Daoukro/L’école otage d’individus encagoulés.

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Depuis le retour des vacances, l’école est fermée à Daoukro. Cela fait suite aux les affrontements intercommunautaires, dans cette ville où les élèves sont fréquemment délogés des salles de classes par des individus à la solde de certains hommes politiques qui pensent régler des comptes avec le pouvoir en place. Pourtant l’absence prolongée des élèves des salles de classes risque de leur coûter très cher, la première conséquence en ligne mire étant une année blanche.

Lorsque l’école n’est pas perturbée par des troubles politiques, c’est parfois des élèves qui vont déloger leurs camarades. Le 24 novembre, Aka Sonoh Julie, préfet du département de Daoukro ayant fait le constat que l’école n’avait pas rouvert ses portes le lundi 16 novembre, date de reprise des cours après les congés de la Toussaint, est monté au créneau. Suite à une rencontre avec les acteurs de l’éducation, il a été décidé de la réouverture des salles de classe le 24 novembre. Cette noble initiative n’étant pas du goût de certaines personnes, des apprenants issus du lycée Aimé Henri Konan Bédié ont délogé leurs camarades des autres établissements scolaires de la ville.

« Nous étions en train de faire un cours d’allemand quand des élèves du lycée moderne Henri Bédié sont venus nous déloger à l’aide de sifflets. Par crainte de représailles, personne chez nous n’a osé s’opposer à eux. Ayant atteint leur objectif, ils sont repartis laissant derrière eux des salles de classes fermées. Nous sommes excédés pour la plupart, mais que pouvons-nous », s’interroge Assita C. élève en classe de 3e dans un collège privé dont les membres du personnel font des pieds et des mains pour le retour à la normale.

« Nous multiplions les initiatives pour que l’école puisse reprendre chez nous, mais à chaque fois nous sommes contrariés par des individus non identifiés. Parfois certains vous lancent au visage que tant que le Président Ouattara ne renoncera pas à son nouveau mandat, il n’y aura pas école à Daoukro. Hier, (jeudi 26 novembre 2020), nousétions chez le chef de Daoukro. Aujourd’hui nous irons chez le chef de la communauté malinké. C’est pour leur expliquer à tous que l’école n’a rien à voir avec la politique. La perturber, c’est troubler l’avenir de nos enfants à tous. Grâce à cette approche, nous avons pu aujourd’hui rouvrir, mais beaucoup d’absences parmi les enseignants et les élèves sont à déplorer », nous a soufflé S N’Guessan, directeur des études du dit établissement privé.

Ce qui n’est pas le cas dans les autres écoles qui restent encore fermées. Un hic, car la date butoire du dépôt des dossiers pour les élèves en classe d’examen est fixée au 11 décembre 2020, alors que l’immense majorité des candidats aux différents examens, CEPE, BEPC, BAC n’a pas encore fourni leurs dossiers de candidature. Une situation qui si elle n’est pas réglée dans un bref delai, pourrait causer préjudice à des milliers de candidats.

Il y à craindre une année blanche si la situation perdure.

Pendant que les programmes scolaires suivent leur cours normal dans les autres villes de la Côte d’Ivoire et même de la région de l’Iffou, chez Bédié à Daoukro c’est le statut quo. A dire vrai, ici l’école n’a véritablement pas commencé depuis la rentrée solennelle alors que cela fait deux mois qu’elle est effective sur toute l’étendue du territoire national. Dans ces conditions il y a craindre une année blanche pour cette ville ? Malgré les assurances du secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement primaire public de Côte d’Ivoire (SYNEPPCI) assez optimiste sur les bords, A.A, il est encore trop tôt pour parler d’année blanche concernant Daoukro.

« Parler d’année blanche à Daoukro, c’est encore trop tôt. Sachez que seul le ministère de l’Éducation nationale et de l’Enseignement technique peut en décider. Même si les programmes ne sont pas terminés, le ministère peut utiliser les vacances scolaires pour rattraper le temps perdu. Croyez-moi tout sera fait pour que les enfants de Daoukro reprennent le chemin de l’école, c’est dans l’intérêt de toute la nation », commente-t-il. Mais la majorité des parents d’élèves de la ville ne partagent pas cet optimisme et préconisent l’intervention des forces de defense pour sécuriser les établissements scolaires afin que les enseignements puissent s’y dérouler.

« J’ai des inquiétudes pour l’année scolaire à Daoukro. Figurez-vous depuis le retour des vacances, ma fille en classe de 3ème n’a pas encore fait un seul cours. A chaque fois les élèves sont délogés par individus qui disent mettre en pratique le mot d’ordre de désobéissance civile. Il faut que quelqu’un vienne proclamer la fin de ce boycott pour que nos enfants retournent en classe. Les autorités peuvent décider de faire sécuriser les écoles par les forces de l’ordre. Pour quoi pas », s’interroge dame Kramo C.

En attendant peut être une décision des hautes autorités de l’Education nationale, voir du gouvernement, la DRENET de Daoukro, Tareg Marie Chantal multiplie les rencontres avec les différentes communautés pour dénouer la situation. La dernière date de reprise arrêtée par l’ensemble des acteurs de l’éducation de concert avec les parents d’élèves, était pour ce jeudi. Mais il a plutôt s’agit d’une reprise mi figue mi raisin, laissant craindre une année blanche. D’où la ènieme croisade de la DRENET ce vendredi 27 novembre 2020 à travers la ville pour créer véritablement les conditions d’une reprise durable.

JPH

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