Reportage/Bouaké. Quatre ans après la grave pénurie d’eau, les populations se souviennent

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« Il n’y a plus d’eau. Le robinet est à sec. Quand tu l’ouvres, il n’y a rien. Ce sont les cafards qui sortent du robinet. Vraiment on a besoin d’eau» Ces mots, suffisamment révélateurs, dépeignent la crise de l’eau sans précédent en 2018 à Bouaké. La situation est « catastrophique », reconnaissait pour sa part un agent de la société publique de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (SODECI). Ce furent des moments pénibles et douloureux. Équipées de jerricanes, de bassines, de bidons, de seaux et autres récipients, les populations étaient obligées de se ravitailler grâce aux puits et autres points d’eau avec les risques d’infection que cela comportaient. Se laver, cuisiner, aller au travail et même boire devenaient un souci quotidien. Il fallait par moment se réveiller de bonne heure pour espérer se procurer le liquide source de vie. Parfois même, certains passaient toute une journée pour espérer avoir ne serait-ce qu’un seul bidon d’eau. Inutile de vous dire que cette situation entraînait des palabres interminables. La situation qui se signalait depuis les mois de septembre et octobre 2017, allait connaître son pic dans le mois de mars 2018. Ces nombreuses interruptions ont abouti en mars 2018 à une pénurie totale d’eau potable d’une durée d’environ 6 mois dans la ville de Bouaké. Les autorités locales vont s’attaquer au problème avec les moyens dont elles disposent. Mais très vite, l’on comprendra qu’il faut de gros moyens pour résorber cette crise jamais vécue dans la capitale du centre. Dans la capitale de Gbêkê, les populations se souviennent aujourd’hui comme si c’était hier. Revenon sur les causes de cette crise sans précédent, comment elle a été solutionnée et la situation qui prévaut actuellement. Mais il faut l’avouer tout de suite, ce fut une véritable surprise pour nous au cours de notre voyage ce vendredi 28 octobre 2022 sur Beoumi, de n’avoir pas eu à croiser les longues files habituelles de femmes chargées de cuvettes, bidons, jerricanes ou seaux sur la route qui se rendent  dans les marigots, lacs et autres mares à la recherche d’eau.

Des souvenirs douloureux

A Bouaké, l’on se souvient de la pénurie de l’eau comme si c’était seulement hier. Or voici quatre longues années, soit quarante-huit longs mois que ce phénomène sans précédent frappait les populations poussant certaines d’entre elles à s’exiler dans d’autres régions.

« Je me souviens de cette fameuse année 2018. Personne ne peut l’oublier à Bouaké. Ce triste épisode de femmes, et enfants avec des cuvettes ou des bidons dans les marécages ou en rangs devant des puits reste encore vivace dans mon esprit. Nous autres laveurs d’autos, étions sur le point de perdre notre travail Bouaké. L’eau étant source de vie comme on le dit, notre vie était en danger puisqu’elle nous manquait. Dieu merci, le gouvernement ne nous a pas abandonnés à notre triste sort. Il a pu solutionner la question. Aujourd’hui, avec le raccordement de la ville au fleuve Bandama depuis Béoumi, je crois que ce problème sera derrière nous pour longtemps. Je dis un grand merci au gouvernement. C’était une période pénible pour tous. Personne ne souhaite la revivre», témoigne le jeune laveur d’autos Hamed au quartier Sicogie de Ahougnansou. « C’était dur. Lorsque des pluies sporadiques venaient, c’était un énorme soulagement. J’avais pitié pour ma femme et mes enfants qui parcouraient de grandes distances pour aller chercher de l’eau. Parfois ils revenaient bredouilles. Je ne pouvais pas les accompagner, car obligé d’être présent à mon lieu de travail où la vie n’était pas non plus facile. Bref, nous avons souffert », reconnaît Bruno Coulibaly, agent de santé.  

Cette période fut aussi pénible pour plusieurs ministres, ceux de l’Hydraulique Laurent Tiagba, des Infrastructures Amédée Kouakou, des ministres fils et ressortissants de Gbêkê, Jean Claude Kouassi, Amadou Koné, Sidi Touré auront eu le sommeil tellement trouble que leur va et vient à Bouaké ne se comptaient plus. Il en était de même pour les autorités administratives et coutumières courant de gauche à droite pour rechercher des solutions. Aucune piste ne fut négligée, mystique comme scientifique. Le premier magistrat de la ville, le maire Nicolas Djibo envisagera le rationnement « Nous rentrons dans une période de rationnement de l’eau et cette eau sera rationnée jusqu’à la mise en place de la solution définitive qui est de relier la ville de Bouaké au Lac de Kossou », affirmait-il, lui qui qui s’attelait à la distribution d’eau minérale aux populations dans plusieurs quartiers.

