Assainissement, organisation et lutte contre l’orpaillage clandestin. Interview : Fanny Idrissa, président du syndicat national des agriculteurs-miniers de Côte d’Ivoire

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« Les assises de Yamoussoukro ont commencé à porter des fruits »Selon le président Fanny Idrissa du Syndicat national des agriculteurs–miniers de Côte d’Ivoire, après les assises de Yamoussoukro sur le thème « de la clandestinité à l’égalité » organisées en Février 2022 dernier. Ces assises à l’en croire ont commencé à porter des fruits. Plusieurs agriculteurs-miniers ayant bien compris le défi à relever se sont mis en organisations coopératives dont on dénombre plus d’une centaine à ce jour au plan national. Les opérateurs ivoiriens s’intéressent de plus en plus au secteur et collaborent avec des partenaires internationaux.

Ivoirecho.net : Quel est l’état des lieux, après les assises tenues à Yamoussoukro qui ont porté le syndicat des orpailleurs de Côte d’Ivoire sur les fonts baptismaux ?

Fanny Idrissa : « Merci à vous autres journalistes qui faites le relais des informations. En effet, après la mise en place de notre syndicat, nous avons continué sur notre lancée. Nous appelons tous nos collègues à l’ordre. C’est-à-dire à se conformer aux lois qui nous régissent. Vous avez constaté vous-mêmes que pour une première fois, toutes les autorités de la lutte contre l’orpaillage clandestin étaient présentes et nous ont accordé leur accompagnement. Les Chefs d’entités et les orpailleurs eux-mêmes étaient également là pour s’imprégner de la loi et se conformer à ses prescriptions. Comme la plupart d’entre eux sont  des  non nationaux, nous avons mis en place des structures avec les cellules villageoises. Nous avons sillonné les villages et contrées, aujourd’hui les chefs de villages et canton que nous avons rencontré sont en train de nous aider à enregistrer de nombreuses associations coopératives qui veulent se mettre en règle. Nous avons demandé à l’Etat de leur donner des parcelles de  façon légale. En réalité se sont les chefs de villages et chefs canton qui octroient les terres, Alors si ceux-là sont bien instruits sur la réglementation, je pense que le message du Président de la République passera »

Ivoirecho.net : Avez-vous atteint l’un de vos objectifs qui est celui de faire 100% d’Ivoiriens dans le secteur de l’orpaillage ?

F I : «  Nous sommes en train d’atteindre notre objectif. Mais les mêmes maux sont encore là. Le périmètre territorial national est couvert par les grands permis. Si l’on ne crée pas des couloirs pour aider nos parents à bénéficier de leur sous-sol, se sera peine perdue, car ce sont les groupements clandestins qui vont perdurer. Nous allons d’abord finir la création des sociétés coopératives, ensuite demander au président de la République d’être regardant dans tout ce que nous sommes en train de faire, afin que les propriétaires terriens puissent avoir des autorisations d’exercer maintenant quitte à eux de collaborer avec des opérateurs plus expérimentés. Et déjà nous avons crée une centaine de sociétés coopératives, nous sommes dans le Goh, dans la région de Soubré, dans le Hambol, dans  le  Poro, la Bagoué et nous sommes actuellement dans le Bounkani et dans le Zanzan. Cela pour dire que le message passe. Ils ont fini par comprendre qu’ils doivent eux-mêmes avoir le contrôle de leur sous-sol. Ils peuvent se permettre des collaborations avec des partenaires plus expérimentés qu’eux dans l’extraction d’or. Les ivoiriens commencent à s’intéresser à ce secteur et je peux vous dire que le message est passé. » 

Ivoirecho.net : Qu’en est-il au niveau sécuritaire sur ces sites ?

F I : « Le niveau sécuritaire est bon. Nous sommes en collaboration avec GESOA. Quand il y a des endroits infectés, nous leur envoyons les références et ils interviennent. Tous les endroits où nous avons eu besoin de d’intervention, ils sont intervenus. Et ce, de façon significative. Nous avons souvent eu des difficultés d’approche avec des autorités sécuritaires, mais vu que nous sommes une organisation syndicale qui lutte aussi contre l’orpaillage clandestin, nous finissons par nous entendre. Nous, notre rôle est d’amener nos parents à s’approprier leur sous-sol, D’amener à contrôler les permis qui sont à terme et à mettre fin à l’orpaillage illicite. Le grand problème est qu’il n’y a qu’une minorité qui s’enrichie et la grande majorité de la population demeure dans la pauvreté. C’est ainsi que nous avons mis en place, des dispositions pour que tout le monde y gagne : la population, le propriétaire terrien, la Chefferie et  l’opérateur lui-même. Actuellement, plusieurs réalisations sortent de terre dans les régions. Bientôt nous convierons la presse à venir visiter ces réalisations. 

Ivoirecho.net : Quel message adressez-vous aux populations pendant vos tournées ?

F I : « Nous avons un message à l’endroit des populations : nous leur demandons d’arrêter de donner les terrains à n’importe qui, nous leur demandons de ne pas croire qui y gagnent en donnant aux clandestins bien au contraire, nous leur demandons de se constituer en sociétés coopératives ce qu’ils font maintenant, nous leur faisons venir des géologues qui font des levées quand c’est possible et les aidons enfin à  se mettre à jour vis-à-vis de la réglementation. » 

Interview réalisée par Armand Koffi

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