Daoukro/Sur les traces des marcheurs

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Le lundi 11 août dernier, des individus se réclamant d’une certaine opposition, notamment du PDCI-RDA, ont entrepris de manifester à Daoukro contre la candidature de Ouattara à la présidentielle d’octobre 2020. Cette petite bande d’individus composée surtout de jeunes enfants répondaient à l’appel de certains de leurs leaders parmi lesquels le président du PDCI Henri Konan Bédié lui-même, malgré l’interdiction cette manifestation par le gouvernement. Ils ont érigé des barricades sauvages un peu partout dans la ville, surtout au niveau du 1er feu tricolore à l’entrée de Daoukro fermant ainsi toutes les voies d’entrée et de sortie en direction de OUELLE, de BOUAKE, d’ABIDJAN, de ETTROKRO et de NGATTAKRO. Un barrage sauvage supplémentaire a été placé au niveau de PEPRESSOU. Pourtant selon une source préfectorale, la marche n’était pas autorisée et d’ailleurs n’a pas connu la mobilisation attendue de la part de ses organisateurs. C’est ainsi que pour le mardi 11 août 2020, les organisateurs ont pris l’initiative et ont décidé de manière unilatérale d’informer les commerçants de la fermeture du marché dès ce jour.

Des jeunes convoyés de plusieurs villages pour venir manifester à Daoukro. 

Le jour de la manifestation, plusieurs jeunes de villages environnants sont convoyés à Daoukro. Chacun d’eux reçoit comme prime journalière la modique somme de 1000 F CFA. Cet argent est largement suffisant pour ingurgiter de la boisson frelatée, (le koutoukou) ou un autre stupéfiant pour éloigner de soi, une certaine peur et surtout pour être réceptif des consignes des commanditaires. Les organisateurs, certains élus qui ont organisé ces convois pour transporter des marcheurs des villages environnants vers la ville de Daoukro en vue de
paralyser les activités économiques. Ce qui n’était pas acceptable pour les populations qui ne demandaient qu’à exercer librement leurs activités loin de tous les partis. Avec des renforts, venus de beaucoup de villages, les manifestants ont sillonné la ville proférant des injures à l’endroit du Président de la République et jetant au hasard quand cela leur plaisait, des pierres et autres projectiles sur les badauds qui les contemplaient. Et puis malheureusement, à un moment donné, certains marcheurs armés d’armes blanches, ont commencé à piller des boutiques et à voler des marchandises de quelques commerçants, pour la plupart malinké, qui avaient entrouvert leurs magasins en l’absence de toute annonce officielle. La réaction de ces commerçants peut alors se comprendre aisément. A leur tour, ils ont riposté de la même manière que les marcheurs, c’est à dire avec aussi des jets de pierres pour les tenir loin de leurs commerces. C’est à partir de ce moment précis que les affrontements ont commencé et ont vite pris une tournure communautaire.

 Une haine savamment entretenue par des individus encagoulés depuis longtemps. 

Les Malinkés ont été systématiquement accusés et taxés de s’attaquer aux Baoulés. Et une chasse punitive aux Malinkés a été enclenchée.  Ce que le commun des mortels à Daoukro sait déjà trop, est que chaque fois qu’il y a une manifestation de ce genre, elle fait vite de se transformer en conflit inter communautaire (Baoulé-Malinké). On en veut pour preuve les affrontements de décembre 2019. De notre investigation, il ressort que des messages de haine sont savamment entretenus par des personnes tapies dans l’ombre. La communauté Malinké est continuellement mise au banc des accusés de l’orpaillage clandestin et de la fraude sur la nationalité. Référez-vous à des discours officiels certains leaders politiques de la région de l’Iffou. En pareille circonstance, cette communauté ne peut qu’être indexée chaque fois qu’il y un petit débordement.

