Tanzanie/Le président John Magufuli, (le buldozer) est mort

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Le président tanzanien est décédé mercredi 17 mars, à l’âge de 61 ans, a annoncé la vice-présidente, Samia Suluhu Hassan, à la télévision nationale. John Magufuli, président n’était plus apparu en public depuis fin février.

Il avait mystérieusement disparu de la scène publique fin février. Le président tanzanien John Magufuli, alias « le Bulldozer », est officiellement décédé mercredi de problèmes cardiaques. Il dirigeait la Tanzanie depuis cinq ans. Un deuil national a été décrété pour deux semaines.

John Magufuli était arrivé au pouvoir en 2015 en promettant de lutter contre la corruption endémique qui fâchait la population.

Son premier mandat fut aussi marqué selon de nombreuses organisations des droits humains par une dérive autoritaire, des attaques répétées contre l’opposition et le recul des libertés fondamentales.

Réélu cependant en octobre, le président Magufuli était salué par ses partisans pour ses projets d’infrastructures ou encore pour la renégociation de contrats miniers.

Il avait marqué les esprits en 2020 en niant rapidement l’existence du coronavirus en Tanzanie.

Ce fervent catholique avait affirmé que son pays en était « libéré » grâce aux prières. Une posture devenue difficile à tenir lorsqu’en février la Tanzanie a connu une vague de décès, officiellement attribués à des pneumonies.

« C’est avec grand regret que je vous informe qu’aujourd’hui, le 17 mars 2021, à 18h, nous avons perdu notre courageux leader, le président de la Tanzanie, John Pombe Magufuli », a déclaré Samia Suluhu Hassan.

Depuis quelques semaines, des rumeurs circulaient sur les réseaux sociaux, le disant malade ou atteint du Covid-19. Il y a une semaine en effet, le leader de l’opposition en exil en Belgique, Tindu Lissu, avait commencé comme d’autres à se poser des questions en évoquant une probable forme sévère de Covid-19, aggravée par des problèmes de santé. Mais ces rumeurs avaient été démenties par plusieurs membres du gouvernement. Le ministre des Affaires constitutionnelles avait même menacé de poursuites toute personne qui relaierait les rumeurs sur la santé du chef de l’État et des arrestations avaient même été opérées ces derniers jours.

John Magufuli était le cinquième président de la Tanzanie depuis son indépendance en 1961. Il est élu président pour la première fois en octobre 2015, avec 58% des voix. Il succède alors à Jakaya Kikwete. Son parti, le Chama cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir depuis l’indépendance du pays, l’a choisi pour le représenter parmi plus d’une trentaine de candidats.

Avant d’accéder à la magistrature suprême, John Magufuli, issu d’une famille modeste et diplômé de chimie, est plusieurs fois ministre, à partir du début des années 2000. Il se voit notamment confier les portefeuilles de l’Élevage et de la Pêche, du Logement ou encore des Travaux publics.

Il est surnommé « tinga tinga », « bulldozer » en swahili, en référence aux programmes de construction qu’il met en œuvre. En tant que chef de l’État, il promet de lutter contre la corruption, de développer le pays et son économie et lance de grands travaux. Il se distingue par une action résolue en faveur des plus pauvres. Cette forme d’empathie, il a voulu la démontrer aussitôt investi, prenant toute une série de mesures drastiques et allant même jusqu’à diviser son propre salaire par quatre, devenant l’un des chefs d’État africains les moins bien payés. C’est dans l’éducation et la lutte contre la pauvreté que seront investies les sommes qui, auparavant, s’évaporaient dans la fraude fiscale.

Mais très vite, le personnage révèle une face plus sombre. Celle d’un homme autoritaire qui fait voter une loi réduisant au silence ses opposants sur les réseaux sociaux. Les défenseurs des droits humains dénoncent une dérive autoritaire, soulignent les difficultés rencontrées par les opposants, puis par la presse ainsi que la réduction des libertés individuelles. Il interdit les rassemblements des partis d’opposition pour une durée quatre ans.

John Magufuli est réélu en octobre dernier, lors d’un scrutin contesté, avec plus de 84% des voix.

Avec RFI

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