Espagne/La question de la prostitution

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Au cours du 40e Congrès du parti socialiste espagnol à Valence ce week-end, le chef du gouvernement Pedro Sanchez a proposé, entre autres mesures, d’abolir la prostitution, très étendue en Espagne. Etun projet de loi est en préparation qui tente de canaliser et de réduire cette activité alégale. En Espagne, la prostitution n’est ni légale ni illégale, simplement tolérée. Les très nombreuses maisons closes sont autorisées.

Pedro Sanchez veut d’une certaine manière, d’influer sur la prostitution, ce que tous les gouvernements espagnols tentent de faire depuis quatre décennies sans y parvenir. En Espagne, la prostitution est une activité alégale, ce qui signifie qu’elle n’est pas prohibée par le code pénal et, en même temps, n’est pas encadrée par une quelconque loi.

En d’autres termes, elle est autorisée de fait. Ce qui est poursuivi pénalement, c’est le proxénétisme, le trafic de personnes, et la pratique ostentatoire de la prostitution sur la voie publique, et tout spécialement près des collèges et lycées.

L’avant-projet de loi sur la liberté sexuelle, rendu public en mars dernier, dit deux choses essentielles : il témoigne de la volonté de s’en prendre aux proxénètes et aux patrons des maisons closes ou des bordels, et aussi de mettre en place un système d’aides aux prostituées qui voudraient quitter leur activité et se réinsérer dans le marché du travail.

En revanche, il n’y a pas de consensus sur l’attitude à avoir vis-à-vis des clients. Pedro Sanchez et les socialistes souhaiteraient les pénaliser lourdement. Mais une partie de son gouvernement, proches d’Unidas Podemos, considère que cette activité est un mal inévitable, et qu’il faut surtout s’en prendre aux trafiquants.

Il n’y pas de chiffres disponibles sur le nombre de prostituées exerçant en Espagne, mais leur nombre serait considérable, un des plus élevés en Europe. On sait juste que l’immense majorité des prostitué(e)s est d’origine latino-américaine ou d’Europe de l’Est. Selon le ministère de l’Intérieur quelque 80% des prostitué(e)s sont victimes d’un trafic.

Autre donnée, 50 municipalités espagnoles ont pris des dispositions pour s’attaquer à la prostitution comme Barcelone où les clients peuvent écoper d’amendes allant de 1 000 à 3 000 euros ; les prostituées faisant le trottoir, elles, peuvent avoir à payer 100 à 300 euros, 750 si c’est à proximité des collèges. Pedro Sanchez revendique le modèle de Barcelone. Reste à voir exactement ce que dira la loi au moment d’être votée au Parlement.

La justice espagnole a validé la création du premier syndicat de travailleuses du sexe d’Espagne, déboutant ainsi le gouvernement de son recours pour faire annuler la naissance de cette organisation, a annoncé ce mercredi 2 juin le Tribunal suprême, la plus haute juridiction espagnole.

Mis en place dans la plus grande discrétion à l’été 2018, ce syndicat baptisé Otras (Organisation des travailleuses du sexe) avait été contesté peu après sa création par le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez, qui avait obtenu de la justice l’annulation de ses statuts, trois mois à peine après sa création.

Le Tribunal suprême a donné raison au syndicat, estimant que ses « statuts contestés » sont « conformes au droit » et que les travailleurs du sexe « jouissent du droit fondamental à la liberté syndicale et ont le droit de se syndiquer ». Le tribunal a donc cassé la décision de novembre 2018 qui avait annulé les statuts d’Otras, arguant à l’époque que l’autoriser reviendrait à « admettre que le proxénétisme […] est une activité légale ».

Sources Rfi, ouest france

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