« Si on vous explique la politique ivoirienne et que vous comprenez, c’est que l’on vous l’a mal expliquée », dit-on depuis un certain temps en Côte d’Ivoire.
La coalition au pouvoir, moins le PDCI d’Henri Konan Bédié, a remporté 91 mairies sur 201 lors des élections locales du 13 octobre dernier. Les indépendants qui viennent en deuxième position pourraient faire l’objet de convoitise s’ils ne choisissent pas eux mêmes de retourner à leur premier amour.
« Nous sommes aujourd’hui la seule formation politique à avoir une réelle assise nationale, là où le PDCI ne concourrait que sur la moitié du territoire et où le Front populaire ivoirien [FPI, parti de l’ex-président Gbagbo] n’alignait que douze représentants. C’est peu pour des partis qui ont l’ambition de reconquérir le pouvoir, déclare Mamadou Touré, porte-parole du RDR et ministre de la promotion de la jeunesse et de l’emploi des jeunes. Mieux, nous avons ravi au PDCI plusieurs bastions, comme à Dimbokro ou à Bocanda (Centre), ou à Abidjan, où nous remportons sept communes sur treize, dont les plus peuplées. »
Réplique d’un ponte dudit parti, qui souhaite garder l’anonymat : « C’est dire à quel point nous nous en sortons bien, puisque nous n’avons même pas participé à 100 % de nos capacités, et que nous y sommes allés seuls, contrairement à la coalition, qui regroupe plusieurs partis. »
Dans chaque camp, on compte en coulisses, les gains de ceux arrivés seconds de ce scrutin avec 56 mairies gagnées : les indépendants. Impossible de dire pourtant s’ils feront pencher la balance d’un côté ou de l’autre, tant leur groupe est hétérogène. Certains, clairement issus du RDR ou du PDCI, rejoindront sûrement leur famille d’origine, d’autres sont proches du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, quand d’autres encore se disent sans étiquette.
Ces indépendants pourront être amenés à prendre position. Mais, pour le moment, ils n’ont aucune pression. Pour la plupart d’entre eux, ils n’ont pas d’ambitions nationales et se sont imposés grâce à leur propre ancrage local ou communautaire. Surement que les grands partis vont les draguer pour récupérer leur influence.
Faire aussi les yeux doux au FPI, mais lequel des FPI ?
Affi N’guessan semble avoir choisi son camp. Il était au congrès extraordinaire du PDCI à Daoukro et y a pris la parole: « mafia électorale », avait-il qualifié les dernières élections locales.
L’autre branche du FPI, la plus importante des deux, celle de l’ex-première dame, Simone Gbagbo, libérée en août, observe pour le moment même si les rencontres et déclarations respectueuses entre son camp et le PDCI se sont multipliées ces derniers temps. Poids lourd de la scène politique ivoirienne, le FPI semble sorti conforté par sa stratégie de boycott des élections. L’abstention de son électorat a pu impacté les taux de participation officiels : 36 % pour les municipales et 46 % pour les régionales.
Aujourd’hui une chose est sûre en Côte d’Ivoire et tout le monde est unanime là dessus: Personne ne peut gagner seule la présidentielle, qu’il s’appelle RDR, PDCI ou FPI.
JPH