Côte d’Ivoire/Alain Lobognon, mal aimé, aigri ou simple incompris?

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Alain Lobognon. Ce nom ne laisse presque personne indifférente. Cet ancien ministre des sports et des loisirs, gravement accusé dans une affaire de détournement de primes des éléphants alors que ceux-ci avaient remporté Coupe d’d’Afrique de nations, (Can) en 2015, n’arrête pas de « déranger » dans le milieu politique ivoirien. Dans une interview qu’il a accordée à Alerte-Infos.net, l’homme s’en prend vertement au pouvoir Ouattara. Est-il un mal aimé, un aigri ou simplement un incompris ? Concernant sa non participation aux activités de son parti, le Rassemblement Des Républicains,(RDR), duquel il n’a pas encore officiellement démissionné, estimant qu’il est marginalisé, il répond en ces termes. « Au RDR actuel, je reproche, je reproche le refus du débat démocratique. C’est parce qu’il y a eu un refus d’accorder la parole à Djéni Kobinan que le RDR a été créé. Mais aujourd’hui, je ne reconnais pas mon parti. Je pense que le RDR peut mieux faire pour les Ivoiriens. Ce parti que j’ai connu dans l’opposition, si c’était ce même parti qui était actuellement au pouvoir, on allait connaître un bon qualitatif et quantitatif énorme en Côte d’Ivoire. Le RDR est un parti libéral. Qui parle de libéraux, parle de liberté d’expression. Je préfère garder mon indépendance et dire les choses parce que les Ivoiriens attendent beaucoup de réponses à certaines préoccupations. En tant que député, je peux porter ces préoccupations et je peux également apporter des réponses », va-t-il se justifier. Vis-à-vis des activités de son parti, il se dit avoir été abandonné à un moment où il avait le plus besoin de son parti. « Ceux qui nous ont nommés, savaient-ils que nous existons ? Et l’autre question est : Où étaient ces personnes quand nous avons été livrés aux chiens, accusés que nous étions, d’avoir détourné des primes, d’avoir commis un crime qui n’avait pas été commis. Nous n’avons pas senti la solidarité du RDR en ce moment. Personne ne nous a appelés, ne nous a approchés, et c’est donc surpris comme tous les Ivoiriens, que nous avons vu cette nomination. Je ne suis pas étranger au RDR. Si on devait me nommer, on aurait pu avoir au moins la gentillesse de m’appeler, m’informer avant de faire cette nomination. Dans tous les cas, celui qui a été accusé hier d’avoir commis un crime, ne peut pas se retrouver là où se retrouvent l’ensemble des procureurs, et décider aussi comme un procureur. Pour l’instant, j’attends des réponses à ces questions, et si je suis satisfait, on pourra aviser ». À la question du parti unifié, il met le pied dans l’étrier. « Moi je ne crois pas au parti unifié », coupe-t-il avant de poursuivre. « Ils sont certainement nombreux ceux qui estiment qu’avant l’indépendance, Houphouët avait réussi à fédérer au sein de son parti, le PDCI, tous les autres partis politiques. Mais ils se trompent parce qu’à l’époque, Houphouët-Boigny avait gagné toutes les élections. Il avait tout en main. Or là, vous avez le RDR qui est majoritaire au parlement, au niveau des régions st des communes, mais le RDR n’est pas seul. Parce que vous avez le PDCI et l’UDPCI qui ont des postes. Quand vous voulez faire une fusion par absorption ou vous voulez emmener les autres à créer avec vous un seul parti, nous qui sommes adeptes de la démocratie, nous estimons que ce serrait revenir au parti État. Et nous disons non. En tant que militant du RDR depuis 1994 et ayant vu des vertes et pas mures, nous disons que vouloir aller au parti État sous le vocable de parti unifié, c’est tuer la démocratie en Côte d’Ivoire. Nous ne sommes pas d’accord pour la vision du parti unifié ». Dans sa lancée, le député de Fresco affirme que Ouattara s’expose à un risque s’il venait à postuler pour un troisième mandat. « Ce serrait une faute politique de la part de M. Ouattara de briguer un troisième mandat », a-t-il tranché, non sans apporter tout son soutien à son champion Guillaume Soro. « Oui, je suis favorable à une candidature de Guillaume Soro en 2020 ». Cette interview qui fera sûrement jaser dans la classe politique, notamment au sein du RDR, peut laisser quelque peu sur la faim, car Alain Lobognon ne dit pas s’il a été blanchi dans l’affaire de détournement de primes des éléphants, ou il n’en donne pas un seul mot de sa suite. Autre chose, s’il est vrai qu’il n’a pas été consulté avant d’être nommé au RDR, a-t-il seulement signifié ouvertement son refus ? Est-il prêt à démissionner du RDR ? Voilà entre autres questions que l’homme aurait pu aborder pour éclairer davantage la lanterne.

JPH

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