Kenya/89 corps de fidèles présumés d’une secte exhumés.

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Au Kenya, le président William Ruto a promis lundi 24 avril des mesures contre les cultes «terroristes» qui «utilisent la religion», après la mort de 73 adeptes d’une secte dans l’est du pays qui suscite un débat sur les failles sécuritaires et législatives face à ces organisations. Ce bilan macabre des morts parmi les fidèles présumés de cette secte ne cesse hélas, de grimper. Le 25 avril 2023 dernier, il était de 89 corps découverts.

Au pays de Ruto, 16 nouveaux corps de membres présumés d’une secte prônant un jeûne extrême ont été retrouvés ce 25 avril 2023 à la mi-journée, portant le bilan à 89 morts dans cette affaire qui suscite l’horreur et l’indignation dans le pays. Une grande partie des victimes sont des enfants, la morgue de l’hôpital du sous-comté de Malindi est saturée.

Ce bilan reste provisoire alors que les recherches se poursuivent dans la forêt de Shakahola, située à l’est du Kenya. « Nous ne savons pas combien de fosses communes, combien de corps nous allons découvrir », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Kithure Kindiki, en visite sur place en début d’après-midi.

 Crime de génocide »

Ce dernier s’en est pris au leader de l’Église internationale de Bonne Nouvelle, Paul Mackenzie. « Le gouvernement du Kenya fera tout son possible pour que M. Mackenzie reçoive la peine la plus lourde possible. Nous nous attendons à ce qu’il reste en prison jusqu’à la fin de sa vie. J’encourage le procureur à monter un dossier contre lui au pénal pour « terrorisme » à partir de tout ce que nous avons trouvé sur cette scène de crime. Au-delà du terrorisme, je suis intimement convaincu qu’un dossier peut être constitué pour accuser Monsieur Mackenzie et tous ses collaborateurs – y compris ceux qui l’ont aidé à creuser des tombes et à disposer les corps des gens qui ont été assassinés –, il est possible de les accuser d’un crime de génocide en vertu des lois internationales et des lois kényanes », a-t-il ajouté dans une déclaration aux médias.

Paul Mackenzie s’est rendu à la police et est en détention avec six de ses fidèles. L’affaire doit être examinée devant la justice le 2 mai 2023. Mais son cas soulève des interrogations sur de potentielles failles sécuritaires et législatives. Car Paul Mackenzie avait déjà été arrêté en 2017 et 2019, puis à nouveau le mois dernier après la mort de faim de deux enfants : il avait été libéré en échange d’une caution.

Lors de son intervention devant des médias, le ministre de l’Intérieur a, au passage, dressé un parallèle entre ce que le Kenya appelle désormais le « massacre de la forêt de Shakahola » et le massacre de Jonestown de plus de 900 fidèles à Guyana en 1978, ou l’attentat au gaz sarin perpétré par la secte Aum Shinrikyo dans le métro de Tokyo en 1995. « Je suis convaincu que ce qui s’est passé ici, à Shakahola, est le tournant dans la façon dont le Kenya gère les graves menaces à la sécurité causées par les extrémistes religieux », a-t-il assuré.

Le président William Ruto a lui promis lundi des mesures sévères contre ceux qui « utilisent la religion pour mettre en avant des idéologies inacceptables ». Selon lui, la situation à Shakahola s’apparente à du « terrorisme ». Il a qualifié le pasteur Paul Mackenzie Nthenge de « criminel » dont la place est en prison.

Un total de 34 personnes ont par ailleurs été « retrouvées vivantes », a précisé Kithure Kindiki.

Avec Rfi

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