Côte d’Ivoire-Récents affrontements intercommunautaires à Marabadiassa/Des individus tapis dans l’ombre tirent les ficelles de la division

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Une réunion de sensibilisation et de médiation a eu lieu le samedi 2
Selon plusieurs témoignages, notamment ceux du préfet de Béoumi, des deux sous préfets de Marabadiassa et de N’guessankro, localités qui se sont affrontées à travers leurs jeunes le 27 octobre dernier pour un problème de délimitation de terres villageoises, la tension est encore palpable sur le terrain. Pourtant les populations des deux villages cohabitent pacifiquement depuis plus de deux cents ans.

Ce samedi 24 novembre 2018, au cours d’une réunion de sensibilisation et de médiation tenue dans un hôtel de Bouaké sur initiative du préfet de Béoumi, à laquelle a pris part le ministre Sidi Touré, ministre de la Communication et des médias, au nom du chef de l’État Alassane Ouattara il a s’agit de trouver une solution définitive à cette crise. La stratégie adoptée était de donner la paroles aux différents à toutes les parties concernées par ces affrontements qui avaient engendré des blessés des deux côtés. Le premier à prendre la parole n’était autre que le préfet de Béoumi, Tout de suite, il a mis le pied dans le plat en affirmant que les foyers de tension ne sont pas encore totalement maîtrisés avant de dire comment il continue d’œuvrer pour le retour à une paix durable. « … Nous avons au terme d’échanges avec les populations, décidé de suspendre la mise en œuvre de l’opération de délimitation, source du conflit. Cette décision a été prise de façon unilatérale et j’en ai informé ma hiérarchie., Nous avons ensuite lancé un appel au calme. Et nous avons demandé la restitution des biens confisqués par les jeunes de Marabadiassa aux jeunes de N’guessankro. Il s’agit de 09 machettes. Apres ces premières mesures, j’ai échangé avec certains cadres… », dira le préfet Djedje Mel qui justifiera le sens de la réunion à Bouaké par un souci de faciliter le déplacement à tous. Poursuivant, il ajoutera que « Il y a une accalmie précaire parce qu’il y a encore des méfiances entre les populations. Ces méfiances sur le terrain se traduisent par le fait que les populations n’arrivent pas encore à pratiquer les marchés hebdomadaires dans les deux sens. A N’guessankro par exemple, la présidente des femmes a procédé à la redistribution des places des vendeuses de Marabadiassa. Il y a eu aussi la création de nouveaux marchés hebdomadaires du fait de ces affrontements et enfin la recolonisation d’une portion de terre litigieuse par des agriculteurs de Marabadiassa avec la caution du chef de village… ».

Cette description presqu’exhaustive de la situation par le préfet Djedje Mel, a vu l’adhésion totale des autres intervenants, (les deux sous préfets de Marabadiassa et de N’guessankro, les deux porte parole des cadres, les deux chefs de villages, le président du Conseil régional de Gbêkê, le député de la circonscription de Marabadiassa, N’guessankro, Bodokro et Lolobo. Tous avec l’ensemble des populations des deux localités ont émis le même souhait : celui de voir cette crise se résoudre de façon définitive.

« …Il s’agit principalement d’un problème de délimitation, donc un problème de droit, de loi et de conscience. Le préfet ne s’en serait pas mêlé si c’était un problème purement traditionnel. Il faut impérativement résoudre le problème. Un Baoulé ‘’Gôli’’ ne peut pas et ne doit pas être en palabre avec un Malinké de Marabadiassa. Un pacte de non agression existe entre nous depuis le temps de nos aïeux. Nos ancêtres parlaient de ‘’Ton ‘’ et c’est comme cela que nous, à Marabadiassa nous appelons les Baoulé. Et les Baoulé respectent les pactes. Les liens qui nous unissent sont des liens séculaires. Ils datent de plus de 200 ans… », telle était la substance du message du conseiller spécial du président de la Chambre des rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire, et porte parole des cadres de Marabadiassa, Amed Touré.

Allant dans le même sens, Mangoua Jacques président du conseil régional de Gbêkê entrant, lui dira : « Nous avons l’impérieuse obligation de solutionner ce problème, parce que nos ancêtres d’où il se trouvent, nous regardent. Dans quelques jours, mon frère Amed et moi irons vers nos chefs pour régler ce problème. Nous mettrons tout en œuvre pour ne pas que ce que nous avons vécu arrive de nouveau. C’est un incident malheureux ».

Aux dires des uns et des autres, des personnes mal intentionnées en ville, notamment depuis Abidjan, tirent les ficelles de la division. C’est pourquoi le député a appelé à la vigilance et de ne pas céder aux ragots, mais de se référer aux chefs de villages avant de poser tout acte.

Pour sa part, le ministre Sidi Touré, a écouté religieusement tous les intervenants. Puis il a traduit la compassion du Président de la République et du gouvernement aux populations avant de leur remettre symboliquement la somme de six millions de francs. « C’est beaucoup plus ma qualité de fils du département qui m’emmène être présent à cette réunion. j’ai été informé dès les premières heures de la crise. j’ai échangé longuement avec les différents préfets pour que dans le cadre de leur mission, ils fassent ce qu’ils ont à faire. Je puis vous dire que je suis content de leur travail. Je ne reviendrai pas sur ce qui a été déjà dit. Il y a eu de bons mots comme d’autres un peu regrettables, mais c’était un débat constructif. Je retiens une chose. C’est la compassion et beaucoup de peine par rapport à ce que nous vivons ». Puis il s’interrogera et condamnera: « Comment un peuple qui a vécu avec ses différents fils pendant plusieurs siècles est amené à se déchirer ainsi ? Ceci n’est pas normal. Je voudrais mettre cela sous le coup d’une erreur de maturation comme cela a été reconnu ici. C’est normal, quand tu marches, il nous arrive de tomber, mais on doit se relever et continuer la marche. Il faut donc pouvoir dépasser ce concours de circonstances malheureuses. Deux recommandations principales sont a retenir au vue des débats: impliquer les cadres, sensibiliser les cadres, impliquer les chefs, sensibiliser les chefs. A mon tour, j’en ferai quatre autres : Le problème doit être géré d’un point de vue administratif, les différentes résolutions qui seront prises, doivent s’appuyer sur les travaux d’un comité de suivi, les différents acteurs directs et indirects concernés ou non concernés par le projet de délimitation devraient être associés et je fais l’annonce d’un don de six millions de francs CFA de la part du Président de la République et du premier ministre Amadou Gon Coulibaly… ».

La clé de répartition de cette enveloppe selon le ministre prévoit 300.000 frs à chacune des deux chefferies, 400.000frs au corps préfectoral, 500.000frs au comité de suivi et 4,5 millions aux jeunes des deux sous préfectures pour des projets de développement conjoints.

JPH

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