Mondial 2018 : des matchs décisifs pour lever les derniers doutes des sélections africaines

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Du 23 au 27 mars, les cinq sélections africaines qualifiées pour la Coupe du monde 2018 (Égypte, Sénégal, Maroc, Nigeria, Tunisie) disputeront chacune deux matches amicaux. Avec, pour certaines d’entre elles, plusieurs interrogations.

Sénégal : les problèmes de Cissé

Aliou Cissé a ratissé large pour les deux matches amicaux face à l’Ouzbékistan (23 mars à Casablanca) et face à la Bosnie-Herzégovine (27 mars au Havre) en convoquant 30 joueurs. Le sélectionneur des Lions Indomptables a appelé un seul petit nouveau, en la personne de Santy Ngom, l’attaquant du FC Nantes. La liste publiée par l’ancien milieu de terrain du Paris-SG ouvre la porte à certaines hypothèses. Par rapport au groupe qui avait obtenu sa qualification pour la Coupe du monde face à l’Afrique du Sud en novembre dernier (2-1, 2-0), plusieurs joueurs ont disparu, à cause d’un temps de jeu réduit : le gardien Clément Diop (Impact Montréal, CAN), le défenseur Saliou Ciss (Valenciennes) et l’attaquant messin Opa Nguette (Metz).

Parmi les cadres, le principal absent est le défenseur d’Anderlecht Kara Mbodj (51 sélections). Le vice-capitaine des Lions est blessé à un genou. Autre blessé, le défenseur Fallou Diagne (Metz). Cissé, qui n’a pas rappelé Demba Bâ (Göztepe Izmir) et dont le retour en sélection semble illusoire malgré de bonnes performances en Turquie, s’est tourné vers le défenseur Papy Djilobodji (Dijon), et le milieu de terrain Pape Souaré (Crystal Palace). Le premier n’avait plus joué pour son pays depuis mars 2015 face au Ghana (2-1) et était en froid avec Cissé. Le second tente de retrouver son niveau depuis son grave accident de la route, en septembre 2016. Autre problème pour Cissé, celui des gardiens : en plus de Diop, ni Abdoulaye Diallo (Rennes) ni Alfred Gomis (SPAL) n’ont un gros temps de jeu en club, au contraire de Khadim N’Diaye (Horoya AC, GUI) et Pape N’Diaye (ASC Diaraf), le seul local de la liste.

Égypte : beau temps pour les Pharaons

Au moment de coucher quelques noms sur la liste des joueurs invités à s’installer à Zurich, où son équipe affrontera le Portugal puis la Grèce (23 et 27 mars), Hector Cuper n’avait que l’embarras du choix. Des problèmes de riche pour le sélectionneur argentin des Pharaons. Vingt-huit joueurs ont été conviés pour le séjour en Suisse, et Cuper n’a pas bouleversé l’ordre des choses, en faisant massivement appel à ceux qui avaient obtenu la qualification pour la Coupe du monde. Seuls le gardien d’Al-Ahly Sherif Ekramy, et ses coéquipiers en club Ramy Rabia et l’attaquant Amr Gamal sont absents.

Un joueur sera l’objet d’une attention toute particulière : Mohamed Salah, auteur d’une saison époustouflante à Liverpool

Hormis ces trois cas spécifiques, et qui ne concernent pas des titulaires, toute l’ossature égyptienne est là, dont l’indestructible gardien Hossam El Hadary (45 ans, 156 sélections). Évidemment, un joueur sera l’objet d’une attention toute particulière. Il s’agit bien sûr de Mohamed Salah, auteur d’une saison époustouflante à Liverpool. Le meilleur buteur de la Premier League (28 buts) a vu sa valeur marchande exploser (il est estimé à plus de 150 M€ actuellement). La présence d’un tel joueur et la qualité technique de plusieurs internationaux égyptiens poussera-t-elle Cuper à faire évoluer son équipe de façon moins prudente, un souhait unanimement partagé par la presse et les supporters ?

Tunisie : l’intégration des binationaux et le cas Abdennour

À défaut d’avoir pu convaincre Wissam Ben Yedder qui voulait évoluer pour la France et dont les performances ont finalement poussé Didier Deschamps à sélectionner l’attaquant du FC Séville, Nabil Maâloul a retenu quatre binationaux – Mouez Hassen (Châteauroux), Yohan Benalouane (Leicester), Ellyes Shkiri (Montpellier) et Saïf-Eddine Khaoui (Troyes – pour affronter l’Iran (23 mars) et le Costa Rica (27 mars). À ces quatre nouveautés viennent s’ajouter les arrivées de deux locaux, Ghazi Ayadi (Club Africain) et Alaeddine Marzouki (CS Sfaxien).

