Acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé/Quelques reactions

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L’ancien président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont été acquittés par la Cpi le mardi 15 janvier 2019. Détenus à la Haye, les deux hommes étaient accusés de crimes contre l’humanité après la crise post électorale qui a engendré plus de trois mille morts selon les chiffres officiels. Cet acquittement est diversement interprété dans leur pays comme ailleurs.

A son domicile, Assoa Adou, accueillait ce mardi matin de très nombreux cadres et des militants qui étaient tous massés autour de la télévision, dans son salon. Télévision qui retransmettait l’audience. A l’annonce de cette remise en liberté, la joie a explosé. Des cris, des sauts, des embrassades.

Peu importe, d’ailleurs, qu’il faille attendre encore mercredi l’audience de confirmation. En tout cas, Assoa Adou, le secrétaire général du FPI, s’est immédiatement exprimé devant les quelques journalistes présents, citant d’ailleurs Sékou Touré : « Le mensonge court plus vite et très tôt, mais la vérité court lentement et finit toujours par le rattraper », a-t-il dit.

« C’est une joie immense qui m’envahit, qui envahit mon cœur, qui envahit mon esprit. Mes larmes coulent pour des milliers et des milliers d’Ivoiriens qui ont été massacrés, qui ont été tués, parce que ceux-là disaient que la vérité était du côté de Laurent Gbagbo. Mais aujourd’hui la joie reprend la place, parce que nous venons de faire un grand pas. Un grand pas vers la réconciliation nationale. Le chaînon manquant de la réconciliation en Côte d’Ivoire va arriver bientôt et la Côte d’Ivoire sera en paix. »

La joie de Simone Gbagbo

Autre réaction, celle du fils de Laurent Gbagbo, Michel, qui était présent également ce mardi matin chez Assoa Adou : « Je suis content. Extrêmement content. Je remercie les Ivoiriens. Et puis la lutte continue et maintenant on espère qu’il reviendra chez lui. »

C’est donc une ambiance de fête qui règne du côté des partisans de Laurent Gbagbo et chez Simonne Gbagbo où une véritable fête a démarré depuis l’annonce de l’acquittement de Laurent Gbagbo. Les gens dansent, ils chantent, ils crient. Il y a beaucoup de joie chez tout le monde, du simple sympathisant au militant de base en passant par les cadres du FPI.

La femme de Laurent Gbagbo qui n’a pas caché sa joie : « Vous voyez, tout le monde est en joie. Le président méritait d’être libéré et les juges ont rendu la justice. Je n’ai jamais eu de doute. J’attends cela depuis le début, depuis le premier jour ». Et Simone Gbagbo d’ajouter qu’elle n’a jamais envisagé d’autre issue que l’acquittement. « Moi j’étais détenue ici en Côte d’Ivoire. J’avais la chance de manger mon attiéké. Mais lui il était là bas dans le froid, loin des siens. C’est horrible, c’est méchant… »

Tout le monde parle de réconciliation comme si en fait la dernière pièce du puzzle avait été retrouvée ce matin. Désormais estime-t-on au FPI, la réconciliation va pouvoir commencer. Alors pourquoi Laurent Gbagbo réussirait-il là où les autres ont échoué ? « Parce qu’il a souffert », expliquait tout à leur l’un de ses anciens ministres.

Jean-Pierre Bemba

« Je me réjouis pour lui. Nous étions côte à côte là bas. Je ne m’etonne pas de cette décision ».

Le camp des victimes

Ici c’est l’amertume. Karim Coulibaly, une des victimes : « Je suis déçu. Je me pose uke seule question. Qui nous a donc tués? Aujourd’hui je suis amputé d’une jambe. Je me retrouve dans le dénuement total. Nous ne comprenons pas cette juridiction ».

Une douche froide pour les victimes

Une joie qui n’est pas partagée par tout le monde à Abidjan. Du côté du Collectif des victimes des violences en Côte d’Ivoire, c’est plutôt « la déception » qui domine. Ce collectif regroupe environ 8 000 membres, victimes de violences depuis les années 2000 et particulièrement depuis 2010-2011.

« Nous regrettons que cette décision mette en péril la quête de justice des victimes », a réagi Me Paolina Massida, leur avocate, rappelant qu’elles « estiment que les éléments de preuves qui avaient été apportés par le bureau du procureur permettaient certainement la poursuite du procès. »

Evidemment, c’est une cascade d’émotions depuis l’annonce de l’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. De la colère à la déception, en passant par la tristesse et le désespoir. Car, pour ces victimes l’espoir de réconciliation véritable dans le pays vient de s’envoler depuis ce matin. Et donc cette impunité, selon eux, s’enracine dans le pays et n’est pas près d’apporter une véritable réconciliation nationale, tel qu’elle est vantée de tous bords.

Il faut dire qu’une bonne partie de ces victimes n’a jamais reçu d’indemnisation et vit dans un grand dénuement économique et social. Donc, apprendre l’acquittement de Laurent Gbagbo c’est un nouveau coup dur pour elles qui se sentent délaissées, abandonnées. A la fois par le pouvoir et aussi par la communauté internationale. Ces victimes refusent, malgré tout, d’être les grandes perdantes, encore une fois, dans cette histoire de violence politique qui marque la Côte d’Ivoire depuis bientôt maintenant 25 ans.

Bédié se félicite de cette décision

En Côte d’Ivoire, l’une des premières réactions a été celle de l’ex allié du Président Ouattara Henri Konan Bédié qui a dit se rejouir de la décision de la Cpi.

Au Ghana, Jerry Rawlings salue la libération de celui qu’il considère comme un panafricaniste

Yasmina Ouégnin

« Le dossier était vide »

En acquittant le Président Laurent Gbagbo et le Ministre Charles Blé Goudé, la Chambre de la CPI met à nu la vacuité du dossier du Procureur et permet par la même occasion, de voir deux de nos frères ivoiriens retrouver leur liberté. Ce qui devrait leur permettre de revenir prendre, je l’espère, une part active à l’avancée de notre Nation. 

JPH

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