NIAKARA – Les orpailleurs clandestins envahissent la ville.

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Au moment où l’on s’attendait à l’application de la mesure de la fermeture de la mine d’or de Loho dans la sous préfecture d’Arikokaha, située à une vingtaine de kilomètres de Niakara, chef lieu de département, la ville de Niakara est prise d’assaut ces derniers jours, par des orpailleurs clandestins qui y arrivent de nuit comme de jour, par dizaines, voir par centaines. Ces chercheurs d’or, sont pour la majorité des cas, originaires des pays frontaliers du nord de la Côte d’Ivoire, notamment le Burkina Faso, le Mali et le Niger. En effet une nouvelle mine d’or découverte à Santonankaha, un campement du village de Kafiné à une dizaine de kilomètres de Niakara, constitue le nectar pour ‘’ces abeilles ». Comme prises de surprise, les populations autochtones assistent ou regardent impuissantes cet autre phénomène, aux conséquences plus que fâcheuses comme c’est le cas, hélas, dans plusieurs régions du pays. Nous en voulons pour preuves récentes Ouellé, Daoukro et Dimbokro. Comment en est on arrivé la ? Quelles sont les répercutions sur les populations ? Que fait l’autorité ? Qu’en pensent les riverains ?
Toutes les voix sont unanimes. La nouvelle mine d’or a été découverte par des étrangers. « Ici, tout le monde le sait, notre travail c’est l’agriculture. Ce sont les étrangers qui possèdent ces machines qui détectent l’or. Concernant le cas de Santonankaha à Kafiné, c‘est un ressortissant Burkinabé qui a fait la découverte de la mine d’or. Si tôt faite, il est allé chercher ses frères pour lancer l’exploitation. Bien entendu, des ressortissants de Niakara, attirés par le gain facile, se sont eux aussi jetés dans l’affaire. Ce qui n’a pas été du goût des allogènes qui revendiquent sa propriété. On failli arrivé à l’affrontement, n’eut été l’intervention in extrémiste des forces de l’ordre. Nous avons pensé depuis lors que le gouvernement allait procéder à sa fermeture pure et simple. Mais, à notre grand étonnement, le travail s’y poursuit. Mieux, des corps habillés viennent de Bouaké pour y assurer la garde. Chaque jour que Dieu fait, des chercheurs d’or déferlent sur Niakara et prennent la direction de Kafîné. Ils ne reviennent en ville que pour faires leurs emplettes ou faire des transferts d’argent », nous confie K.O avec qui, nous sommes témoins à la gare routière, de l’arrivée de deux cars de voyageurs en provenance du nord. Des jeunes avec des sacs au dos en descendent et se fondent dans le marché. Peu de temps après, nous reconnaissons certains parmi eux qui se sont offert les services de motos taxis et ont emprunter la route de Kafiné. K.O nous dit que « c’est comme ça à longueur de journée ». En attendant, à Niakara, les conséquences du phénomène se font déjà sentir. Ils ont pour premiers noms, la prostitution, l’exode de nombreux jeunes vers la nouvelle zone aurifère, la drogue et autres stupéfiants, les frustrations, (si l’étranger creuse et devient riche, alors moi aussi j’abandonne la houe et la machette pour aller creuser à la mine)…Comme ceux-ci ne viennent jamais seuls, les populations redoutent les braquages qui ont considérablement diminué grâce aux efforts de la gendarmerie locale, les vols et viols, les épidémies, la pollution des eaux des rivières et marigots, l’appauvrissement des terres cultivables, la famine, (on va extraire l’or à la place de l’igname et du manioc), l’affluence des élèves vers la mine qui abandonneront du coup les salles de classes…Ce phénomène n’étant malheureusement pas nouveau dans le département de Niakara, ces conséquences ont été déjà observées à Tortya et à Loho. Côté réaction officielle, aucune autorité ne veut se prononcer clairement sur la question. Toutefois, sous le couvert de à l’anonymat, une autorité administrative nous a révélé que des rapports ont été faits à sa hiérarchie. Les populations elles, condamnent et appellent le gouvernement au secours. « Nous ne comprenons plus rien dans cette affaire d’or. À Arikokaha, le gouvernement avait mis fin à l’exploitation de la mine d’or de Loho. Des corps habillés sont intervenus à maintes reprises pour déloger les exploitants clandestins de la mine. Mais aujourd’hui, ils sont tous revenus avec des moyens d’exploitation plus sophistiqués. Avant, ils creusaient à tout hasard, mais maintenant des machines leur indiquent l’emplacement précis de l’or. Depuis, plus de corps habillés >>, soutient Mamadou Koné. Pour sa part, dame Ouattara D se dit très inquiète. << La reprise de l'orpaillage clandestin n'est pas une bonne chose. Je suis très inquiète de savoir que nous pourrions revivre de tristes événements survenus au plus fort de l'exploitation de l'or à Loho. Il y a eu souvent des braquages avec morts d'hommes. Les accidents de motos, les vols et viols, tout cela va resurgir. Pourquoi l’État laisse faire >>, va-t-elle s’interroger. Quant à Marcel Touré Pewonan, il pointe du doigt les autorités locales et les forces de l’ordre. << Pour moi, c'est un vrai business pour certaines autorités. Elles ne rendent pas compte de la situation a l'État. Elles semblant d'envoyer les forces de l'ordre en mission sur les mines, qui elles aussi tirent profit de la situation. Les vrais perdants, c'est nous la population. Nous sommes spoliés de nos terres et subissons la loi des braqueurs et autres coupeurs de routes. Notre vie tient à un seul fil. Si une épidémie se déclenche ici, les conséquences seront dramatiques. Aujourd'hui, si nous avons encore quelques jeunes dans nos villages, c'est à cause de la campagne de l'anacarde qui s'annonce. Après la campagne, tous les jeunes iront dans les mines. Vivement que le gouvernement fasse quelque chose, à moins qu'il n'ait démissionné lui même >>. M. Alexandre Kouakou, enseignant à Niakara pense qu’il faut libéraliser l’exploitation de l’or dans la région en la confiant à des sociétés régulièrement constituées qui offriront du coup, des emplois aux jeunes. << Il y a de l'or partout dans cette région. Je pense que l'État devrait confier son exploitation à des sociétés modernes qui créeront de nombreux emplois pour la jeunesse de la région qui en a énormément besoin. Actuellement à qui profite cette exploitation ? À des particuliers qui de surcroît, sont des non nationaux. Ils tirent notre richesse et l'envoient tranquillement dans leur pays. Cela est fâcheux et il faut anticiper sur les conflits qui risquent de naître de ces exploitations irrégulières >>, prévient-il.
Pour notre part, tous les points de vues soulevés sont aussi importants les uns que les autres. Les chercheurs d’or ont quitté leur région ou leur pays pour faire fortune. Un seul coup de sifflet ou de matraque ne viendra pas les dissuader. Il faut de la fermeté. Il faut veiller et lutter contre leur installation durable ou définitive parce que demain, un pas est vite fait vers les narcotrafiquants et autres organisations criminelles.
AK

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