M’bahiakro/Interview avec le maire Atchelaud Fausto Lewis Kouakou : « Nous avons fait du chemin, nous avons réussi à construire quelque chose de positif qu’il faut sauvegarder. Mais nous sommes conscients que beaucoup reste faire »

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Dans le cadre de sa rubrique « Le journal des élections », Ivoirecho est allé échanger avec le maire sortant de la commune de M’bahiakro. L’homme qui a accepté de se livrer à nous, a Sans détours, répondu à toutes nos questions. Il retracé le chemin parcouru à la tête durant les cinq premières années de son mandat en évoquant les difficultés rencontrées. Il a parlé de ce qu’il a réalisé, mais aussi de ce qu’il voulait réaliser et qu’il n’a pas pu réaliser. Les moments durs vécus en 2017 à M’bahiakro, nous les avons revisité et en faisant un clin d’œil à sa partition dans le règlement de ces crises. En tant qu’enfant de Félix Houphouët-Boigny, il s’est prononcé sur les palabres dans la grande maison du père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne…Enfin, il a invité les peuples Sondo, Abbey-Adjé et N’guin à lui renouveler leur confiance afin que M’bahiakro continue inexorablement sa route vers l’émergence.

Ivoirecho: Présentation

Atchelaud Fausto Lewis Kouakou: Je suis docteur Atchelaud Fausto Lewis Kouakou, maire sortant de la commune de M’bahiakro, candidat à sa propre succession.

Ivoirecho: Quelles sont les raisons qui motivent votre candidature ?

A.F.L.K: Je voudrais avant de répondre à votre question vous remercier pour vous êtes déplacés jusqu’à M’bahiakro afin de savoir les raisons qui nous animent et les motivations pour lesquelles nous souhaitons être de nouveau à la tête de la commune de M’bahiakro pour les cinq prochaines années. Au cours d’un premier mandat de cinq ans, nous avons réussi à transformer un tant soit peu M’bahiakro. Ce que beaucoup auraient cru impossible il y a cinq ans, nous avons réussi à le faire. Vous arrivez à M’bahiakro aujourd’hui, c’est, je dirai pratiquement un havre de paix. Je me rappelle que cinq ans plus tôt, M’bahiakro faisait partie des villes les plus sales de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, M’bahiakro fait partie des cinq villes les plus propres de la Côte d’Ivoire. C’est dire qu’il y a un travail immense qui a été abattu par tous mes collaborateurs au niveau de la mairie, tous les agents et tous ceux qui ont bien voulu nous aider. Mais également il faut noter la grande participation de la population qui a bien compris le bien-fondé de ce que nous voulons faire. Nos populations ont adhérer à notre volonté de faire de notre ville, une ville propre. Nous leur avons fait savoir que ce n’est parce que nous étions pauvres que nous devons rester sales. Et nous l’avons si bien compris que aujourd’hui quand vous arriver à M’bahiakro, vous voyez une ville propre. Ce qui a fait reculer de façon considérable les maladies comme le paludisme, comme la fièvre typhoïde…Vous arrivez à l’hôpital aujourd’hui, l’hôpital qui, il y a cinq ans, quatre ans, était rempli de malades hospitalisés, aujourd’hui quand vous arrivez, il y a de moins en moins de malades. Je crois que c’est aussi une manière d’apporter un petit plus à nos parents qui dépensent moins en terme de soins médicaux, qui ont la possibilité de faire autre chose avec leurs moyens. Mais nous savons que pour la ville de M’bahiakro, il y a encore beaucoup à faire. Il y a énormément de choses à faire. Malgré les maigres moyens que nous avons, le peu de moyens dont dispose la mairie de M’bahiakro, beaucoup a été déjà fait, mais comme je l’ai dit tantôt, il reste énormémént de choses à faire. Et nous estimons qu’en un seul mandat, nous n’aurions pas pu faire tout ce que nous souhaiterions faire. Donc aujourd’hui nous voulons encore solliciter le suffrage des populations pour pouvoir parachever tout ce que nous avons projeté pour notre belle cité. Nous estimons que si les populations nous font confiance et que nous avons encore un autre mandat, nous pourrons aller au bout, dieu voulant au bout de ce que nous avons projeté pour les populations. Donc pour me résumer, je voudrais dire que c’est pour surtout aller à l’essentiel de ce que nos populations souhaitent. C’est pour répondre aux préoccupations des populations que nous voulons un deuxième mandat pour donner satisfaction à toutes ces préoccupations, à tous ces besoins que nous avons déjà énumérés.

