Transport routier/Entretien avec Abdoulaye Sylla (Président de la Fensc-ci). «1700 chauffeurs professionnels formés. L’Etat doit uniformiser les prix des postes à péages»

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Abdoulaye Sylla, président de la Fédération Nationale des Syndicats de chauffeurs de Côte d’Ivoire (Fensc-ci) et par ailleurs gérant de Sylla Express Emergence, parle de l’application du permis à points, l’acquisition des véhicules de transport en commun dénommé ‘’Abidjanais’’ et des péages sur le tronçon de la côtière.

Quel commentaire faites-vous du permis à points dont la phase de sensibilisation a débuté le 1er mars 2023?

Le permis à points lancé par le gouvernement est à sa phase de sensibilisation. Aucun chauffeur n’est venu se plaindre à nous pour le retrait de point. Avant l’application du permis à points le 1er mars, les chauffeurs ont reçu des messages les informons qu’ils disposent de 12 points. Le permis à points permet aux conducteurs de bien se comporter dans la conduite. L’installation des vidéo verbalisations sur l’ensemble du territoire peut résoudre le problème de l’incivisme et protéger des vies humaines. Je suis persuadé que dans les années à venir, on aura moins d’accident mortel.

Le ministère des transports a fait cas de retrait de permis ?

Ces retraits de permis ne sont pas liés au permis à points. Les retraits sont souvent dus aux accidents. Après chaque accident, les permis sont transmis à la commission de retrait des permis. Le propriétaire du permis est soumis aux interrogatoires par les membres de la commission. C’est à l’issue des interrogatoires que la commission décide du retrait ou non du permis. Cette commission n’a rien à avoir avec le permis à points qui est géré par la vidéo-surveillance sur les routes. Elle a retiré beaucoup de permis.

Comment expliquez-vous le fait que malgré la campagne de sécurité routière, les accidents de circulation se produisent sur les routes ?

(Accroche) « Les engins de deux (2) à trois (3) roues sont à 60% à la base des personnes tuées sur les routes »

Depuis juillet 2021, le gouvernement a adopté en conseil des ministres, la stratégie nationale de la sécurité routière pour faire face aux accidents. Du 03 au 10 de chaque mois, il y a la campagne de sensibilisation et de répression des chauffeurs contre l’incivisme. Tant que nous aurons les mêmes moyens de transport routier (cars et minicars), les accidents ne peuvent pas finir. Dans l’avenir, si une partie de la population voyage par avion, train urbain et bateau bus, les accidents vont diminuer. Il ne peut pas avoir zéro accident. Mais le nombre d’accident a diminué. Les engins de deux (2) à trois (3) roues sont à 60% à la base des personnes tuées sur les routes contre 21% chez les cars et les minicars.  

Des véhicules de transport en commun appelé ‘’Abidjanais ‘’ circulent depuis quelques jours sur les lignes Adjamé-Abobo et Adjamé-Yopougon. Qui sont les propriétaires de ces véhicules ?

Avant de commencer, je dis merci au président de la République et à son gouvernement qui nous montrent que le renouvellement du parc automobile est une réalité. Des dispositions ont été prises en Côte d’Ivoire pour l’assemblage des véhicules à tous les niveaux. C’est ce qui nous manquait. Et la Sotra a commencé avec les 40 véhicules qui sont un projet test qui commence à Abobo et Yopougon. Ces véhicules nous reviennent moins chers. Un véhicule coûte près de 19 millions FCFA contre 30 millions de FCFA chez les concessionnaires.  Ces véhicules neufs vont nous éviter beaucoup d’accidents inutiles. Nous remercions le ministre des transports Amadou Koné d’avoir pensé au secteur du transport routier en renouvelant le parc auto.

Ces véhicules appartiennent aux particuliers qui sont les anciens chauffeurs devenus transporteurs. Les véhicules n’appartiennent pas à la Sotra. La Sotra fait l’assemblage de ces véhicules et les vend à la population. Donc les véhicules n’appartiennent pas à l’Etat. Ils appartiennent bel et bien à nos camarades chauffeurs devenus transporteurs.

Quels sont les critères pour bénéficier de ces véhicules ?

Les critères ont changé à deux reprises. A l’époque, il fallait avoir une entreprise de transport avant d’être bénéficiaire. Quand le président a décrété 2023, année de la jeunesse, le ministère des transports s’est inscrit dans cette voie pour donner les véhicules et accorder trois mois aux bénéficiaires de se constituer en entreprise de transport. Depuis 2015, l’Etat est entrain de mettre fin aux entreprises de transport individuel.

Pensez-vous que ces véhicules neufs peuvent changer quelque chose dans la mobilité du transport routier ?

Au niveau des organisations professionnelles (syndicats), nous avons quelques problèmes avec les chauffeurs de ces véhicules qui pensent qu’ils sont venus pour se venger des syndicats. Alors que le syndicat est là pour défendre les intérêts des chauffeurs. Nous allons discuter avec nos camarades pour s’accorder. Les états généraux du transport vont résoudre le problème du désordre dans le secteur. Le projet de mobilité urbaine d’Abidjan (Pmua) avec le métro, le problème sera résolu.

Qu’en est-il de la formation des chauffeurs professionnels promise par le ministère des transports ?

La formation des chauffeurs est une réalité. Je remercie le ministre des transports pour l’initiation de cette formation. Depuis le mois d’avril, 2000 chauffeurs professionnels (poids lourd, car, minicar) sont formés à la Sotra gratuitement. Aujourd’hui, il y a 1700 chauffeurs professionnels formés. Je demande au ministre des transports de relancer la formation parce qu’il est prévu la formation des chauffeurs de taxis compteurs et taxis communaux. Cette formation sera sanctionnée par le certificat d’aptitude de conducteur professionnel de transport routier(Cacptr).

Comment réagissez-vous aux quatre (04) péages qui seront construits sur le tronçon de la côtière ?

J’ai fait une mission en Inde dans le mois de mars 2023. De Chennai à Bangalor, long de 339 km, j’ai recensé 7 points de péages. Si nous voulons avoir de bonnes routes, il faut payer. Les gens prenaient Abidjan-San Pedro près de 600 km à 6.500 FCFA  en passant par Gagnoa. Aujourd’hui, Abidjan –San-pedro par la côtière (350 km) à 6.500 FCFA.  Le manque à gagner en carburant peut payer les péages. Il faut éviter la mauvaise foi. Mais nous demandons à l’Etat de nous dire qu’à telle période, le coût des péages va diminuer. Et ensuite, l’Etat doit uniformiser les prix des péages pour toutes les catégories de véhicules. Parce que les prix diffèrent d’un péage à l’autre.

Quel message lancez-vous?

Bientôt, c’est la saison des pluies. La conduite est très difficile pendant cette saison pluvieuse. Je demande aux conducteurs d’être prudents sur les routes. Je remercie l’Etat pour sa lutte contre l’incivisme sur les routes en organisant la sécurité routière du 3 au 10 de chaque mois. Nous demandons aux forces de l’ordre et de sécurité de diminuer le nombre de barrages sur les routes sur l’ensemble du territoire national. Cependant, nous les remercions pour la lutte menée nuit et jour contre le grand banditisme en mettant hors état de nuire les coupeurs de route.

Entretien réalisé par N.K 

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