Libre opinion/Franchement, il y a des raisons de désespérer de ma Côte d’Ivoire

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L’évolution de la situation politique de mon pays m’inquiète, me préoccupe et m’interpelle. Le ciel devient lourd de nuages et les signes d’un orage évident s’observent. Des voix plus sonantes que la mienne se sont élevées, sana effet. Dois-je dans ma position de citoyen lambda fermer les yeux et ma bouche pour laisser ma Côte d’Ivoire à vau-l’eau ? Laisser mon pays filer tout droit dans le mur et nous offrir encore le Spectacle désolant d’un nouveau conflit aux conséquences désastreuses pour tous ? Non et non. On ne nous suivra pas, c’est certain. On ne nous entendra pas c’est sûr. Mais avec ma petite voix et ma petite plume je vais parler, avec le peu que je sais de l’enchainement politique passé qui a conduit ma Côte d’Ivoire dans l’abime. Le fondateur de la Côte moderne que le monde entier avait fini par reconnaître et adopter comme un cerveau politique de premier ordre, a été humilié et bafoué vers la fin de son règne. On a eu le courage de le traiter de << voleur >>. Je m’en souviens encore comme si c’était aujourd’hui: << Houphouët voleur >>. Le Chanteur, pour immortaliser cet acte d’ingratitude l’a chanté : << Houphouët voleur >>. Mais dès que le vieux a mordu l’arbre par la racine, ils ont fait des pirouettes dont ils ont eux seul le secret, pour dire qu’ils étaient plus Houphouëtistes que le vieux. Mêmes ceux qui étaient diamétralement opposés à sa vision. La parenthèse du vieux se referma et un faiseur de pluies arriva avec un éléphant d’Afrique aux douze chantiers. Cauchemar ! Après quelques années, l’éléphant se retrouva avec une patte cassée et tout naturellement ses douze chantiers disparurent. << Son propriétaire >>, celui qui demandait aux Ivoiriens de se mettre à sa disposition en décembre 1999, fût emporté par le tourbillon d’un général balayeur. Et avec son concept de << l’ivoirité >> peu, mal ou pas du tout expliqué au peuple. Les Ivoiriens qui vivaient leur première expérience d’une soldatesque à la tête de leur pays, n’eurent d’autres choix que de s’aligner, tout en caressant le secret espoir de voir le général putschiste redresser le pays avec la rigueur militaire. Déception, vraie déception. Le général candidat n’avait en réalité que pour ambition, de dresser sa natte pour se coucher après avoir fini de balayer. Il trouva le peuple sur sa route qui prit le pouvoir pour le remettre au seul candidat qu’il avait taillé à sa mesure pour l’affronter et qui l’avait bel et bien battu dans les urnes, même dans les casernes. Le Woudy prit le relais avec beaucoup d’espoirs pour l’ensemble de l’opposition qui préférait toute autre option à celle des soldats. Mais ses alliés d’hier qualifieront sa victoire de calamiteuse. Entouré d’ultra nationalistes, il va se laisser aller au concept de << l'ivoirité >> en l’amplifiant. La société ivoirienne est désormais catégorisée. Il y a les Ivoiriens de bas étage et les Ivoiriens de haut étage. Ce qui pouvait arriver de pire à ma Côte d’Ivoire arriva. La première guerre de l’histoire éclaté et coupe le pays en deux. Une Côte d’Ivoire loyaliste, (le sud) et une autre rebelle, (le nord). Le Champion de la refondation, parlera de Côte d’Ivoire utile et de Côte d’Ivoire inutile. Le pays rentre dans une situation de ni paix ni guerre. Avec l’aide de la communauté internationale, clopin-clopant, une élection présidentielle suffisamment démocratique est organisée. Le monde entier reconnaît sa régularité et donne le fils de Nabintou Cissé vainqueur. Le Woudy n’accepte pas le résultat des urnes et se cramponne à un recomptage des voix. Il s’installe dans la logique de la guerre, à défaut de garder le pouvoir. Sen suit une grave crise qui va engendrer plus de 3000 morts officiels. Cette guerre se termine par l’arrestation du Woudy et le Bravetchè arrive au trône. Il réussit a repositionner le pays par un leadership dont il maitrise seul les contours. Plusieurs travaux d’envergure sont lancés à travers l’ensemble du pays. Mais sa politique sociale est mise banc des accusés. << On ne mange pas goudron, l'argent ne circule pas, nos enfants ne travaillent pas, la vie est chère…>>, entend-on dire. Conséquence, << Gbagbo ka fissa >>. Il faut donc le libérer pour qu’il vienne reprendre son fauteuil présidentiel et sauver ma Côte d’Ivoire. On lie sa libération à la réconciliation. << Sans Gbagbo, pas de réconciliation >>. Ma Côte d’Ivoire est attachée à un seul individu. Un individu, fut-il de la trempe de Gbagbo Laurent, est-il au dessus d’une nation ? Pour sa libération ok. Et nous sommes d’accord que l’actuel homme fort d’Abidjan pèse de son poids pour faire avancer les choses. Mais disons nous la vérité. L’homme a-t-il un seul instant fait preuve de repentance ? Les parents des nombreuses victimes lui en serraient reconnaissantes et soulagées et surtout, soutiendraient sa libération. En ma Côte d’Ivoire, personne ne semble comprendre qu’il faut pardonner avant d’être pardonné à l’instar du grand homme qu’a été le Madiba. Voilà pourquoi je désespère de ma Côte d’Ivoire, franchement. Heureusement, l’eau continue de couler sous les ponts. Et demain est si proche. << Gbgbo ka fissa >>, Bédié a enfourché à son tour, la trompette. Il va à gauche pour rencontrer Affi qui le traitait << de pneu réchappé en son temps >>, à gauche pour saluer Simonne Gbagbo qui sort d’une longue détention de prison. Tout cela ressemble à une couardise et je désespère pour mon pays, parce que j’y sens un parfum de précipitation et de mensonge pour faire encore une fois mal à l’autre. Une plateforme se construit. Alors messieurs, nous vous reconnaissons le droit d’en construire une, mais pas sur un fondement de revanche. Ce serait mettre ma Côte d’Ivoire en péril. Je désespère aujourd’hui encore en voyant tous ces partis politiques avoir deux têtes. Fpi, deux têtes, Pdci-Rda deux têtes, Rdr deux têtes, Mfa deux têtes, Upci deux têtes, Udpci deux têtes, Pit deux têtes…Franchement je désespère pour ma Côte d’Ivoire.

À la prochaine, JPH

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