Ivoirecho: M. le maire, pensez-vous qu’il y a des choses que vous auriez dû ou vous auriez pu faire, que vous n’avez pas faîtes ?

A.F.L.K: Oui, vous savez, les actions humaines ne sont pas forcément parfaites, il y a toujours des imperfections dans tout ce que nous entreprenons. Donc c’est pour dire que ce que nous avons fait déjà, nous souhaitons et espérons que ça apporte satisfaction aux populations, nous espérons également que ce que nous voulons faire pour l’avenir qui est l’émanation des préoccupations des populations, pourra leur apporter satisfaction. Mais il y a une chose que je dirai essentielle pour moi, que jusque-là nous n’avons pas encore réussi à faire véritablement, c’est créer cette union sacrée des enfants de M’bahiakro. Faire en sorte que tous les enfants de M’bahiakro dans leur grande majorité, dans toutes les composantes possibles, tous ces enfants de M’bahiakro puissent se mettre ensemble pour regarder dans la même direction et construire le développement de M’bahiakro. Nous voulons vraiment que les enfants de M’bahiakro soient unis. Et cette union, que jusque-là nous n’avons pas encore réussie à mettre en place véritablement et c’est l’une de mes grandes déceptions et j’espère que les années à venir vont permettre d’aboutir à cela. A ce sujet, je voudrais remercier certains cadres, certains frères qui ont bien compris le bien-fondé de cette union et qui sans hésiter, ont accepté de se mettre avec nous pour aller de l’avant. Nous sommes persuadés que si cette union se fait, M’bahiakro se développera sans l’aide de qui que ce soit.

Ivoirecho: Qu’est ce qui fait le blocage de votre projet de mutuelle ?

A.F.L.K: La mutuelle a été mise en place. Je veux parler de la mutuelle des agents de santé. Cette mutuelle été mise en place. Elle est dirigée par le professeur Kouamé Kouakou Maurice, qui est professeur d’université et professeur à la faculté de médecine de Cocody Abidjan. Cette mutuelle regroupe tous les médecins, tous les pharmaciens, tous les infirmiers, sages-femmes, infirmières, tous ceux qui travaillent dans le domaine de la santé et qui sont originaires de M’bahiakro se retrouvent dans cette mutuelle. Vous pouvez vous imaginez qu’aujourd’hui nous avons trouvé plus de 30 médecins originaires de M’bahiakro, plus de 27 pharmaciens originaires de M’bahiakro grâce à cette mutuelle, qui les années à venir, se fera fort d’aider efficacement notre hôpital et nos différents centres de santé sur l’ensemble du département de M’bahiakro.

Ivoirecho: Combien d’adhérents revendiquez- vous ?

A.F.L.K: Aux dernières nouvelles, parce que j’ai rencontré le professeur, nous avons déjà une trentaine de personnes travaillant dans le domaine de la santé qui ont accepté de suivre ce mouvement pour apporter un plus à la santé à M’bahiakro.
Quelle sera votre toute première action que vous allez poser si au soir du 13 octobre prochain vous êtes réélu ?
Pour répondre à cette question, je reviendrai un peu en arrière et vous dire qu’aujourd’hui, l’essentiel pour moi, ce n’est pas forcément ma réélection. Mais l’essentiel pour moi, c’est comment faire pour que les enfants de M’bahiakro se mettent ensemble. Comment faire pour que les germes de la division ont pu naître à un moment donné dans l’esprit, dans la mentalité de nos parents, que ces germes puisent être combattus et que nous puissions les éliminer efficacement. Donc au soir du 13 octobre si éventuellement nous sommes réélus, ce que nous souhaitons d’ailleurs, ce sera de lancer un appel avant toute chose aux uns et aux autres à l’union, de poser des actes concrets pour traduire notre volonté d’unir les uns et les autres. Acceptez de pardonner, acceptez de tolérer, acceptez que les uns et les autres aient des idées différentes et contraires, mais que nous puissions nous mettre ensemble.

