Interview avec une icône du sifflet ivoirien et africain, l’arbitre international, le capitane d’armée Ouattara Katinan

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Nous vous l’avions annoncé et promis. Eh bien c’est chose faite.
Votre site de prédilection est allé échanger avec une icône du sifflet ivoirien et africain, le capitaine d’armée, Ouattara Katinan. L’homme a accepté volontiers de répondre à toutes nos questions sans détours. Il évoque sa carrière internationale de 1979 à 1989, parle de ses déceptions mais aussi de ses joies. Pour l’arbitrage vidéo, il est catégorique. Il dénature l’autorité de l’arbitre. Enfin le capitaine arbitre signale à la FIF et au monde sportif ivoirien, qu’il est toujours en vie et réside à Niakara où il vit sa retraite.

Ivoirecho.net : Mon capitaine présentez – vous à nous.

Capitaine Ouattara Katinan:
Je suis capitaine Ouattara katinan,né le 31 décembre 1937 à folofonkaha s/p de niakara. Je suis un officier militaire à la retraite depuis 1982.par ailleurs j’ai été arbitre international de football de 1979 à 1989.

Ivoirecho.net : intéressons nous à votre carrière d’arbitre car c’est elle qui vous à le plus révélé aux ivoiriens et au monde. Alors comment devenez vous arbitre?

COK
D’abord j’aime le football, c’est ma passion et comme je n’ai pas pu être joueur de champ,je me suis intéressé à l’arbitrage pour vivre ma passion. C’est comme ça qu’en 1978, j’ai fait ma demande au près du ministre de la défense d’alors M. M’bahia Blé Kouadio, paix à son âme qui n’a pas hésité à donner son accord. Je suis donc devenu arbitre en 1979 à Bouaké où j’ai commencé pour me retrouver par la suite à Abidjan.

Ivoirecho
Oui, à Abidjan où vous êtes devenu très rapidement un arbitre de notoriété nationale, expliquez nous votre parcours.

COK
Au plan national,j’ai arbitré les
matchs du championnat national sur pratiquement tous les stades, aussi bien à Abidjan qu’a l’intérieur du pays. A l’époque il y avait 4 équipes qui dominaient le championnat national ; Le Stade, le Stella, l’ASEC et l’Africa. Avec un avantage à l’Africa. Mais des équipes comme l’US Bassam et le sporting club de Gagnoa étaient également présententes. Arbitrer un match de ces équipes était vraiment excitant et passionnant, surtout les derby Asec – Africa où certains dirigeants étaient prêts à tout donner pour que leur équipe gagne. Il y avait beaucoup de passion et souvent le président de la FIF d’alors Jean Brizoua Bi (1980 – 1988), choisissait même des arbitres seulement 1h avant le match. Pour éviter les suspicions.

Ivoirecho.net : Avez-vous eu à arbitrer un derby Asec-Africa?

COK
Oui bien sûr. Le derby Asec-Africa avait une connotation particulière, car s’était les deux clubs les plus populaires avec des supporters très passionnés. Ce qui m’a le plus marqué, c’est que quelque soit le score de ce derby, il’y’avait toujours des mécontents. Même en cas de match nul. Le meilleur derby à été celui du 6 décembre 1983 où l’ASEC l’a emporté 4-1 aux tirs aux buts après un match a rebondissements 3-3 dans le temps réglementaire. Les supporters de l’Africa ont contesté pendant longtemps le 2eme but sur penalty accordé à l’ASEC qui ramenait le score à 2-2.

Ivoirecho.net
Quelles sont les qualités pour réussir un tel derby?

COK
Pour réussir un tel derby il faut être professionnel et rigoureux. Il faut surtout avoir une probité à toute épreuve car c’est un match de toutes les tentations.

Ivoirecho.net
Ok, maintenant sortons du pays. Mon capitaine, parlez de votre carrière internationale.

COK
C’est au plan international que je garde les vrais souvenirs.

Ivoirecho.net
Commençons par le plus mauvais souvenir

COK
Oui, c’était en 1989 à Kinshasa au ZAIRE à l’époque, RDC aujourd’hui. Nous étions trois arbitres ivoiriens, Grah Bernard(arbitre central), N’cho Célestin (1er juge de touche) et moi (2eme juge). Nous avons étés maintenus sur le terrain pendant plus de 2H après la fin du match tout simplement parce-que l’équipe zaïroise n’acceptait pas son élimination. Bien qu’ayant battu les Béninois par le score de 1-0, score qui s’est avéré insuffisant. On a quitté le stade en nous camouflant avec les Béninois. Ensuite on a pris une pirogue pour traverser le fleuve et nous nous sommes retrouvés au Congo Brazzaville d’où nous avons pris le vol pour Abidjan. C’était vraiment chaud ce jour là.

Ivoirecho.net
Quel est maintenant le meilleur souvenir?

COK
Le meilleur souvenir, c’eta au Ghana. Pour un gala de réconciliation entre le Ghana et le Togo. C’était soit en 1985 ou 1986 il y avait une brouille entre les deux pays. Un match a donc été organisé. J’étais l’arbitre. Ça c’est bien passé et tout le monde m’a félicité. En tout cas c’était une belle image, car a travers moi, c’était la Côte d’Ivoire qui réconciliait les deux pays, d’où ma fierté.

Ivoirecho.net
Que pensez-vous de l’arbitrage vidéo de nos jours?

COK
Je réponds tout de suite pour dire que l’arbitrage vidéo est décevant. Comment on peut dire et se dire? vous voyez moralement c’est pas bien. Cela dénature la dignité de l’arbitre. l’erreur est humaine il faut l’accepter et l’assumer plutôt que de rendre l’arbitre ridicule. laisser les arbitres assumer leurs decisions.

Ivoirech.net
l’arbitrage vous a t-il apporté de l’argent?

COK
Non, non et non. À l’époque nous arbitrions pour vivre notre passion du football. Il n’y avait pas d’argent comme aujourd’hui. L’arbitrage m’a plutôt permis de voyager au delà de mon pays,
de me faire beaucoup de connaissances et donc d’être respecté aujourd’hui partout où je passe. Mais je déplore l’oubli des autorités.

Ivoirecho.net
Vous n’êtes donc pas en contact avec la FIF?

COK
Mes collègues avec qui j’ai arbitré sont décédés. Grah Bernard et N’cho Célestin ne sont plus. Peut-être, pense-t-elle que je suis mort moi aussi.

Ivoirecho.net
On arrive au terme de notre entretien quel appel veux tu lancer aux monde sportif ivoirien.

COK
Je voudrais dire aux dirigeant de la FIF que le capitaine Ouattara Katinan, ancien arbitre international est encore là. Je suis dans mon village à Niakara et Folofonkaha où je vis tranquillement ma retraite. Je remercie ivoirecho pour cet entretien et que dieu bénisse la cote d’Ivoire.

Réalisé par Gnakouri Tostao

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