature intervient. Le président est sur l’estrade aux côtés de nombreux chefs d’État africains et de leaders de la communauté internationale. « C’est une grande réussite du mandat. Désormais, il y a la paix entre frères maliens, ce qui n’était pas le cas en 2013 à l’arrivée du chef de l’État au pouvoir », déclare Mahamadou Camara, le directeur de la communication de la campagne d’IBK.

« A l’époque, nous avions émis des réserves sur cet accord mais nous pensions qu’avec une bonne gestion, les faiblesses pouvaient s’améliorer. Nous n’avons pas fait campagne ou gêner le gouvernement dans sa mise en oeuvre », se souvient le deuxième vice-président de l’URD, Ibrahima N’Diaye. Même si Soumaïla Cissé a effectivement toujours dénoncé sa lente et difficile application, il déclarait lors la cérémonie de signature à l’Office de radio et télévision malienne que « ce n’est pas le jour de la critique. C’est un jour où en tant que républicain, il faut juste être présent et témoigner. Demain, nous discuterons dans le détail de ce qui ne va pas ». En politique, « Soumaïla a toujours été l’homme qui ne fait pas de vague », analyse Issa N’Diaye, professeur à l’université de Bamako.

Bataille constitutionnelle

Mais deux ans plus tard, l’opposant est en première ligne. Si la réforme de la Constitution devait permettre de relancer ces accords d’Alger, selon les autorités, ce projet ne consolidait en rien la paix dans le nord mais risquait plutôt de faire d’IBK un super président aux pouvoirs accrus, assurait le camp de Soumaïla Cissé. « Nous avons réussi à convaincre tout le monde, à maintenir une opposition soudée et à faire plier le gouvernement », poursuit le cadre de l’URD, Ibrahima N’Diaye.

Mais pour d’autres observateurs, c’est plutôt l’opposition qui « raccroche les wagons » d’un mouvement populaire, issu de la société civile « Touche pas à ma Constitution » ou « Anté a bana », en bambara la langue nationale, un mouvement de jeunes, critique de la gestion d’IBK. Soumaïla Cissé a alors « sauté sur la campagne référendaire et a davantage surfé sur la vague », analyse Issa N’Diaye. Quoi qu’il en soit, après une série de manifestations, le gouvernement suspend l’organisation de sa réforme à l’été 2017.

A l’époque, chaque camp avait en ligne de mire l’ultime bataille, celle de l’élection présidentielle de 2018. Si l’opposition s’est « sentie pousser des ailes » grâce à la mobilisation, affirme un proche de Soumaïla Cissé, « elle était plutôt un prétexte car nous n’avons jamais entendu leurs contre-propositions pendant cinq ans », rétorque le camp présidentiel. « Aujourd’hui encore, l’opposition tente de mobiliser à tout prix pour barrer la route à un second mandat d’IBK. Soumaïla Cissé joue sa dernière carte politique. Il y a des jeunes loups qui veulent la place », poursuit le professeur malien. Pour IBK aussi, le contexte a changé. Si en 2013, il jouissait de l’image relative de « l’homme de la situation », selon Issa N’Diaye, il doit aujourd’hui, à 73 ans, défendre son bilan.

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