Ivoirecho: M’bahiakro a connu des heures chaudes en 2017. Peut-on dire que c’est désormais du passé et quelle a été votre partition dans la résolution de ces crises ?

A.F.L.K: Disons que c’était un mardi assez noir pour la commune de M’bahiakro, une journée assez triste, et ce jour-là, j’ai été témoin des faits parce que j’étais présent à M’bahiakro, Et nous avons réussi, grâce à l’appui du préfet et de tous les membres du corps préfectoral, nous avons réussi dis-je, à faire baisser la tension au cours de la journée. Nous avons eu beaucoup de blessés, beaucoup d’élèves blessés, une trentaine de blessés. Etant moi-même du domaine de la santé, immédiatement quand nous avons constaté les premiers blessés, je me suis rendu directement à l’hôpital et nous avons fait appel à des ambulances des villes environnantes, nous avons donné les moyens qu’il fallait pour évacuer les enfants sur Bouaké parce que M’bahiakro ne pouvant plus faire face aux blessés qui nous parvenaient. Donc tous les enfants qui ont été blessés pour la plupart, ont été évacués à Bouaké grâce à notre appui et à notre soutien. Mais nous sommes allés bien au-delà parce qu’il fallait trouver les voies et moyens pour apaiser les esprits, pour calmer les tensions. Et je crois que pour cela, le préfet a joué un rôle capital, en créant une cellule de crise que lui-même a dirigée, dans laquelle on retrouvait tous les cadres qui voulaient bien participer. Mais au regard de tout ce qui a été fait, je voudrais le féliciter et le remercier particulièrement, M. le préfet, parce qu’il nous a non seulement orientés, mais il nous a aidés énormément dans cette résolution. Nous avons donc à la suite du préfet, approcher toutes les bonnes volontés de M’bahiakro. Je veux parler notamment des hommes religieux, des musulmans, des chrétiens, des personnes même ne pratiquant pas forcément la religion, nous les avons approchés, nous leur avons demandé de chacun à son niveau, de faire en sorte que la tension baisse. Et au regard de tout ce que chacun d’eux a pu faire, nous avons constaté que beaucoup de négociations, beaucoup d’approches ont permis que la tension soit baissée. Aujourd’hui M’bahiakro vit tranquillement. Il s’est trouvé qu’au cours de cette crise, notre brigade de gendarmerie a avait été calcinée, brûlée par les flammes. Ce que nous avons fait, nous avons grâce au préfet, fait appel à tous les cadres, à toutes les bonnes volontés. Nous avons demandé à tous les membres de la chaîne de métiers qui pouvaient œuvrer pour la réhabilitation de notre brigade, de travailler de façon bénévole, sans rémunération pour réhabiliter notre brigade. Nous avons donc demandé à tous les enfants de M’bahiakro qui pouvaient le faire, de nous venir en aide. Et j’ai été moi-même au-devant de la collecte des moyens pour acheter le matériel, pour acheter les matériaux également, faire en sorte que la gendarmerie soit réhabilitée. Au jour d’aujourd’hui où je vous parle, notre brigade a été entièrement réhabilitée et entièrement équipée. A ce jour, elle est beaucoup mieux que lorsque les flammes l’avaient atteinte. Nos gendarmes sont aujourd’hui, assez bien installés grâce à l’apport des populations, grâce au soutien des cadres et grâce à l’appui de M. le préfet et du corps préfectoral. Nous avons touché tout le monde. Donc au jour d’aujourd’hui, nous pouvons dire au regard de tout ce qui a été fait, que la situation est calme, la situation est apaisée, mais nous avons un seul regret, un seul grand regret, c’est que des enfants, au cours de cet évènement, ont été arrêtés et incarcérés à Bouaké jusqu’à ce jour. Malheureusement, toutes les négociations, toutes les tentatives pour aboutir à leur libération, sont jusqu’à ce jour restées vaines. Nous avons tout essayé, et nous avons bon espoir qu’un jour nous pourrons trouver la porte qu’il faut pour libérer ces enfants. Nous ne dormons pas. Que ce soit le préfet, que ce soit le député, que ce soit le sénateur, que ce soit moi-même le maire, tous les élus, nous bataillons dur pour aboutir à la libération de ces enfants et je dirais que le seul gros point noir qui reste de cet évènement malheureux que nous avons connu.

