Chine/Comprendre la répression de Tiananmen

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Le monde se souvient ce 03 juin 2019. Cela fait 30 années que l’armée chinoise réprimais les manifestants pro-démocratie composés en majorité d’étudiants sur la place Tiananmen à Pékin. Il y eut plusieurs dizaines de milliers de morts

Tout bascule le 15 avril 1989 avec la mort de Hu Yaobang. C’est un homme politique, un réformateur, cadre du Parti communiste. Pour les étudiants prodémocratie, il incarne l’espoir d’un changement au plus haut niveau de l’État. Sa disparition provoque un électrochoc.

Dès le lendemain, place Tiananmen, la jeunesse libérale déroule ses revendications : plus de liberté, le droit de manifester, d’avoir une presse libre et indépendante, la lutte contre la corruption des élites et l’organisation d’élections libres et transparentes.

Au début, ils sont quelques centaines, mais la foule grossit chaque jour. Le 27 avril, plus d’un million de personnes se rassemblent de manière pacifique devant le Palais du peuple. Le pouvoir ne veut rien entendre, alors les étudiants s’organisent, entament une grève de la faim, font campagne auprès des médias étrangers.

Une provocation intolérable. Les autorités choisissent la ligne dure. Le 20 mai, le numéro un chinois Deng Xiaoping décrète la loi martiale. L’armée va marcher sur Tiananmen et dans la nuit du 3 au 4 juin, les chars enfoncent les barricades étudiantes, des rafales de mitrailleuses lourdes retentissent dans le centre de Pékin.

Il y aura des centaines, des milliers de victimes, jusqu’à 10 000 morts selon certaines sources. Aujourd’hui la propagande officielle estime que ces évènements ont immunisé la Chine contre l’agitation politique.

Une répression de plus en plus forte

Jusqu’à nos jours, le massacre est passé sous silence par le régime communiste. Ce 4 juin 2019 est un jour comme un autre en Chine. Rien ne le rappellera à Pékin.

Même l’Occident a fini par passer l’éponge sur ce crime d’État, regrette l’écrivain dissident Liao Yiwu qui a passé 4 ans en prison pour avoir dénoncé le massacre dans un poème. Aujourd’hui, il met en garde contre une dictature chinoise qui poursuit sa répression avec un zèle redoublé.

Riot in Beijing, June 4th 1989 (Photo by Robert Croma)

« Maintenant, la Chine s’est transformée en un empire de haute technologie. D’une part c’est une technologie qui a été fournie, consciemment ou pas, par l’Occident. D’autre part les Chinois l’ont volé grâce à leur espionnage industriel. Aujourd’hui, regardez ce qui se passe dans la région autonome du Xinjiang. Il n’y a pas seulement les un à deux millions d’Ouïghours qui sont détenus dans des camps de rééducation, mais c’est la région entière qui vit sous haute surveillance. Le Xinjiang sert aujourd’hui de laboratoire. Un laboratoire de l’intelligence artificielle qui pourrait un jour être appliqué très facilement à l’ensemble du pays. Dorénavant, pour surveiller ses citoyens, l’État n’a plus besoin de déployer autant d’énergie qu’autrefois, grâce à l’intelligence artificielle. Un exemple : le 9 décembre dernier, ils ont arrêté le pasteur Wang Yi, mais pas seulement lui. En une seule nuit, ils ont mis la main sur une centaine de croyants, des paroissiens de Wang Yi. Ils ont tous été raflés en une nuit. Cette recette d’une surveillance totale, le président Xi Jinping voudrait l’appliquer au reste du monde. »

Avec rfi

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