Nobel de littérature 2021/Le Tanzanien Abdulrazak Gurnah (72ans) remporte le parix

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L’Académie suédoise a, encore une fois, déjoué tous les pronostics en attribuant le prix Nobel de littérature, jeudi 7 octobre, à un écrivain africain. Jusqu’ici, seulement quatre lauréats du plus prestigieux prix littéraire au monde étaient issus du continent africain, l’Égyptien Naguib Mahfouz (1988), les deux Sud-Africains Nadine Gordimer (1991) et John Coetzes (2003), et un seul auteur venait d’Afrique noire, le Nigérian Wole Soyinka, en 1986.

Selon les dires du président du comité suédois, le lauréat Abdulrazak Gurnah était dans la cuisine lorsqu’il a été informé de la bonne nouvelle. Pour le jury à Stockholm, l’auteur notamment du roman Paradise s’est distinguée pour son récit « empathique et sans compromis des effets du colonialisme et le destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents ».

La distinction d’un lauréat de Tanzanie peut être interprété comme signe de prendre au sérieux la promesse du président du comité Nobel de 2019 d’être dorénavant « moins eurocentré » et plus ouvert à la littérature « dans le monde entier ». Jusqu’ici, sur les 118 lauréats, 95 écrivains sont issus de l’Europe ou de l’Amérique du Nord, soit 80%.

L’œuvre de l’écrivain tanzanien Abdulrazak Gurnah se distingue particulièrement par son approche originale et globale des questions fondamentales de notre époque comme l’identité et la migration et le déchirement géographique et culturel de millions de gens dans le monde.

Parmi ses livres les plus lus se trouvent Paradise, publié en 1994 et à l’époque présélectionné par le prestigieux Booker Prize, Desertion (2005) et By the Sea, publié en 2001 et également remarqué par les jurés du Booker Prize. Dans ses livres, il a fait preuve de sa capacité de transcender les effets du colonialisme et la tragédie vécue par les réfugiés à travers les tensions voire la perte de leur culture et leur identité.

Le colonialisme et ses conséquences

Afterlives, son dernier roman, est un manifeste contre l’oubli. Abdulrazak Gurnah y raconte l’histoire d’Ilyas, un enfant enlevé à ses parents par les troupes coloniales allemandes et qui revient dans son village après avoir combattu pendant des années dans une guerre contre son propre peuple.

Né le 20 décembre 1948 sur l’île de Zanzibar, Gurnah a fait lui-même la douloureuse expérience de l’exil. À la fin des années 1960, il est arrivé en tant que réfugié au Royaume-Uni. Depuis, il a publié une dizaine de romans et plusieurs nouvelles en langue anglaise. Entre 1980 et 1982, il a enseigné aussi au Nigeria, à l’université Bayero de Kano, avant de rejoindre l’université de Kent, où il a obtenu son doctorat en 1982. Il y est désormais professeur et directeur des études supérieures au sein du département d’anglais.

Parmi ses priorités figure son intérêt pour la littérature postcoloniale, surtout concernant l’Afrique, l’Inde et les Caraïbes. Dans ce cadre, il a coordonné plusieurs projets de recherche concernant les œuvres de Rushdie, Naipaul, Anthony Burgess ou Joseph Conrad, écrivain majeur dont Gurnah s’est manifestement inspiré pour le personnage de Yusuf, jeune héros innocent, de son livre acclamé Paradise.

Rfi

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