Les causes de la crise

Les sources officielles, (responsables de la SODECI, autorités administratives locales et gouvernement ivoirien) expliquaient cette pénurie d’eau par l’action de l’homme et de la nature. Si l’eau potable était absente du robinet pour les 1,5 millions d’habitants que comptait la ville en ces temps, c’est parce que le lac de la Loka auquel Bouaké est raccordée subissait un phénomène d’évaporation des eaux lié au réchauffement climatique. A cela il fallait ajouter une baisse de la pluviométrie dans la région du centre. Le facteur humain, lui, se limitait à la forte activité de dragage de sable et de gravier sur les rives du lac. Tous ces facteurs avaient vite fait d’assécher totalement le lac de Loka au point où sa traversée à pied inimaginable il y avait à peine quelques semaines, était maintenant possible même à un enfant de bas âge.

L’Office national de l’eau potable (ONEP) en pompier.

Dans un premier temps, pour soulager les populations, le  gouvernement, tel un pompier, va déployer l’Office national de l’eau potable (ONEP) sur le terrain avec 9 camions citernes de ravitaillement dans la ville qui passeront à 15 puis à bien plus. Mais ce n’était pas suffisant pour satisfaire tout le monde, mais au moins, plus que quelque chose était fait. Par la suite, plusieurs membres du gouvernement vont se succéder les uns aux autres dans la région pour jauger l’ampleur du phénomène et apporter leurs solutions. Toutes ces actions, bien évidemment, étaient chapeautées par le premier des Ivoiriens, le Président de la République, Alassane Ouattara. Plusieurs forages seront réalisés dans plusieurs quartiers et localités environnantes de la ville de Bouaké. Au total 44 forages ont été réalisés à travers toute la région afin de rendre autonomes les localités rattachées au barrage de la Loka en plus du montage de deux unités de production d’eau. « Il faut sécuriser la zone de manière pérenne. J’ai proposé qu’un projet soit rapidement exécuté. Il consiste à prendre de l’eau directement à Béoumi pour injecter à la Loka pour que nous sécurisons la production de l’eau dans le Gbêkê sur une période courant jusqu’à environ 2047 », disait le ministre Laurent Tchagba qui avait par ailleurs demandé à ses collaborateurs de pomper la Loka pour donner de l’eau aux populations. Il déclarait alors. «Pour moi le ministre, je suis vraiment en joie dans la mesure où je n’ai pas eu tort de dire à mes collaborateurs de pomper la Loka pour donner de l’eau aux populations. Ils avaient hésité, ils avaient crainte, mais aujourd’hui, nous constatons que nous avons eu raison d’insister pour qu’on pompe la Loka. Aujourd’hui, l’eau coule dans les robinets des populations » A ce moment, il estimait que la question de l’eau est réglée à Bouaké et dans les localités environnantes, (Sakassou, Brobo, Diabo…) à 90%. Mais soucieux du bien-être de ses concitoyens, le Président de la République ne va pas s’arrêter à ses mesures.

Le gouvernement entreprend la construction d’une usine de pompage à Béoumi et l’extension de l’usine de traitement de la Loka qui sera désormais ravitaillée depuis Béoumi, à plus de 50 kilomètres. 

Pour résoudre la question de façon durable, des travaux de construction d’une usine de pompage d’eau à Béoumi et d’extension de l’usine de traitement de la Loka, (située à treize kilomètres de Bouaké) sont entrepris en plus du ravitaillement de cette usine sur le lac Konsou à Béoumi. A terme, la nouvelle station de la Loka sera en mesure de desservir toute la région de Gbêkê et même au-delàCes grands travaux presque déjà achevés, font déjà le bonheur de plusieurs localités, notamment à Béoumi et Sakassou. « L’eau est un enjeu majeur en Côte d’Ivoire. Plusieurs programmes ont été initiés par le gouvernement pour faciliter l’accès à l’eau potable aux populations. Pour certaines localités, la disponibilité de cette ressource est souvent conditionnée par la production d’énergie. C’est le cas de Béoumi et Loka, à l’ouest de Bouaké où nous intervenons actuellement. Nous avons été sollicités pour offrir une solution énergétique de secours sur le site de Béoumi. La livraison du chantier global est prévue l’année prochaine, mais la mission qui nous incombe devrait s’achever fin septembre. Une fois installé, ce dispositif va conférer à l’usine, une autonomie de fonctionnement en cas de coupure d’électricité. En seulement deux semaines et demie, nos équipes ont mis en place une unité provisoire pour produire du courant. Cet équipement permet à l’usine de tourner au moins à 20% de ses capacités et surtout d’offrir de l’eau potable aux populations. Nous sommes fiers de contribuer modestement à l’accès à l’eau des populations », nous confiait un responsable de l’une des sociétés chargées de faire fonctionner à l’énergie électrique le système. L’actuel ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofana, aux côtés du ministre gouverneur, Jean Claude Kouassi et du directeur général de l’Office National de l’Eau Potable (ONEP), Ibrahima Berthé, le ministre de l’Hydraulique a successivement fait une visite guidée du lac de Kossou sur le fleuve Bandama, de la station de pompage et de refoulement des eaux brutes à 100m du lac, puis du lac de la Loka et de l’usine de traitement des eaux sise à côté de ce lac. Tous ont exprimé leur satisfaction devant le taux de réalisation des travaux à la fin de leur visite. 

