Que devient le bac de Bettié

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Le pont de Bettie long de 189 m, a été inauguré par le Président de la République Alassane Ouattara, le 23 décembre 2017. La traversée de la Comoé qui se faisait par le passé par le bac, se trouve ainsi facilitée et favorise du coup, les échanges avec le Ghana voisin. Mais depuis lors, qu’est devenu le bac ? Que ressentent les populations aujourd’hui en regardant leur bac qui a cessé d’effectuer ses va et viens quotidiens sur la Comoé ? Que sont devenus les travailleurs du bac ? Voilà au tant de questions auxquelles Le Patriote, à la faveur d’un passage à Bettié dans le cadre de la tournée de sensibilisation du RDR, va essayer de répondre après des échanges avec les populations dont le député maire Tanoh Manizan Étienne et certains travailleurs du bac. Pour les riverains, l’avènement du pont est salutaire à plus d’un titre, mais ils restent reconnaissants au bac. « Nous ne finirons jamais de dire merci à OUATTARA pour le pont. En principe le bac doit être transféré dans un autre lieu. Mais comme c’est le ministère des transports qui s’en occupe, nous attendons pour voir où il va atterrir. Depuis l’inauguration du pont, il ne bouge plus. Aujourd’hui l’impact du pont se fait déjà sentir. Il y a une fluidité des cars. Par le passé, nous n’avions que trois cars. Pour venir à Bettie, il fallait se reveiller à six heures du matin et le dernier car pour Abidjan partait à midi. Aujourd’hui nous avons plus de trois grandes gares. Les véhicules viennent et sortent à tout moment. Nous ne sommes pas loin du Ghana, mais nous étions obligés de passer par Abengourou qui fait 95 km, mais passant par Adzopé on est à 42 km du Ghana. Nous avons mal de voir le bac immobilisé. Mais nous, nous n’avons pas d’emprise sur sa gestion. Elle revient au ministère des transports. Les conducteurs du bac sont là, sans emploi. Parfois, nous sommes obligés de les soutenir. Vivement que quelque chose soit fait pour ces pères de familles. Avec le pont, vous aurez un autre Bettie les trois années à venir. Beaucoup de personnes viennent s’installer à Bertie. Cela nous oblige à faire de nouveaux lotissements », a dit le maire. Dame Aka Charlotte que nous avons rencontrée sur le pont revenant du champ, se réjouit de l’avènement du pont. « Je suis contente pour le pont parce qu’aujourd’hui, je me rends plus facilement au champ. Par le passé, lorsque vous arriver pour emprunter le bac, il fallait attendre un certains nombre de passagers que ce soit pour l’aller ou pour le retour. Grâce au pont, je peux maintenant me rendre au champ à l’heure que je veux et en revenir à tout moment. Je voudrais donc dire un grand merci au Président de la République Alassane OUATTARA » Allah Jaques, lui également rencontré sur le pont, partage l’avis d’Aka Charlotte. « Évidemment, je suis content du pont. Nous n’avons plus de contrainte pour la traversée du fleuve. Vous savez, par moment nous pouvions passer des jours sans faire de traversés parce que le bac est panne. Et pendant ce temps, des récoltes de produits agricoles pouvaient être perdu. Aujourd’hui tout ça est derrière nous. Mais par moment quand je jette un coup d’œil sur le bac, j’ai un petit remords. Je n’irai pas jusqu’à dire que le bac me fait pitié. Pour moi, s’il avait été un homme, il aurait fallu le décorer pour les nombreux services au peuple de Bettié ». Pour les travailleurs du pont, l’on éprouve des regrets. C’est le cas de Oulaï Boris. « Nous étions 14 personnes à travailler sur le bac. Parmi nous il y a des pilotes, des mécaniciens, des maitres nageurs, des vigiles et des leveurs de becs. Il faut préciser la levée des becs du bac de Bettie, se faisait manuellement, contrairement à celui de Jacqueville qui se faisait automatiquement. Depuis le Président a inauguré le pont, nous sommes au chômage. On nous a dit que nous allons être redéployés ailleurs. Je dois vous signaler que c’est l’AGEROUTE qui gérait le bac. C’est elle qui se chargeait de son entretien et de sa réparation en cas de panne. Mais bien des fois la société de caoutchouc de Bettié intervenait aussi. La traversée elle, était gratuité. Le bac était perçu comme un pont. Et quant vous passez sur un pont, vous ne payez pas. Mais pour l’instant, nous sommes là. Il faut signaler que nous percevons notre salaire, et à ce jour, nous n’avons pas d’arriérées. Quand nous retournons au fleuve et que nous voyons le bac à l’arrêt, nous avons les larmes aux yeux. Le bac est une partie de moi-même, de même que Bettie. Moi par exemple, j’ai de petites réalisations ici. Si je pars, le suivi sera un autre problème pour moi. Mais le pont, c’est bien pour les populations. Le développement de Bettie va être accéléré. Nous, nous demandons a notre ministère de tutelle, de nous trouver une autre destination. Nous n’avons pas le choix », dira Allah Jacques, un travailleur du bac rencontré dans leur cité où lui et ses collègues continuent d’habiter. Quant au bac, que tout le monde salue du coté de Bertie, attendant qu’un point de chute lui soit aussi trouvé, il se contente de faire voisinage avec les salades d’eau douce sur la Comoé. Que peuvent-ils bien se dire ? Peut-être que les dernières demandent des comptes au premier pour les nombreux tords qu’il leur causait à chacun de ses voyages.

AK

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