Mais pour le sélectionneur des Aigles de Carthage, privé au dernier moment de son meilleur buteur Youssef Msakni (14 buts), touché à un ménisque lors d’un match du championnat du qatar avec Al-Duhail, une des principales interrogations concerne Aymen Abdennour (28 ans). Le défenseur central de l’Olympique de Marseille (55 sélections, 2 buts), n’a plus joué pour son pays depuis une rencontre amicale face au Maroc, le 28 mars dernier (0-1 à Marrakech). Et son temps de jeu à l’OM – 13 matches toutes compétitions confondues – ne plaide pas vraiment en sa faveur, à moins de trois mois de la Coupe du monde.

Et Nabil Maâloul s’est montré très clair : les statuts individuels passeront après les intérêts collectifs. « Seule la vérité du terrain m’intéresse », a plusieurs fois répété le patron technique des Aigles. L’autre grand absent de cette liste est Ahmed Akaichi. L’attaquant d’Al-Ittihad Djeddah (Arabie Saoudite) a souvent été blessé ces derniers mois.

Nigeria : Rohr ne change rien

Il n’y avait aucune raison valable que Gernot Rohr bouleverse ses plans à moins de trois mois de la Coupe du monde, au moment d’affronter la Pologne et la Serbie. Le sélectionneur franco-allemand des Super Eagles a choisi la continuité, se contentant d’appeler pour la première fois Junior Ajayi, l’attaquant d’Al-Ahly (Egypte). Et il n’a guère puisé dans l’immense réservoir local, malgré la seconde place obtenue par le Nigeria lors du dernier Championnat d’Afrique au Maroc, puisque seul Gabriel Okechukwu (Akwa United) a été convié à la tournée européenne du mois de mars.

La stabilité prônée par Rohr, à l’approche de la phase finale, n’a rien de surprenante. Le technicien est resté sourd aux appels du pied de Vincent Enyeama, qui ne joue plus à Lille depuis le début de la saison et la politique sportive schizophrénique du club français, en perdition dans son championnat. Tous ses cadres – Elderson Echiejile (FC Bruges, Belgique), John Obil Mikel (Tianjin Teda, Chine), Oneyi Onazi (Trabzonspor, Turquie), Ahmed Musa (CSKA Moscou, Russie) et Victor Moses (Chelsea, Nigeria) seront là. Dans son esprit, la liste des vingt-trois joueurs qui disputeront la Coupe du monde est arrêtée. Et sauf surprise ou cas de force majeure, il faut les chercher dans celle des vingt-huit retenus pour affronter les Polonais et les Serbes.

Maroc : entre polémique et stabilité

Hervé Renard se serait bien passé de la violente charge verbale de Mohsine Metouali, l’ancien milieu de terrain du Raja Casablanca aujourd’hui à Al Rayyan (Qatar). L’international marocain, qui n’a plus été appelé en sélection depuis 2015, a accusé le coach français de corruption, dans un entretien accordé à El Watan, un journal qatari. Renard a porté plainte et a reçu le soutien de sa fédération, mais cette polémique tombe mal alors que les Lions de l’Atlas préparent leurs matches amicaux face à la Serbie et l’Ouzbékistan (23 et 27 mars).

Le champion d’Afrique a retenu vingt-huit joueurs dont Oualid El Hajjam (Amiens) et Yassin Ayoub (FC Utrecht, Pays-Bas), convoqués pour la première fois. Sans surprise, Renard a également appelé Ayoub El kaabi (RS Berkane), meilleur buteur du CHAN 2018 avec 9 buts. Les principaux absents sont Fouad Chafik (Dijon), qui a repris la compétition le 17 mars à Montpellier (2-2) après une absence d’un mois à cause d’une blessure, et le buteur de Nîmes (Ligue 2) Rachid Alioui. Renard a choisi une réelle stabilité et n’a rien voulu bouleverser. À priori, il puisera parmi les vingt-huit joueurs retenus, auxquels il faudra sans doute ajouter Chafik et Alioui, pour constituer sa liste définitive, en mai prochain.

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