Des dizaines de jeunes de la capitale du centre ont pris d’assaut la gare routière pour dire non à la Cour pénale internationale pour l’acquittement de Gbagbo et Charles Blé Goudé. Pour ces jeunes la décision de la CPI est inadmissible. Diomandé Ben Moustapha, leur porte parole justifie leur action de ce jour en ces termes : « Pour nous jeunes de Bouaké, ce mardi est un mardi noir. La libération de Gbagbo et Blé Goudé est comme si on remuait le couteau dans la plaie des victimes. La CPI veut nous dire que ce que nous avons vécu en tant que victimes n’est rien à ses yeux. Nous sommes frustrés et blessés dans notre chair. C’est pourquoi nous sommes sortis pour manifester pacifiquement. Nous voulons dire non à la CPI. Nous ne sommes pas du tout d’accord avec elle. Ce qui nous fait encore plus mal, on nous dit qu’il a été acquitté de toutes les charges retenues contre lui. Où va-t-on en ce moment ? On ne fait pas la justice pour faire plaisir à quelqu’un. Nous demandons simplement à la CPI de se ressaisir. Ce monsieur ne doit pas être libéré. Il doit rester là où il est parce qu’il a fait beaucoup de mal à la Côte d’Ivoire. On ne peut pas accepter sa libération et on est contre son retour aujourd’hui et demain. C’est tout ». Un autre jeune pris dans le tas de la manifestation, du nom de Fatogoman Coulibaly ne peut contenir son amertume. « Quand j’ai appris la nouvelle de l’acquittement de Gbagbo, c’était comme si la foudre s’était abattue sur moi. C’est la perte de mes parents dans le crise post-électorale qui fait revenir à Bouaké. Quand Gbagbo a été amené à la CPI, j’ai crié victoire. Aujourd’hui je dois déchanter. C’est inacceptable et insupportable pour moi », dira-t-il les yeux rouges de colère. Il est bon de savoir que dès l’annonce de l’acquittement des deux prisonniers, la nouvelle avait été diversement accueillie à Bouaké. Pour les uns, cela contribuera à la réconciliation des Ivoiriens, mais pour les autres, les plus nombreux, ce n’était pas une bonne chose, parce que cette décision va ouvrir la porte à l’impunité à travers le monde. Ceux-là demandaient au moins que le jugement aille à son terme. La manifestation des jeunes de Bouaké de ce jour n’a pas fait de dégâts.
JPH