SOUS-PRÉFECTURE D’ARIKOKAHA/141 femmes de la coopérative « Yelamplin » de Nangoniekaha en quête de marché pour écouler leur production d’oignon violet

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« Yelamplin », entendez par là, mettons-nous ensemble, est le nom de la coopérative de 141 femmes dont 06 hommes du village de Nangoniekaha dans la sous-préfecture d’Arikokaha. Cette coopérative est spécialisée dans la production de l’oignon violet qui pour la plupart du temps, provient de l’étranger, notamment du Niger.

A côté de leur spécialité, ces braves femmes produisent aussi plusieurs variétés de maraîchers, notamment les aubergines, les tomates à pulpes et africaines, le chou, la salade, le concombre, la carotte, le piment et le bissap. Leur verger couvre une superficie totale de 6 hectares et est situé à la sortie du village en partance pour Arikokaha, chef-lieu de sous préfecture, à environ 3km aux abords d’une retenue d’eau aménagée à cet effet. Depuis 1992, les femmes étaient déjà installées sur ce site.

La retenue d’eau devant servir à l’irrigation de la parcelle

A partir de mai 2018, grâce au Projet d’appui à la production agricole et à la commercialisation (PROPACOM), réalisé par le ministère de l’Agriculture et du développement rural (MINADER) et financé par le FIDA avec l’appui technique de L’ANADER, le site sera aménagé en vue d’accroître la production maraîchère. La retenue d’eau ainsi aménagée était destinée à irriguer, à l’aide d’un système goûte à goûte motorisé, l’ensemble de la parcelle. Initialement destinée aux femmes des deux villages d’Arikokaha et de Nangoniekaha, le projet est finalement resté la seule affaire des dernières femmes citées.

Qu’à cela ne tienne. Depuis la réception dudit projet, les braves femmes de Nangoniekaha se sont mises à l’ouvrage. Résultat ce sont chaque année plus de 25 tonnes d’oignons violets et plusieurs dizaines d’autres tonnes des autres maraîchers qui sont produits. En moyenne 05 tonnes pour le concombre, 04 tonnes pour pour l’aubergine et le piment, 02 tonnes pour la tomate, pour autant de tonnes pour le chou et les autres. Sur la parcelle visitée, il nous a aussi été présenté un champ de bissap d’environ 3 hectares réalisé à la main par trois femmes.

Les femmes dans un champ de bissap

Mais il faut le dire tout de suite, ces femmes qui travaillent essentiellement avec des dabas et des machettes peuvent mille fois faire plus avec des engins modernes, (tracteurs), une technique de protection adéquate et un système d’arrosage adapté. 

«Notre difficulté première reste nos instruments de travail. Nous travaillons encore avec des machettes, des dabas et des arrosoirs sur cette vaste parcelle. Avec ces moyens archaïques nous avons pu exploiter 6 hectares sur les 10. Il faut aller puiser l’eau au barrage sur plusieurs dizaines pour ne pas dire plusieurs centaines de mètres pour pour venir arroser les plans. C’est pénible. Le système d’arrosage initialement installé, s’est vite avéré inefficace. Toute la tuyauterie est actuellement hors d’usage. Notre encadreur qui est présent va vous l’expliquer de vive voix. Il faut revoir même la retenue d’eau elle même, l’aménager de nouveau. Dieu merci elle ne tarit jamais. Avec toutes ces difficultés sur la parcelle, quand nous avons fini de produire, nous ne savons pas où vendre. Plusieurs produits pourrissent ainsi dans nos mains au champ où dans les maisons », lance, Dame Ouattara Pegnoukpan, vice présidente et porte parole de la coopérative.

