Lionel Messi ou l’histoire d’un rendez-vous manqué avec la Coupe du monde
Face à la France, la star de l’Argentine a sans doute disputé à 31 ans son dernier match en Coupe du monde. Retour sur ses quatre campagnes avec quelques hauts, pas mal de bas et d’espoirs déçus.
2006 : Simple « coiffeur »
Au Barça, il avait relégué en cour de saison Ludovic Giuly sur le banc. « Messi a été mon remplaçant à ses débuts », aime bien d’ailleurs rappeler le Français. L’Argentine l’imagine déjà en héritier de Maradona. Mais à presque 19 ans, le natif de Rosario traverse ce Mondial allemand comme un parfait « coiffeur ». Malgré la pression populaire, le sélectionneur José Pékerman lui préfère Javier Saviola ou Herman Crespo dans un 4-4-2 peu adapté à ses qualités.
2010 : Dans l’ombre de Maradona
Jamais un sélectionneur n’avait autant pris la lumière. Avec un style très personnel, le Pibe de Oro mène l’Albiceleste à ce Mondial en Afrique du Sud et fait de Messi son leader. « Lionel est le meilleur joueur du monde, Il doit prendre les choses en main, clame-t-il avant le tournoi. Au Mondial 1986, j’avais pris possession du ballon et de l’équipe. Il doit faire la même chose et il le sait déjà ».
Mais le Ballon d’or 2009 n’a pas l’âme de leader de son aîné. Maradona le voit en meneur de jeu et le place derrière le duo Tevez-Higuain. « Je ne me plains pas, mais c’est vrai que je ne suis pas habitué à évoluer comme meneur », avoue l’intéressé. Trop bas sur le terrain, Messi ne trouvera jamais les chemins des filets et sombre avec toute son équipe contre l’Allemagne en quarts de finale (4-0). Entre les deux hommes, l’histoire ne sera jamais simple. « Nous avons le meilleur joueur du monde, qui va marquer quatre buts contre la Real Sociedad, mais qui n’en touche pas une quand il vient ici », dira plus tard Maradona de Messi. Un sentiment assez partagé en Argentine pour un garçon qui a davantage vécu en Catalogne que dans son pays natal.
2014 : A une marche du bonheur
La photo est un parfait résumé de la relation entre la star et la Coupe du monde. Quelques minutes plus tôt, l’Allemand Mario Götze est sorti du banc pour briser les rêves argentins d’un troisième sacre mondial (après 1978 et 1986). Lionel Messi monte récupérer sa médaille de finaliste et ne peut pas s’empêcher de fixer – avec toute la tristesse du monde dans le regard – ce trophée qui s’est encore refusé à lui.
Au Brésil, l’Argentin répond présent cette fois et porte une sélection sans inspiration lors du premier tour en inscrivant quatre buts. A la différence de Maradona, le sélectionneur Alejandro Sabella lui laisse une totale liberté sur le terrain. Mais le charme est rompu à partir des huitièmes de finale. Messi ne marque plus et ne pèse pas assez en finale face à l’Allemagne, ce qui ne l’empêche d’être élu meilleur joueur du tournoi. Un choix discuté et qui ne console pas le joueur, triste comme une pierre au moment de recevoir son prix.
2018 : Capitaine abandonné
Sans lui, l’Argentine aurait connu le même sort que l’Italie et serait restée à la maison. Le quintuple Ballon d’or a tenu à bout de bras (et de pied gauche) une triste Albiceleste lors des qualifications de la zone Amsud. « L’Argentine est l’équipe de Lionel Messi », annonçait un Jorge Sampaoli, sélectionneur « bielsiste » s’en remettant au talent de son capitaine à défaut d’imposer ses idées. Leader par le talent, moins par la personnalité, Messi récupère un costume qui taille trop grand lui. Face au Nigéria, il sonne bien la révolte argentine en ouvrant le score et doit même jouer les coach en plein match quand Sampaoli lui demande s’il doit faire entrer Sergio Agüero.
S’il n’a encore rien confirmé, Lionel Messi a peut-être disputé son dernier match dans une Coupe du monde face aux Bleus, ce samedi 30 juin 2018 à Kazan. Positionné comme avant-centre, il est peut-être à l’origine des buts de Mercado et Agüero, mais sans jamais donner l’impression de pouvoir changer le cours du destin de son équipe. Peut-être que ce n’était juste pas le sien.