Soudan/Comprendre le conflit

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Moins de cinq jours de combats ont fait plus de 300 morts et plus de 3 000 blessés. Un bien triste bilan qui ne cesse de s’alourdir au fur et à mesure que les heures passent. Depuis le 15 avril dernier, des affrontements armés font rage à Khartoum et dans plusieurs villes du Soudan. qui sont les protagonistes ?

Une guerre entre deux généraux

 Au Soudan, la promesse d’une transition démocratique semble partie en fumée. Dans ce pays qui n’a plus de gouvernement élu depuis 2019, un conflit meurtrier a éclaté le 15 avril. Deux généraux rivaux s’affrontent par les armes : le général Abdel Fattah Al-Burhan, à la tête des Forces armées régulières (SAF), et le général Mohamed Hamdane Daglo, dit “Hemeti”, soutenu par les Forces de soutien rapide (RSF).

La question; pourquoi existe-t-il deux armées rivales dans le pays ?

Et pourquoi sont-elles entrées en conflit ? En 2019, après des semaines de manifestations populaires, l’ex-président Omar Al-Bachir qui avait passé trente ans au pouvoir à la tête d’un régime brutal, est renversé par l’armée. Les deux généraux, Al-Burhan et Hemeti, étaient ensemble aux manettes du coup d’État : ils ont alors été nommés respectivement président et vice-président du Conseil de souveraineté chargé d’assurer la transition, jusqu’à la tenue d’élections qui devaient aboutir à la mise en place d’un gouvernement civil.

Mais au grand dam de la population soudanaise, la junte s’est accrochée au pouvoir et, en 2021, une tentative de transition démocratique a été empêchée par les forces armées. Le Premier ministre de transition, Abdallah Hamdok, a été arrêté et placé en détention. En parallèle, les rivalités entre les deux généraux à la tête de la junte sont allées croissant. Parmi leurs motifs de discorde, le sort des Forces de soutien rapide (RSF).

Ces dernières sont issues d’anciennes milices des tribus arabes, impliquées dans les années 2000 dans les massacres au Darfour, dans l’ouest du Soudan. En 2013, Omar Al-Bachir, alors président, les a régularisées, afin de se prémunir d’un éventuel coup d’État. Cette armée, dont on estime les effectifs à environ 100 000 hommes, est restée fidèle à Hemeti, qui en a été l’un des chefs.

Le général Abdel Fattah Al-Burhan souhaitait absorber ces forces rivales dans l’armée régulière dans les deux prochaines années, mais son numéro deux, Hemeti, entendait ralentir le processus. Au-delà des rivalités entre les deux généraux au pouvoir, de forts enjeux régionaux et internationaux sont venus aggraver la  situation, amenuisant considérablement l’espoir d’une transition démocratique pour le peuple.

Aujourd’hui, de nombreux civils n’ont d’autres solutions que de fuir le pays quand ils le peuvent. Ce sont déjà des milliers de réfugiés qui sont accueillis dans les pays voisins, notamment au Tchad.

JPH avec Courrier international

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