Un investissement de près de 258 millions d’euros. 

L’eau brute pompée dans le lac de Kossou suivra une canalisation sur 40 km jusqu’à l’usine d’eau potable de Loka, qui affichera une capacité de 96 000 m3 par jour. Actuellement, la station fournit 30 000 m3 par jour, contre une demande de la ville estimée à 60 000 m3 par jour. Le ministre ivoirien de l’Hydraulique Laurent Tchagba estimait que l’extension de la capacité de l’usine de Loka permettra l’approvisionnement de la population de Bouaké et des localités environnantes au moins jusqu’en 2045. La mise en œuvre du projet nécessite un investissement de 169, 2 milliards de francs CFA (près de 258 millions d’euros). La construction des nouvelles installations qui devraient être  livrées dans un délai de 18 mois s’inscrit dans le cadre du Programme « eau pour tous » du gouvernement ivoirien visant à fournir de l’eau potable à 95 % de la population d’ici à  2025. 

La question de l’eau presque totalement solutionnée aujourd’hui. 

Aujourd’hui, dans l’ensemble de la région de Gbêkê, les crises de l’eau sont bien derrière les populations. D’ordinaire, en pareille période, les premiers grincements liés à la pénurie d’eau se font déjà sentir. Ce qui n’est le cas dans aucune localité. Et les populations, en attendant la livraison officielle des deux projets, sont dans la joie et expriment leur reconnaissance au chef de l’Etat. La quasi-totalité des villages situés en bordure de route entre Béoumi et Bouaké bénéficient de l’adduction en eau potable, bien que les travaux de construction de la station de pompage de Béoumi et l’extension de l’usine de traitement de la Loka ne sont pas encore totalement achevés. « Je n’ai jamais cru qu’un jour, j’allais me réveiller et tourner seulement un robinet pour avoir de l’eau. Je suis en passe d’oublier les nombreux va et viens au marigot de jour comme de nuit avec tous les risques que cela comporte, (morsures de serpents, agressions…). C’est formidable. Merci au bon Dieu et merci à celui qui nous a sauvés », témoigne dame Kouassi Allangba du village d’Assouafè à trois kilomètres de Béoumi. A 15 km de Béoumi dans le village de Golikro, les populations saluent la fin des nombreuses souffrances liées à la question de l’eau à travers les propos de M. K. Simplice Instituteur à l’EPP du village. « La situation était très difficile pour nous enseignants dans ce village. Il fallait se lever très tôt pour se rendre au marigot pour avoir de l’eau pour se laver, avant de songer à se rendre aux cours. Aujourd’hui, ce douloureux souvenir est derrière nous. Pour moi c’est une grâce. A cause de cette question de l’eau, des collègues enseignants ont refusé de servir dans ce village, mais aujourd’hui, il est de nouveau fréquentable, si je peux le dire ainsi ». Même son de cloche à Assékro, à 19 km de Béoumi. Ici, un notable du village sous les initiales de N.K salue à travers l’adduction du village en eau potable, toutes les actions du Président Ouattara. « Seuls les amnésiques ne reconnaîtront pas tout ce que le chef de l’Etat fait pour nous. Après le pont, le bitume de la ville de Béoumi et de la voie de Kounahiri, voilà la question de l’eau réglée comme par une baguette magique. Seul Alassane Ouattara l’a fait pour nous. Qu’on l’aime ou pas, il l’a fait pour nous, pour nos enfants et nos femmes. En tout cas, moi je ne cesserai de prier pour lui ».

Au total, à Bouaké, ceux qui ont vécu la crise de l’eau, s’en souviendront encore pour longtemps. Mais l’on se souviendra aussi et surtout que le Président de la République n’avait jamais abandonné cette ville aux heures difficiles. Annoncée pour ne pas connaître une solution avant deux ans, Alassane Ouattara avait mis tout en œuvre pour apporter à cette crise une solution seulement six mois après. Depuis et jusqu’à ce jour l’eau coule dans les robinets à Bouaké et environ sans arrêt. Bien plus, avec la réalisation de la station de pompage de Béoumi et l’extension de l’usine de Loka également alimentée grâce à une canalisation longue de plus de quarante kilomètres, chaque jour, ce sont de nouvelles localités qui sont raccordées à l’eau potable. Normal que toutes ces populations impactées, saluent leur bienfaiteur, Alassane Ouattara.

JPH

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