La présidente de l’association SOS Africaines en danger, Danielle Mérian, lance une campagne de financement participatif pour mettre en place des dispensaires mobiles circulant dans 10 pays d’Afrique. Un projet ayant pour objectif de mettre fin à la pratique de l’excision en Afrique de l’Ouest.
Née d’un groupe de parole de femmes excisées et demandeuses d’asile, l’association SOS Africaines en danger a pour but de mettre fin à la pratique de l’excision, des mariages forcés et toutes sortes d’oppressions faites envers les femmes.
« Cette première génération de femmes excisées se battent contre leurs familles, leurs villages, leurs gouvernements qui portent dans leur constitution quasiment tous, en Afrique de l’Ouest, l’interdiction de l’excision et du mariage des mineurs. Pourtant, ils pratiquent une totale impunité », s’indigne la présidente de l’association, Danielle Mérian, avocate et militante féministe, laquelle rappelle que 50 000 femmes africaines de première génération sont excisées en France. Dans le monde, la pratique concerne 200 millions de filles et de femmes (selon l’UNICEF), aussi bien en Asie qu’en Afrique, au Proche-Orient et en Inde.
Soutenir et apporter des soins aux filles et aux femmes excisées
C’est sous la houlette du docteur Dutrette, directeur du centre de soins Parcours d’exil, que l’association SOS Africaines en danger – membre du réseau du collectif Excision Parlons-en ! – a pu voir le jour en 2013. Réunions mensuelles, séances d’animation en vue d’expliquer les souffrances des femmes et autres ateliers sont ainsi organisées en France. Aussi, l’association a-t-elle pour objectif, aujourd’hui, d’étendre ses actions sur le terrain et le continent pour sensibiliser les populations d’Afrique de l’Ouest aux dangers physiques et psychologiques de l’excision. « L’ablation du gland du clitoris, ce n’est pas seulement des rapports sexuels douloureux, mais aussi des règles atroces et mourir en couche », tient à soulever l’avocate. « Combien d’enfants font des hémorragies suite à cette intervention ! », s’insurge-t-elle.
Avec son projet de « school bus », Danielle Mérian s’engage à faire reculer l’excision dans 10 pays de l’Afrique de l’Ouest – Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée Conakry, Mali, Mauritanie et Togo – en faisant circuler des bus américains « increvables et pouvant rouler sur n’importe quelle route d’Afrique », réaménagés en dispensaires – avec l’aide de la DDD de Dakar – équipés et connectés à un Internet grâce à un satellite pour faire vivre les communautés militantes des villages visités.
Un projet qui réunira des professionnels de la santé et de jeunes professionnels du digital nécessitant de récolter des fonds. Raison pour laquelle une campagne participative est d’ores et déjà lancée sur GoFundMe. « Les médecins locaux auront un bloc pour les consultations et les mini-interventions. Ils pourront expliquer à la population située au fin fond des villages que tous les maux des femmes viennent de l’excision », éclaire Danielle Merian. Si la chirurgie réparatrice ne pourra faire partie des interventions, la présidente de l’association tient à rappeler que « de plus en plus de médecins africains s’engagent à la réparation. Le formidable docteur Mukwege, qui mène un vrai combat contre l’excision, va ouvrir un hôpital au Burkina Faso pour réparer les femmes », précise-t-elle à titre d’exemple.
Conscientiser les populations sur le fléau de la pratique des MGF
A l’aide des médecins sur place et des témoignages vidéos qui circuleront dans les villages les plus reculés grâce au système satellitaire, le programme espère conscientiser les praticiennes de l’excision. « Les exciseuses sont analphabètes, elles ne savent pas tout le mal qu’elles font », constate Danielle Merian. « Il y a beaucoup de militantisme autour du sujet. Au Sénégal par exemple, Dieynaba Kane est présidente d’une association d’anciennes exciseuses. Elle-même a exercé ce métier en commençant à l’âge 14 ans. Elle a arrêté quand elle a constaté qu’elle tuait », explique Danielle Mérian.
Le but, mobiliser les militants et les médecins pour informer les populations et mettre – à terme – fin à la pratique de l’excision. « Au Bénin, il n’y a quasiment plus d’excision. En Guinée, en revanche, ils sont complètement accro. Nous aborderons de façon différente l’excision pour faire réfléchir dans les villages. On ne peut plus se dire que l’on pratique l’excision parce qu’on l’a toujours fait » !, s’exclame celle qui compte avant tout sur la société civile pour faire bouger les choses.
Pour participer à la cagnotte du projet des dispensaires School bus, rendez-vous surGoFundMe.
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