Une question me vient tout de suite à l’esprit, du haut de ma petite tribune. Qui a droit à un accueil triomphal dans un pays ?
Je ne répondrai pas à la question à votre place. Mais je ferai des observations, nul doute avec beaucoup d’à peu près.
Le grand ayatollah Ali Sistani, le dignitaire religieux le plus respecté du Sud de l’Irak fut accueilli triomphalement. Lui était dignitaire. Jamais dans l’histoire contemporaine de l’Irak une personnalité n’avait reçu un tel accueil. Dans toutes les localités et villes, des dizaines de milliers de chiites, portant son portrait, sont descendus dans les rues pour voir et acclamer leur figure emblématique, qui vit recluse depuis des années à Najaf, en brandissant des portraits et en entourant son véhicule… Jaafar Salih, un chauffeur de taxi de 38 ans, raconte avoir décidé de « participer à ce voyage pour la paix afin d’arrêter le bain de sang à Najaf ».
Dans mon pays, on parle du retour d’un enfant du pays que les uns veulent triomphal et les autres sobre. Chacun des deux camps a raison et à ses raisons. Pour moi, de ma petite tribune, le plus important c’est le retour. Si ce retour triomphal peut remuer le couteau dans la plaie, ne serait-ce que pour une seule personne, mieux vaut ne pas l’organiser.
En l’état, des victimes blessées ou ayant perdu un être cher dans la fameuse crise post-électorale continuent de pleurer. Pendant que les responsables ne sont pas encore démasqués, pourquoi dresser le tapis rouge à l’une des partie prenante du conflit, fut-elle acquittée ?
J’aurais été moi, l’acquitté, que j’aurais choisi de rentrer en catimini par respect pour toutes ces victimes. Ce serait ma façon à moi de payer ma part de la crise, car acquitté par l’homme et non par Dieu.
De ma petite tribune, j’observe qu’il y a des victimes silencieuses. Le plus important c’est le retour comme tout citoyen libre. De grâce, il faut tenir compte des victimes silencieuses. Chacun de nous sait ce qui s’est passé dans notre pays la Côte d’Ivoire en 2011. Il faut que chacun de nous comprenne humblement, hommes politiques ou pas que nous sommes, responsables des crimes ou pas, que la PAIX vaut mieux que les honneurs. Chacun a un devoir de mémoire vis-à-vis de ces victimes, vis-à-vis de ces familles qui discrètement dans le silence souffrent meurtries parce qu’elles ont perdu des êtres chers. Je parle de toutes les victimes des deux camps. RHDP, FPI, PDCI, MFA, UDPCI, EDS, PIT… comprenez-le bien, personne ne souhaite revivre dans ce pays ce qui s’est déjà vu. Que tous ceux qui s’agitent comprennent que ce n’est pas le moment donc de vouloir organiser, des cérémonies d’accueil ou des contre cérémonies d’accueil, sinon vous aurez en face de vous, des gens qui organiseront des cérémonies de deuil puisqu’il y a eu des deuils”.
JPH