Des actions de médiations entreprises 

Face à cette situation, les forces de l’ordre ont été informées du danger qui courait et des risques de dérapages. Ainsi, vers 15 h, ce 11 Août, le président du Conseil régional a suscité une réunion chez le Chef du village Nanan KOFFI Eugène qui s’est tenue de 17 h à 19 h. Au cours de cette rencontre et prenant la parole en 1er, le président du Conseil régional, a prôné l’apaisement et a soutenu que personne n’avait intérêt à envenimer les choses. Quant au Député, Olivier Akoto, il a dit s’expliquer mal que la Côte d’Ivoire soit un pays démocratique, et que certains partis politiques puissent les empêcher de marcher. Se sentant indexé, Monsieur BERTE Vatogoma, président CEGEL régional du RHDP, a rejeté cette accusation à peine voilée. « Effectivement nous avions signifié à nos militants de se tenir éloignés de cette manifestation et de laisser ce dossier à l’administration d’autant que, je le répète, ce n’était pas une manifestation autorisée ». Puis il a demandé aux uns et aux autres de cesser de tirer sur la fibre ethnique. Au terme de cette rencontre, l’assemblée a décidé de constituer 2 équipes pour apaiser les 2 groupes de jeunes qui se font face. Une équipe était dirigée par Le Président du Conseil Régional, Monsieur Adam KOLIA pour rencontrer les jeunes malinké, leur demander de rentrer et de laisser la place aux forces de l’ordre qui sont chargées de sécuriser la population et les biens. L’autre équipe conduite par le député AKOTO OLIVIER, devait faire de même à avec les jeunes baoulés. Juste après ces actions, des groupes de jeunes baoulé vont s’acharner sur le siège du RHDP pour le piller et le saccager. Tous les ordinateurs ont été emportés, de même que, le Wifi box et les fiches de parrainage ont été détruites.

Un lourd bilan 

De nombreux magasins appartenant aux Malinkés ont été saccagés et des véhicules de particuliers ont été incendiés. En représailles, les jeunes Malinké furieux ont fait une descente sur Baoulékro non sans passer aussi par le siège du PDCI-RDA. Les deux camps vont s’affronter devant une population impuissante et sans voix. à Daoukro, chef-lieu de la région de l’Iffou, et ville natale du Président Henri Konan Bédié faisant selon une source préfectorale 03 morts, plus d’une soixantaine de blessés, 15 maisons incendiées, une dizaine de magasins pillés et incendiés, des vehicules de particuliers brulés, des populations traumatisées qui ont déserté la ville..

La réaction du RHDP 

El Hadj Lamine Konaté, sénateur et coordonateur régional RHDP associé l’Iffou, traitera tous ces événements de tristes.

« C’est triste. Je voudrais demander à chacun ici de se lever et d’observer une minute en la
mémoire de ces personnes qui ont été machettées à mort. Nos sincères condoléances aux familles endeuillées et un prompt rétablissement aux blessés. Les forces de l’ordre ont interpellé des personnes munies d’armes blanches machettes, barres de fer, couteaux empoisonnés, bois etc. et d’armes à feu.
Ce sont des évènements malheureux et nous demandons que la justice fasse son travail et que les coupables soient poursuivis et sanctionnés. Nous lançons un appel au calme, au vivre ensemble et à la Paix. Nous devons éviter d’utiliser ou de tirer sur la fibre ethnique dans toute activité
politique. C’est nauséabond. Je voudrais remercier toutes les personnes qui n’ont cessé de nous assister tout le long de cette crise. Je souhaite vivement que l’entente, le dialogue, la Paix et le vivre ensemble soient notre crédo désormais. Même si la politique a ses raisons que la réalité ignore, ce qui est vrai c’est que nous avons besoin de développements et non de conflits qui destructeurs ». Notons que le samedi 16 août le commandant supérieur de la gendarmerie, le Général Alexandre Apalo Touré a rallié la ville de Daoukro. Il a eu des rencontres avec les principales couches socioéconomiques. A chaque fois, après avoir écouté les différentes composantes, il a lancé un appel à l’apaisement aux deux camps. Il n’a pas manqué de signifier à tous que la justice fera son travail et toutes les personnes reconnues coupables seront sanctionnées conformément aux lois en vigueur.

JPH

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