Saïf Al-Islam Kadhafi a transmis à la justice française un courrier dans lequel il affirme à nouveau que la campagne de Sarkozy a été financée par la Libye.
C’est par lui que le scandale a éclaté, en début d’année 2011. Saïf Al-Islam Kadhafi avait alors rompu avec son personnage de dandy réformateur pour promettre de faire couler des « rivières de sang », de combattre « jusqu’à la dernière balle » les manifestants en passe de devenir des rebelles armés, de même que la coalition menée par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Dans un entretien diffusé par Euronews le 16 mars 2011, le deuxième fils du Guide libyen, alors âgé de 38 ans, évoque pour la première fois le financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, quatre ans plus tôt. « Il faut que Nicolas Sarkozy rende l’argent, dit-il, nerveux et déterminé. C’est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve (…). Nous le révélerons tout prochainement. »
Sept ans plus tard, trois doigts en moins coupés par les miliciens de Zintan, qui l’ont arrêté de nuit dans le désert libyen en novembre 2011 et l’ont détenu en résidence surveillée avant de le « libérer » en juin 2016, Saïf Al-Islam Kadhafi finit par répondre aux sollicitations de la justice française. A défaut de fournir des preuves, l’homme – qui est toujours recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité –, livre sa version des faits dans une lettre de huit pages dactylographiées en arabe transmise cet été aux juges français par l’intermédiaire de son cabinet d’avocats britannique.
Ses propos sont à prendre avec précautions, même si les avocats qui le défendent devant la CPI confirment l’authenticité de cette lettre et garantissent que M. Kadhafi en est bien l’auteur. Malgré ses ambitions présidentielles entretenues par ses proches et par la nébuleuse kadhafiste qui parlent en son nom, l’homme a été traumatisé par les tortures, la détention et entretient le mystère sur sa localisation, tout comme sur son état de santé mentale.