Ivoirecho: Et combien sont ces jeunes ?

A.F.L.K: Une dizaine, disons plus exactement 16. Voilà un peu le point noir de cet évènement.

Ivoirecho: M. le maire vous êtes un Houphouëtiste, aujourd’hui qu’est-ce que cela vous fait de voir ces palabres dans la grande maison de Félix Houphouét-Boigny ?

A.F.L.K: Rires. Merci, je suis Houphouëtiste effectivement. C’est vrai qu’aujourd’hui tout Houphouëtiste à ma place, se sentirait mal à l’aise, de savoir que dans la maison du père fondateur, il y a des problèmes. C’est dommage, mais voyez-vous, plus la famille grandit, plus on est exposé à ces genres de situations là. Moi, de ma position, je vous dirai que j’ai grande confiance en nos différents leaders, et particulièrement Henri Konan Bédié et notre Président Alassane Ouattara qui jusqu’à ce jour ont œuvré pour que la Côte d’Ivoire retrouve la paix, retrouve sa tranquillité, sa quiétude, j’ai grande confiance en ces deux personnages pour s’asseoir, discuter et trouver des solutions qui minent aujourd’hui la grande famille Houphouëtiste pour que demain soit un jour meilleur pour que nous puissions nous remettre ensemble pour travailler dans le bonheur supérieur, l’intérêt supérieur des populations de la Côte d’Ivoire.

Ivoirecho: Maintenant, un appel à vos populations.

A.F.L.K: Le Je dirai que, aujourd’hui que les populations de M’bahiakro se souviennent, qu’il y a cinq ans, je suis venu devant eux, leur dire que j’ai besoin de leur suffrage parce que j’avais des ambitions pour M’bahiakro. Aujourd’hui cinq ans plus tard, si mes souvenirs sont exacts, je pense que nous avons travaillé la main dans la main et les résultats sont là. M’bahiakro a changé de visage. C’est vrai, nous n’avons pas pu faire tout ce qu’il y avait à faire, mais nous pensons que si nous avons la possibilité de continuer ce que nous avons déjà entrepris, nous allons améliorer, je dis bien améliorer les conditions de vie des uns et des autres parce que nous voulons faire de M’bahiakro, une ville modèle, une ville où il fait bon vivre, une ville où lorsque vous êtes affectés, vous ne sentez pas que vous venez faire face à une punition. Voyez-vous, il y a des fonctionnaires lorsqu’ils ont été affectés ici pour la première fois, il y a dix ans ou cinq ans, se sont dit, qu’est-ce que j’ai fait pour qu’on me punisse en m’envoyant à M’bahiakro. Aujourd’hui nous pensons que les fonctionnaires qui viennent à M’bahiakro, se sentent beaucoup plus à l’aise, parce qu’ensemble nous avons réussi à construire quelque chose de positif. Et ce quelque chose de positif, quand vous l’avez construit, il faut le maintenir. Il faut le maintenir et je sais que main dans la main, avec la confiance que nous nous sommes établi mutuellement, nous pouvons faire avancer davantage notre ville. Il reste beaucoup à faire, et il ne faut pas dormir sur ses lauriers, il faut plutôt continuer de travailler. Que les populations sachent que je suis prête encore à faire le travail pour leur bonheur et leur bien-être. Ce que je veux, je l’ai déjà dit plus haut, c’est de voir les enfants de M’bahiakro unis. J’insiste là-dessus, parce que comme on le dit, l’union fait la force. L’union fait la force. Ce sera la plus grande satisfaction que j’aurais obtenu, si au cours de mon mandat, je réussi à unir la majeure partie des enfants de M’bahiakro. Pour moi, ce que je voudrais que les populations retiennent de moi, c’est que j’aime M’bahiakro et je suis prêt pour M’bahiakro.

Interview réalisée par JPH et E.Pisani

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