Interview Horest/«La situation des hôteliers en cette période de coronavirus est dramatique à Bassam »

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Après l’attaque djihadiste, il y a eu les inondations et aujourd’hui, la maladie à coronavirus. Peut-on connaître le visage des hôteliers de Grand-Bassam ?

La situation est vraiment calamiteuse. Nous avons déjà connu beaucoup de souffrance à Grand-Bassam notamment avec l’attaque djihadiste le 13 mars 2016, les inondations en octobre 2019. Voilà que le coronavirus est venu pour complètement nous supplanter. Tout est fermé à Bassam aujourd’hui, ville essentiellement touristique. Ce n’est pas un danger seulement pour le secteur de l’hôtellerie, c’est un danger pour toute la ville de Grand-Bassam. Aujourd’hui, nous sommes les premiers employeurs de toute la jeunesse de Grand-Bassam, ce sont nos hôtels qui font vivre les familles, les petits commerces, le petit cordonnier, la vendeuse de tomates. La situation est dramatique. On se demande comment cela va finir, on vient de passer un mois déjà dans cette affaire.

Y a-t-il des dispositions particulières à Bassam ?

C’est ce que le gouvernement a prévu comme mesures que nous essayons de suivre. Nous sommes en train de courir à gauche et à droite pour chercher à rentrer dans quelques fonds et tenir dans les 3 mois à venir. Mais aujourd’hui la difficulté est qu’on n’a plus de trésorerie. Est-ce que les mesures prises par le gouvernement vont suffire parce qu’on ne sait pas quand le coronavirus va finir. Dans la durée, nous risquons tous de mettre la clé sous le paillasson.

Est-ce que les mesures prises par le gouvernement sont-elles appliquées ou dans les tiroirs ?

On ne peut pas dire que les mesures sont dans les tiroirs dans la mesure où le gouvernement a envie d’avoir des interlocuteurs dignes et en ce qui nous concerne au niveau des Pme, nous avons décidé de nous mettre ensemble pour parler d’une même voix au gouvernement. Nous avons créé la plateforme unique des petites et moyennes entreprises et les choses avancent. Aujourd’hui, nous sommes en train de voir comment la répartition sera faite. C’est toutes les couches qui sont touchées. C’est pourquoi nous sommes en train de nous organiser pour que ces fonds puissent être mis à notre disposition très rapidement.

Au niveau de votre organisation, Horest, quelles sont les mesures qui ont été prises ?

Il n’y a pas de mesures particulières, nous n’avons pas de fonds propres. Nous sommes obligés de nous aligner sur le gouvernement. C’est pour cela d’ailleurs que nos restaurants sont fermés. Vivement que le coronavirus soit vaincu très rapidement.

Qu’en est-il de la situation sanitaire de Bassam ?

Il faut dire que le gouvernement a pris des mesures, la mairie elle-même a pris des mesures ? Le marché avait été fermé pendant une semaine, récemment. Le maire a pris ses responsabilités, il a pulvérisé le marché, nettoyé et réorganisé les choses parce que le marché était dans un état de délabrement avancé. Il ne s’est pas arrêté là. Il a même attaqué la ville. Plusieurs dons de kits sanitaires ont été distribués, les dons du Premier ministre, du Vice-président, d’autres dirigeants également ont fait parler leur cœur. Des denrées alimentaires ont été données aux populations les plus démunies.

Un hôtel fermé pendant un mois, c’est beaucoup de pertes ?

Absolument ! Et cela ne se mesure pas. Aujourd’hui les pertes se chiffrent en milliards de nos francs. Des séminaires étaient prévus, ont été annulés. Dans mes réceptifs, j’avais 7 ou 8 séminaires d’un coût global de 60 millions que j’ai perdu en une semaine. Quand on prend les grands groupes hôteliers, ce sont environ 5 milliards de francs qui sont perdus sans compter les restaurants et les bars.

Quel est votre souhait devant tout ce qui vous arrive ?

Que le coronavirus s’éloigne rapidement de nous. Que chacun fasse l’effort de respecter les mesures barrières prises par le gouvernement. Quels que soient les moyens que l’Etat va nous donner pour relancer nos activités, si le coronavirus ne s’arrête pas, on ne pourra pas vivre. Donc le souhait le plus ardent est qu’on arrive à juguler ce fléau. C’est l’occasion pour nous d’appeler tous ceux qui peuvent nous aider, de venir à Grand-Bassam qui est le patrimoine mondial de l’Unesco. Il faut un vrai plan Marshall pour aider Grand-Bassam. Aujourd’hui l’embouchure est en train de manger nos berges. Il ne faut pas s’arrêter aux dons, il faut aller plus loin.

Quels messages adressez-vous à vos collaborateurs qui sont restés à la maison ?

Je leur lance un message de compassion. On a essayé de payer nos employés sur 3 mois. On n’a pas le choix, on est obligé de mettre certains au chômage technique parce qu’on n’a pas d’autres ressources pour les payer. C’est un combat que nous devons mener ensemble. Nous leur demandons de respecter les mesures barrières. On a distribué des gels hydro-alcooliques, des cache-nez. Aujourd’hui, je pense que chacun doit pouvoir combattre le coronavirus qui est notre seul et unique ennemi.

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