Une autre femme, membre de la coopérative, Ouattara Fablatou, de poursuivre avec cette mauvaise aventure qui a été la leur en 2016.  « Nous avions produit cette année plus de 20 tonnes violets. Le village était inondé d’oignons. Un acheteur s’est présenté à nous et nous a pris 10 tonnes. Jusqu’à ce jour, nous n’avons aucune nouvelle de ce dernier. Nous n’avons aucun marché pour écouler notre production. C’est la même chose pour les autres denrées. Quand vous avez sur le marché hebdomadaire des lundi de Niakara, les acheteuses vous attendent à l’usure. Elle ne commencent à marchander avec vous que le soir où vous êtes obligés de brader vos produits pour retourner au village. C’est du bradage que vous faites dans ces conditions. Nous produisons mais nous n’avons pas de marché », coupe-t-elle court.

Ici une pépinière d’oignon violet

Selon M. Konan Alberic, technicien de l’ANADER qui encadre ces femmes, la coopérative « Yelamplin » est légalement constituée. Elle possède tous ses papiers et vit essentiellement des cotisations de ses membres qui restent dérisoires vu la précarité des femmes. Il ne tarit pas d’éloges pour ses membres, relève leurs difficultés et plaidé auprès de l’Etat ou de bonnes volonté pour leur venir en aide.

« Avouons qu’aujourd’hui il est difficile de travailler encore à la daba. Mais ces femmes font avec en attendant mieux. Il y a un véritable problème d’arrosage en temps de saison sèche. Par le passé les femmes ont bénéficié d’un système d’irrigation qui n’est pas adapté à leur culture qui restent basée en majorité sur l’oignon de contre saison, appelé oignon violet de galmi. Le système d’arrosage goutte à goutte est limité. Il faut plutôt un système d’arrosage par aspersion. Avec ces difficultés d’arrosage, tout le monde s’est concentré aux abords du barrage qui restent surexploités. Dans ces conditions, le sol à ces endroits s’appauvrit. La grande partie de la parcelle reste donc inexploitée. Il faut le dire sans tourner en rond, ces femmes ont besoin d’un tracteur, d’un système d’arrosage par aspersion et d’un marché pour écouler leurs produit. Figurez-vous que si le planting se fait dans les règles de l’art, on peut atteindre 28 tonnes d’oignons violet à l’hectare. Quand nous disposons d’une parcelle de plus de 10 hectares, imaginez ce que cela donnerait. Nongoniekaha serait le grenier de la Côte d’Ivoire en oignon violet et pourrait contribuer à diminuer nos importons en oignon violet. Il faut trouver à ces braves femmes un partenaire sérieux qui va leur apporter l’aide nécessaire pour la commercialisation de leurs produits ».

Pour notre part, nous avons vu des femmes au travail qui ne demandent qu’à avoir des engins modernes pour aller vite, pour faire plus, pour faire mieux sur une parcelle visiblement sous exploitée. Mais surtout qui demandent à vendre leur production. Étant toutes des femmes de ménage, ce sont de nombreuses familles voir un village et une sous-préfecture qui tireraient profit du fruit de leur labeur. L’autonomisation financière de la femme de Nangoniekaha en dépend. 

JPH

Encadré 

La coopérative Yelamplin de Nangoniekaha regroupe 135 femmes et 6 garçons. Elle est spécialisée dans la production de l’oignon violet en contre saison, appelé oignon de galmi. Elles bénéficient depuis mai 2018, du Projet d’appui à la production agricole et à la commercialisation (PROPACOM), réalisé par le ministère de l’Agriculture et du développement rural (MINADER) des aménagements hydro-agricoles en vue d’accroître la production maraîchère. Il s’agit de l’aménagement d’une retenue d’eau destinée à irriguer, à l’aide d’un système goûte à goûte motorisé, une superficie de cinq hectares (5 ha). Cette infrastructure agricole moderne a bénéficié du financement du Fonds international de développement agricole (FIDA). L’Agence nationale d’Appui pour le développement rural (Anader) a été choisie comme partenaire technique chargé de l’encadrement et de conseil des bénéficiaires du projet qui vise à lutter contre la pauvreté. Un deuxième site annexe destiné à la culture du riz irrigué reste inexploité jusqu’à ce jour.

M. Konan Alberic, encadreur de la coopérative plaide pour l’accompagnement des femmes

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